Le Cameroun ne sera pas au JO d’Athènes en août prochain. Un deuxième revers après celui de la prestation terne des Lions à la dernière Can Tunisie 2004. Qui doit payer ?
C’est tout le football camerounais qu’il est urgent de remettre en cause.
Deux prestations catastrophiques en l’espace de deux mois et le Cameroun redescend de son majestueux piédestal. Une sortie par la petite porte à la Can 2004, battu aux quarts de finale. Un mois plus tard, c’est l’équipe nationale Espoirs jusque-là menant les débats dans le groupe B qui se fait coiffer au poteau par le Mali. Comme chez les seniors, où le Cameroun était donné favori pour un troisième sacre consécutif qu’il n’est pas parvenu à conserver, les Espoirs ne défendront pas leur médaille d’or aux JO.
Nous n’étions certainement pas nombreux à voir le coup arriver, pourtant déjà se dessinaient des signes avant-coureurs d’un malaise profond qui gangrène le football camerounais depuis que le football est devenu autant une arme politique qu’une source d’enrichissement. Pourtant les porteurs de ce délicat engin n’y prennent toujours pas garde. Il peut imploser la société où on recrute la totalité de ses pratiquants mais surtout de ses admirateurs. Autant il peut exploser dans la main de ceux qui ont la charge de la conduire. C’est le plus grand parti unique. Le seul unificateur et fédérateur de tous les courants. Mais il n’en demeure pas moins vrai qu’il exige des résultats. Et contrairement à ce qu’on observe dans la politique politicienne chez nous, les résultats sont les seules unités de mesure de ce baromètre.
Depuis 1999, les résultats ont été très favorables sans qu’un quelconque effort ait été fait pour matérialiser toutes ces retombées. Et pis encore sans que, les jalons d’une pérennisation de ces acquis aient été posés. Quatre années plus tard, le temps d’une rose et patatra ! Voilà que s’estompe tout net, la chevauchée d’un football qui croyait s’être remis d’une gangrène dont elle en a souffert entre 92 et 98. Comme pour tout ce qui n’a pas été bien pensé et dont les fondations ne sont pas solides, il ne faut pas y miser sur la durée. C’est le cas du football camerounais dont les dirigeants n’ont pas investi sur l’avenir. Ils se sont contentés de l’immédiat. Conséquence, le football camerounais est aujourd’hui à la croisé des chemins. Qui l’eut cru ? Son réservoir de talents est si immense que cette situation n’est qu’une insulte à toutes ces substances grises capables de diriger ce sport.
Et pour cause, aucune politique sportive n’est établie pour dynamiser et développer le mouvement sportif camerounais. A telle enseigne que s’il n’y avait pas des victoires des Lions en football de ces dernière années, on se serait rendu compte que les disciplines sportives et par ricochet toutes les fédérations sportives sont agonisantes. Avec ces déroutes du football, coïncide l’heure des comptes. L’année 2004 étant l’année des renouvellements des mandats. Au-delà des achats des voix, et des forcings pour se maintenir çà et là, il est temps que tous ceux qui voudront bien conduire les destinées d’une quelconque fédération et le football en particulier vitrine du Cameroun gagnerait à présenter un programme ambitieux et concret qui permettrait de sortir le football camerounais de cette impasse que nous souhaitons tous voir devenir passagère. Car une autre échéance et celle-là est très importante attend le Cameroun dès juin. Les éliminatoires de la Coupe du monde 2006. Et le tirage n’a pas du tout gâté, les Lions qui devront batailler dur pour une place qualificative dans le groupe C où ils devront rivaliser d’adresse avec la Cote d’Ivoire, revancharde et L’Egypte, déterminée. Les deux principaux challengers.
Avant de s’engager pour cette échéance qui tient tant, aux dizaines de millions de supporters, il importe que le football camerounais et par ricochet le mouvement sportif camerounais ait défini durablement une politique de développement du mouvement sportif national. On s’appesantira sur la relance, la relève, la rentabilisation et surtout la gestion. Véritable tendon d’Achille. Ce qui permettrait d’avoir aussi bien sur le plan comptable qu’administratif, la transparence. Notamment, un fichier de suivi de talents depuis leur jeune age, jusqu’à leur sélection, aussi bien au niveau national qu’à l’étranger. Ce qui éviterait les immixtions et les sélections fantaisistes dont souffrent nos sélections. Et l’une des causes principales de la situation chaotique vers laquelle s’achemine lamentablement le football camerounais.
Cela s’appelle faire l’état des lieux. Ceci conduirait à redéfinir la Dtn, et y mettre éventuellement un technicien de poigne et d’expérience qui devrait cumuler avec le poste de sélectionneur national. Mais aussi, il y a les prérogatives de la Cellule administrative provisoire (Cap) à recentrer, elle, qui joue à l’heure actuelle le rôle de véritable sélectionneur. Ce qui évitera les conflits qui ont eu courent ces derniers temps entre les responsables de la Cap et l’entraîneur principal des Espoirs, Jean-Paul Akono. Ce dernier, s’il a voulu se soustraire de ce joug, il reste constant qu’il a créé au sein de cette sélection Espoirs, une perméabilité de cathédrale, contraire au cadre restreint des équipes nationales. Tout joueur évoluant ou résident en Europe, professionnel ou non pouvant prendre part au regroupement, même sans faire partie de la liste des présélectionnés. Ce qui fait peser sur lui les soupçons d’une manœuvre mercantile mal voilée.
Cette situation a rendu à en croire les tenants de ces soupçons un travail peu sérieux qui coûte au Cameroun sa qualification pour les J.O d’Athènes 2004. Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets, la sélection première a fait une prestation lamentable à la dernière Can de Tunisie 2004. C’est ainsi qu’on a vu que le Cameroun ne soit pas parvenu à libérer les professionnels pour le match capital de dimanche dernier à Bamako face au Mali. A contrario, le Mali y est parvenu. C’est dire que cet échec des Lions Espoirs dans ces éliminatoires des J.O comme celui des Lions à cette Can 2004 devra être collectif.
Mathieu N. Njog, Globalfootball