L’essentiel de la saison européenne s’est achevée ce week-end et avec elle le lot des sacres et accessits. La principale surprise est venue de la Ligue 1 française avec la qualification du Toulouse de Achille Emana – que notre sélection considère toujours comme un joueur de second choix – pour le tour préliminaire de la Champions League. Une surprise autant sur le fond que la forme, le club de la ville rose ayant été relancé à la suite d’une victoire sur tapis vert.
Rappel des faits : 37ème journée, le Téfécé est opposé à un FC Nantes déjà condamné à la Ligue2. Des supporters excédés envahissent la pelouse, interrompant ainsi la rencontre alors que le score est vierge et que Toulouse joue en infériorité numérique. Quatre jours plus tard, la commission de discipline de la Ligue donne match gagné au désarroi de clubs tels Rennes, Bordeaux ou Lens qui voient revenir un adversaire direct à la course en Champions League. Et ce, bien que le président de ladite ligue soit convaincu ainsi qu’il l’annonçait ce dimanche sur une chaîne de télé française que le foot français a besoin que les plus gros retrouvent la Coupe d’Europe, citant notamment… Lens et Bordeaux. Une décision juste, qui n’a rien à voir avec sa position personnelle.
On est loin des arrangements entre amis qui ont eu lieu lors du dernier tournoi Interpoules et qui donne aujourd’hui un championnat de 1ère Division à 18 équipes. Cette affaire avait fait au moment des faits tellement de bruits qu’elle a emmené avec elle une partie de l’exécutif de la fédération Camerounaise avec prise de position du MINSEP et même du Premier Ministre pour un rapprochement des deux entités qui gèrent notre sport roi. Six mois plus tard, où en est-on ? Dire au même point ne serait pas tout à fait vrai, puisque l’honnêteté intellectuelle nous pousserait plutôt à reconnaître que la situation est pire aujourd’hui. On a fait dans le sensationnel, comme nous savons si bien le faire depuis des années. On a jeté aux chiens quelques victimes et le système a repris sa marche en avant. On a créé le démissionnaire en place. L’opinion publique sait que Jean-Lambert Nang a été démis de ses fonctions depuis trois mois et pourtant c’est toujours lui qui est annoncé sur le site de la FIFA au titre de Secrétaire Général. Arie Haan a fait part par médias interposés qu’il ne reviendrait plus au Cameroun, n’a pas préparé l’équipe lors des deux dernières rencontres, ce qui au mieux serait une démission de fait. Et pourtant, la tutelle n’a pas l’air de le savoir au point de se refuser l’examen des candidatures pour le poste de sélectionneur national, poursuivant « l’intérim » de Jules Nyongha. Une définition tout à fait camerounaise du terme d’ailleurs, puisqu’un intérim est par essence censé être provisoire.
Cet attelage, déjà critique, aurait pu être sauvé par la faiblesse de nos adversaires en vue de la CAN 2008, mais la semaine dernière a encore montré aux yeux du Monde l’incompétence de tout ce monde. Si l’on s’en tient à la structure de publication des listes, telle qu’elle nous est présentée, il y a trois niveaux de décision : le sélectionneur, la fédération et le Ministère. Et malgré cette lourde structure, personne n’a pu relever avant publication que Marvin Matip ne pouvait pas encore jouer pour la sélection nationale. Le ridicule ne tue vraiment plus. Un tel dossier aurait dû être géré de façon plus professionnelle, d’autant que rien ne justifiait la précipitation dont a fait preuve le ministère sélectionneur. Sans remettre en question la valeur du joueur, qui a été un bon international chez les jeunes dans les sélections de jeunes allemands, la question peut vraiment être posée de la connaissance du joueur par le sélectionneur. Comment lui, qui avoue ne pas disposer de moyens de détection, a pu voir évoluer Matip en Bundesliga 2, un championnat qui n’est pas diffusé au Cameroun ?
Ainsi va notre sélection dont les critères de choix ne sont jamais expliqués, où l’entregent est plus important que les performances sportives, où il est plus important de faire des effets d’annonce que travailler. Aujourd’hui, il est important de dire au « bon peuple » que nous avons récupéré un de nos fils, qui demain pourra subir le même sort que Achille Emana, cité parmi les meilleurs joueurs de Ligue 1 et pourtant ignoré en sélection.