Comme dit l’adage, la raison du plus offrant est toujours la meilleure. C’est ce qui semble ressortir de la plus controversée des décisions de nomination d’un sélectionneur national des lions indomptables. Une décision prise après neuf mois de vacances du poste, trois appels d’offre internationaux, des commissions multipartites, des lignes directrices qui devaient être respectées et qui au final décide de la nomination d’un coach dont personne en Afrique n’en veut.
La population Camerounaise est-elle inéluctablement soumise à une fatalité qui interdit toute espérance et rend vain ses efforts dans le sens du mérite et de la transparence ? Sommes-nous un peuple maudit ? Les multiples péripéties ayant précédé la nomination d’Otto Pfister à la tête des lions indomptables du Cameroun traduisent le jeu complexe et sombre du ministère de tutelle. Une mise en scène qui pourtant a duré neuf mois. Neuf mois pour choisir un sélectionneur, cela ne s’est jamais vu dans les annales du sport. Ceci nous vaudra à coup sûr une place de choix dans le livre du record Guinness 2008.
L’oiseau rare se trouve être un oiseau qui survole l’Afrique depuis bien plus de quarante ans. Du haut de ses 70 ans, il a pour tâche d’apporter du sang neuf dans une équipe qu’on dit vieillissante. Pour montrer son tout sérieux et la confiance qu’il vout à son choix, le MINSEP a confié au technicien Allemand en plus de la responsabilité de sélection, la direction technique nationale et la sélection A’. Des responsabilités énormes qui jadis furent dévolu à trois responsables, et qui demandent chacune une disponibilité de tous les instants. Retour sur les dernières heures ayant précédées cette nomination.
Que s’est il passé à Lyon ?
La décision d’Augustin Edjoa nommant Otto Pfister en remplacement d’Arie Haan risque de cristalliser encore plus les relations peu harmonieuses du Ministère et de la Fécafoot. En se couvrant derrière l’article 26 du décret N°072/600 du 22 octobre 1972 (stipule que les directeurs administratifs et techniques sont nommés par arrêté présidentiel ndlr) le patron des sports pourra t-il convaincre les responsables de la Fecafoot dont la signature sous le contrat est une nécessité pour sa validation par les autorités internationales du football, du bien-fondé de sa décision ?
En prenant le risque de nommer un candidat qui ne figurait pas dans la short-list établie par une commission mixte MINSEP-FECAFOOT, Augustin Edjoa se place non seulement dans un statut de hors la loi mais oblige à un certain nombre d’interrogations
Comme nous l’annoncions dans un précédent article, le MINSEP, bien qu’instruit par le Premier Ministère d’être en accord avec la Fecafoot, a rencontré seul et à deux reprises Otto Pfister pour en conclure avec lui.
Notre source est formelle. Une importante somme d’argent est en jeu. Et cette somme serait la prime de signature qui est généralement offert en pareilles circonstances.
On parle ici d’une centaine de millions de FCFA. La même entente aurait été proposée à certains autres candidats de la short-liste qui ont refusé de ternir pour ainsi dire leur réputation. C’est en accord avec ce principe que le cabinet ayant présenté la candidature de l’Allemand aurait permis au Minsep de se passer du principe de la short-list initiée de commun accord avec la Fecafoot.
En marge du bureau exécutif de la fédération qui s’est tenu vendredi dernier à Limbé, le président de la Fédération Camerounaise de Football a appelé Horst Köppel pour lui demander de se tenir prêt ; et en a informé le ministre.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya répétait cette semaine consacrer ses énergies à la modernisation du Cameroun devant un parterre de journalistes européens. Il citait avec forte conviction le travail important abattu par la CONAC. Crée par décret présidentiel N° 2006/088 du 11 Mars 2006 portant création et organisation de la commission nationale anticorruption la CONAC devrait investiguer le milieu du football et les contrats parallèles qui s’octroient de gré à gré, notamment cette présente nomination dont les seules motivations pourraient avoir été de simples intérêts financiers personnels d’un réseau proche du Minsep.
La contre attaque de la Fecafoot
À Tsinga, siège de la fédération Camerounaise de football, le doute sur le supposé arrêté présidentiel nommant Otto Pfister reste entier. L’on se rappelle « des tentatives de déstabilisation de Philippe Mbarga Mboa » qui, au nom du chef de l’Etat voulait déposer le bureau de la Fecafoot. Une action solitaire qui s’était retournée contre l’ancien patron de sport. Forte de cette expérience, Iya Mohammed ne veut pas endosser cette décision unilatérale de la part de son ministre de tutelle.
Selon des informations puisées à bonne source, la Primature ne reconnaitrait pas un acte du Chef de l’État en cette décision, d’autant plus que la Fédération aurait proposée au ministre de choisir son entraîneur et de le rémunérer par sa propre trésorerie. Une proposition rejetée du revers de la main par la tutelle qui visiblement éprouve du plaisir à dépenser l’argent du contribuable.
Joint au téléphone par la rédaction de Camfoot.com, le nouvel entraîneur des lions indomptables n’a pas souhaité faire des déclarations avant la signature du contrat. Une question reste ouverte : pourquoi avoir choisi un entraîneur de 30 millions par mois ayant pour la plupart du temps officié en Afrique alors que plusieurs coach locaux disposent du même profil ?
En quarante ans de metier, Otto Pfister n’a jamais entraîner un club de la dimension du Cameroun, et a un palmarès bien maigre en trophée, une maigreur bien en dessous de celle de plusieurs nationaux.
André Moussima à Lyon (correspondance spéciale)
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