Après le passage de la bourrasque qui a suivi la sortie prématurée des Lions
en quart de finale devant les Éléphants ivoiriens, il convient
d’avoir une autre grille de lisibilité de ce match loin de l’esprit de
critique et du fanatisme maladif. Braquer les projecteurs uniquement sur les
erreurs du coaching et la prestation des joueurs en faisant fi d’un système
étudié et mis sur pied par les ivoiriens pour contrecarrer la fougue des Lions est d’une paralysie de pensée.
Disons-le d’entrée sans risque de se voir hué et conspué.. Le Cameroun a
présenté lors de cette CAN un football beaucoup plus attrayant et plaisant.
N’en déplaise! Ils sont nombreux à se mordre les doigts de dépit au moment
où cette équipe, les armes entre les mains tombait devant une côte d’ivoire
qui jouait très regroupée en arrière. La finalité c’est le résultat me
dira-t-on! Il est là. Incontestable. Mais à quel prix?
À l’entame du match, côté ivoirien, les consignes prennent forme dans les
faits par la multiplication des gestes d’anti-jeu. Eto’o, à plusieurs
reprises essuie les foudres des « pattes d’éléphants », Wébo, « l’homme
d’Abidjan » est mis hors d’état de nuire. On comprend! « Le système anti
Cameroun » fruit de l’effort tenace de Henri Michel et compagnie pour enfin
venir à bout de ce Cameroun est en branle. Annihiler tous les assauts
camerounais en corsant le milieu du terrain, fermer les ailes, créer le
surnombre en défense, laisser un seul attaquant de pointe, procéder par
contre, commettre des fautes sur le porteur de la balle, simuler des fautes
au moindre contact avec l’adversaire, perdre le temps dans le but d’aboutir
aux tirs aux buts, telles sont quelques composantes d’un « remède » qui,
malgré son « efficacité » a failli coûter à son fabricant son brevet de
fabrication. Et les nôtres alors?
On regrettera certes le fait que nos lions n’aient pas vite compris que les
éléphants n’étaient pas là pour développer un jeu digne de la « meilleure
équipe africaine du moment » – pour paraphraser des collègues français camerounophobes -. Ils se sont laissés embourber dans ce jeu haché
et lent qui ne profitait qu’aux ivoiriens confinés dans les rôles de
sauveurs de meubles en espérant les tirs aux buts. Notons aussi pour
regretter le manque de percussion de notre attaque suite à la non-titularisation de « Douala » dont la seule évocation du nom donne des sueurs
froides à Arthur Boka qui a tout de même passé des moments difficiles avec
l’intenable Ngom Komé. Mais.. Il n’y a pas eu que ça!
Depuis les matchs du premier tour, le Cameroun a marqué des buts, chose qui
était devenue rarissime. On aura beau dire que c’était contre des équipes de
« seconde zone » tout de même qualifiées pour le mondial, il reste qu’un
Cameroun peinant devant la Lybie, le Soudan lors des éliminatoires n’avait
plus rien à voir avec le Cameroun de la CAN. C’est du positif à ajouter au
crédit de Artur Jorge et non à interpréter par une Etodépendance
critiquable. Lorsque le Cameroun encaisse un but à l’entame de la seconde
manche des prolongations contre la Côte d’ivoire, la réaction se fait de la
plus belle. Une frappe de Njitap Geremi sur la traverse, puis une minute
après égalisation de Meyong Zé. C’est aussi cela la marque d’une grande
équipe.
Cette autre sortie des quarts de finale de la CAN est une pilule amère. La
seule chose pouvant l’édulcorer est la bonne impression laissée par certains
joueurs qui, longtemps confinés dans les rôles de remplaçants de luxe, ont
prouvé qu’on pouvait compter sur eux. Aussi, faut-il noter la naissance d’un
nouveau groupe qui nous permet de scruter les échéances futures avec espoir.
En Tunisie, les Lions sont tombés en quart de finale, on s’est dit que le
réveil était pour bientôt. Deux ans après, au même niveau de la compétition,
les lions tombent à nouveau. Le réveil n’est possible que si le chienlit qui
semble régner en maître absolu dans la maison des lions indomptables,
ouvrant le boulevard aux pratiques les plus mafieuses et aux frasques de
tout acabit cède enfin la place à une gestion saine et transparente. Si les
lions -comme nous aimons à rabâcher- « gagnent avec le désordre » force est
donc de constater que cela dure quelques années qu’ils n’ont plus rien
gagné, pourtant, leur force « le désordre » est toujours de mise. Que faire
donc!!
Moustapha NSANGOU, Le Caire