Tout en revenant sur le déroulement des compétitions nationales, le premier vice-président de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) s’explique sur le fonctionnement de l’Association et il lève un pan de voile sur les relations » tendues » avec la tutelle.
Camfoot.com: Monsieur le président quelle lecture faites-vous sur les dix journées du 47ème championnat de première division ?
Jean René Atangana Mballa: Aujourd’hui de l’avis de tous les acteurs, le championnat se déroule sans incident, toutefois en ce qui me concerne, je ne suis entièrement pas satisfait, car toutes les conditions ne sont pas remplies pour organiser un championnat de bonne qualité au Cameroun.
Camfoot.com: Concrètement qu’est-ce qui manque ?
Jean René Atangana Mballa: Quand je parle de conditions, il y a d’abord les problèmes d’infrastructures ensuite les difficultés liées au fonctionnement des équipes et on n’oublie pas la situation des joueurs. Jusqu’ici tout se fait de façon vraiment hasardeuse alors qu’en principe notre championnat aujourd’hui ne devrait plus avoir à rencontrer tous ces problèmes.
Camfoot.com: Est-ce que la fédération n’a pas sa part de responsabilité dans tout cela, parce que vous ne respectez pas vos propres textes vis-à-vis des clubs ?
Jean René Atangana Mballa: Certes c’est la fédération qui gère le football, c’est elle qui gère les compétitions, c’est normal quelle soit indexée, mais il faut comprendre que c’est aussi une affaire collective. Les clubs sont d’abord des associations qui doivent prendre toutes les dispositions pour leur fonctionnement. A une certaine époque très récente, on avait beaucoup de supporters qui participaient financièrement à la vie de des équipes, maintenant lorsque vous approchez ces clubs, on a l’impression que ceux-ci sont parfois abandonnés à leur seul dirigeant parce que le caractère associatif n’y est plus.
Camfoot.com: Quelle est votre réaction suite à l’élimination des clubs Camerounais en coupes africaines ?
Jean René Atangana Mballa: Je ne suis pas surpris que nos clubs soient éliminés. Vous savez quant même comment ça se passe, une équipe de football, c’est un groupe des gens qui jouent ensemble pendant plusieurs saisons. Malheureusement ici chez nous, à cause à cause de l’exode des joueurs, les équipes manquent de stabilité. Vous allez au stade, les joueurs que vous voyez ce dimanche sont partis deux ou trois dimanches après. Il est donc pratiquement difficile quelque soit l’entraîneur de mettre une équipe en place avec des joueurs qui ont besoin de moyens pour nourrir leur famille. Ce qui n’était pas le cas quand nous jouions au football, on était tous élèves ou étudiants, on n’avait pas de responsabilité familiale et à la limite, on jouait au football simplement pour le plaisir. Or maintenant ce n’est plus la même chose. Quand des parents ont un enfant qui joue un peu au football, surtout qu’il ne peut plus aller à l’école, ils l’encouragent à jouer au football et quand il a la possibilité d’aller en Europe, ce sont eux même qui achètent les billets d’avion. Voilà l’environnement du football au Cameroun contrairement en Afrique du Nord où les équipes disposent de structures professionnelles, si bien que pour qu’un joueur de la Tunisie ou de l’Égypte parte en Europe, il faut qu’il soit un joueur vraiment confirmé et la négociation se fait de façon officielle.
Camfoot.com: Pourtant, on accuse la Fecafoot d’être complice des départs à la pelle de nos jeunes joueurs, on pense à l’ACPD qui se plaint tout le temps ?
Jean René Atangana Mballa: Il y a un peu de mauvaise foi dans cette histoire. J’ai été secrétaire général, j’ai réuni les membres de l’ACPD je leur ai demandé de me montrer un seul dossier d’un joueur qui est parti avec la complicité de la Fecafoot, aucun ne l’a fait. Il faut le dire ici, je crois qu’on accuse très facilement la fédération. Selon les textes qui régissent les transferts des joueurs, lorsqu’un joueur sort du Cameroun et qu’il trouve une équipe, dès qu’il envoie sa demande de certificat de transfert au Cameroun, la fédération a un délai de sept jours sans conditions et la Fifa a déjà fixé des barèmes d’indemnisations à son ancien club ; c’est-à-dire que dès qu’un joueur s’en va et qu’il signe sa licence professionnelle dans son pays d’accueil, l’équipe à trente jours pour payer trente (30) mille dollars comme indemnité de formation. Je tiens également à rappeler que notre championnat est amateur et un amateur, c’est quelqu’un qui ne touche aucune rémunération de son équipe, ce qui signifie donc qu’il est libre de tout engagement. Par contre, si on était dans un championnat professionnel, on tiendrait compte du contrat, or les contrats que nous faisons au Cameroun c’est beaucoup plus valable sur le plan national qu’international. En définitive, ceux qui accusent la fédération n’ont pas raison.
Camfoot.com: Il y a le club Bamboutos de Mbouda qui a adressé une lettre de protestation à la Fecafoot, et jusque-là aucune réponse, n’est-ce pas le mépris ?
Jean René Atangana Mballa: Je n’ai pas lu cette lettre parce que j’ai un peu pris du recul par rapport à l’organisation des compétitions et l’administration courante en général afin de me consacrer à d’autres problèmes qui pour moi sont fondamentaux pour la bonne mise en place d’une bonne fédération. Je parlerai des infrastructures, de la vie des clubs et il faut également voir la situation des joueurs, je crois que c’est toutes ces choses qu’il faut voir plus sérieusement.
Camfoot.com: En attendant, comme l’année dernière, les voix s’élèvent pour remettre en cause le comportement des hommes en noir. Est-ce que c’est finalement une malédiction avec ces arbitres ?
Jean René Atangana Mballa: Après dix journées, certes on relevé certains cas de dénonciation du comportement des arbitres, mais pour moi, il faut surtout voir aussi les conditions dans lesquelles travaillent nos arbitres. On demande beaucoup à l’arbitre, mais en contrepartie quelles sont les assurances pour qu’il fasse son travail en toute objectivité et en toute sérénité ? Je pense qu’on devrait faire de l’arbitrage un métier qui rapporte en terme de revenu légal et si telle n’est pas le cas, vous comprenez qu’ils sont à la merci de certains présidents de clubs cupides. La fédération tient à mettre les arbitres dans des conditions telles qu’un arbitre sache que s’il commet des fautes, il peut perdre sa place et avec tout ce que cela comportera comme avantage…
Camfoot.com: Justement, il y’a ce cumul injustifié des arriérés qui fait en sorte que l’arbitre ne soit pas toujours à l’aise d’être en première division ?
Jean René Atangana Mballa: C’est vrai, il y a un cumul d’arriérés dû au fait qu’il n’y a plus de recette dans les stades et maintenant c’est à la fédération de payer les arbitres. Je dis encore que c’est tout un ensemble qu’il faut revoir. On parle du football qui marche mal aujourd’hui, personne ne propose rien, on n’essaye pas de voir les causes et de trouver les solutions. Je dis encore le football n’est pas seulement l’affaire de la fédération tout le monde doit se sentir concerné….
Camfoot.com: A quand donc les premiers fruits de votre plan d’action mis en place voici plus d’un mandat quadriennal?
Jean René Atangana Mballa: Comme chacun avait pu le constater, avant la gestion de la fédération était ambulante, parfois dans la voiture, parfois dans des domiciles, et ça se passait ainsi un peu partout du bureau national jusqu’à dans les provinces et les départements. Dans son programme, pour le président de la fédération, il a été question dans un premier temps de doter la fédération des structures administratives pour une gestion plutôt rigoureuse et moderne du grand nombre de personnes concernées par les activités de la fédération et je peux vous donner les chiffres, aujourd’hui il y a au moins quatre-vingt mille personnes qui sont intéressées directement ou indirectement par les activités de la fédération. Après avoir réglé tous les problèmes que nous avons trouvés tels la situation qui partait des salaires, l’affiliation la caisse nationale de prévoyance sociale, les Impôts jusqu’au plan de carrière du personnel, la situation des dettes de Makombé contractées par les anciens responsables de cette fédération qui était de surcroît des cadres du ministère des Sports…. C’est vrai que nous n’avons pas médiatisé nos multiples actions, nous ne demandons pas qu’on nous dresse des statuts encore moins qu’on nous jette des fleurs, mais qu’au minimum que les gens reconnaissent le travail qui a été fait. Aujourd’hui, vous pouvez venir à la fédération sans rencontrer un huissier et en dehors du siège national que nous avons acheté, sur dix ligues provinciales, il y a sept qui on déjà des sièges. Le Centre a commencé son chantier, le délégué du gouvernement du Littoral a donné du terrain à la ligue du Littoral, l’affaire de l’ouest va être également réglée. Donc de ce côté-là, ne peut pas dire que c’est une entreprise qui n’a pas tenu la route, au contraire la fédération est quand même propriétaire de tout ça aujourd’hui. Nous avons aussi entrepris la construction de notre Centre Technique National, les travaux sont pratiquement à la fin et les équipements sont prêts. Ce Centre Technique nous sera d’une grande utilité pour les regroupements de nos équipes nationales qui retrouveront un cadre d’entraînement sans gêne. On pourra également organiser des stages, importants pour la formation des formateurs, des arbitres, des entraîneurs sans que cela ne coûte cher à la fédération. Enfin dans les prochains mois, avec notre partenaire, nous allons maintenant attaquer le chantier des infrastructures sportives. Il y a des réfections à effectuer dans certains stades où se joue le championnat de première division qui est quand même le miroir de notre football.
Camfoot.com: Pensez-vous que la seule subvention de MTN soit suffisante pour la réalisation desdits travaux ?
Jean René Atangana Mballa: Cette subvention n’est pas suffisante, mais au moins elle nous permet déjà de faire quelque chose. Techniquement les études de ce projet sont faites, maintenant nous verrons avec les collectivités parce que le problème des infrastructures c’est non seulement leur affaire, mais aussi celle des élites. La fédération n’est pas en reste, car elle assurera également l’essentiel qui est pour nous un terrain gazonné avec une main courante, des vestiaires… et là je vous annonce que nous avons un partenaire pour la fourniture des gazons synthétiques. Déjà cette année si nous arrivons à réhabiliter deux ou trois stades ça sera déjà bien, l’année prochaine l’on poursuivra, mais nous attendons la contribution de tout le monde. On attend la participation de tous ceux qui crient partout que nous n’avons pas de stades.
Camfoot.com: Avec le démarrage de la saison sportive en deuxième division, La Ligue du Littoral fait face à un blocage et au niveau du bureau fédéral, on semble dépassée par les évènements…
Jean René Atangana Mballa: J’espère que les responsables du sport dans le Littoral vont prendre conscience de la situation de leur province.
Camfoot.com: Parlant du football jeunes, malgré la dotation de 69 millions de MTN, qu’est-ce qui explique l’inorganisation observée sur le terrain ?
Jean René Atangana Mballa: Il faut tout de suite rappeler que la subvention de notre sponsor MTN était pour lancer uniquement le football junior, car au niveau du Bureau Exécutif, nous avons décidé d’aller étape par étape en commençant ainsi par le football junior lié plus directement à la dernière catégorie senior. Nous avons décidé avec notre sponsor que cette subvention serve pour l’organisation du championnat junior qui se dispute en deux temps ; d’abord au niveau provincial et ensuite il y a le dernier tournoi national. Mais je dis, quand on sait ce que coûte le football aujourd’hui avec ces jeunes et leurs clubs, cette somme n’est certes pas suffisante, mais notre sponsor nous a permis de démarrer cette compétition.
Camfoot.com: Il y a le football féminin qui reste encore le parent pauvre, Monsieur le Président ?
Jean René Atangana Mballa: Comme vous savez, le football féminin est encore en promotion en Afrique. C’est un football qui demande autant d’argent que les autres et vous savez malheureusement ce sont des compétitions qui ne rapportent en contrepartie rien. Ça se joue d’abord dans des stades vides, donc il faut que les fédérations financent….
Mais il y a tout de même cette dotation allouée par la Fifa pour son développement…
Jean René Atangana Mballa: La Fifa donne à chaque fédération nationale 250 mille dollars par an, et dans cette somme il est demandé de reverser 4% (soit plus de 8 millions F Cfa) au football féminin. Pourtant chaque année la fédération met pour le football féminin trois fois plus. Je pense que nous devons essayer de regarder froidement les solutions qui s’imposent à notre football. Alors que certains responsables ne jettent pas l’anathème sur les autres dans ce football. Lorsqu’on prend le cas des infrastructures, c’est malsain qu’un haut responsable indexe la fédération pour dire que c’est elle qui doit construire les stades alors qu’il sait très bien que la fédération ne construit pas les stades… dans aucun pays. Montrez-moi un pays au monde où la fédération a construit des stades et même dans la charte des sports les fédérations organisent chacune dans son domaine leurs activités spécifiques. Et ici le cobaye est vite trouvé c’est la fédération.
Camfoot.com: Avec la démission du Dg Prêcheur, peut-on parler d’échec au niveau de la Fecafoot ?
Jean René Atangana Mballa: Écoutez, il ne faut pas voir le côté sombre, il y a eu un faux pas et tout reviendra à la normale bientôt. Je tiens à vous rappeler ici que le recrutement d’un directeur général est une recommandation de la commission de relecture des textes soutenue par la Fifa qui souhaite que la personne qui est en charge des finances dans les fédérations soit recrutée sous la base d’un contrat, qui peut sans problème rendre des comptes. Ces dispositions ont été adoptées dans nos textes et ce n’est pas le fait qu’on est introduit cette disposition qui pose problème, je crois que si nous avons recruté un directeur général qui malheureusement est parti on ne revient pas dessus, cela ne remet pas en cause l’organisation de la fédération. Nous espérons bien recruter un nouveau directeur général qui assumera bien cette fonction.
Camfoot.com: À cinq mois du prochain match officiel des Lions, où en est-on avec la question du choix du prochain entraîneur ?
Jean René Atangana Mballa: Vous savez en ce qui concerne l’entraîneur national, la fédération a été perturbée par le départ de Artur Jorge parce que pour nous, c’était un entraîneur avec qui on devait continuer à consolider tout ce qui a été fait, mais pour des raisons qu’il a évoqué lui-même, maintenant qu’il faut recruter un entraîneur je crois qu’il serait bien que les règles soient bien établies.
Camfoot.com: Quand on sait que c’est l’État qui débloque les moyens, la Fecafoot est-elle capable de prendre en charge la gestion de l’équipe nationale?
Jean René Atangana Mballa: Je n’aime pas souvent quand on dit que la Fecafoot dispute les Lions avec l’État. La fédération a reçu mandat de l’État pour gérer le football et qu’à ce titre, je crois que l’État ne peut pas nous dire gérer et revenir le faire à notre place. Ceci créé le désordre que nous vivons maintenant.
Camfoot.com: Il y a tout de même cette loi de 1972 qui fait de l’équipe nationale une propriété de l’État ?
Jean René Atangana Mballa: Mais vous reconnaîtrez que c’est dépassé. Le football évolue et même les lois du jeu ont évolué ; mais nous tenons encore avec le décret de 1972. Les gens s’accrochent sur ce décret quand ça les arrange de garder la main mise sur l’équipe nationale. Je crois que pour ceux qui se réclament d’agir à la place de l’état devraient respecter également les conventions internationales, parce que quand la fédération va s’affilier à la Fifa, elle accepte de respecter les lois et règlements de la Fifa. La même Fifa dit que l’équipe nationale doit être gérée par les Fédérations en ce qui concerne les domaines techniques. Le même état respecte tous les accords qu’il a ratifiés dans les autres organismes internationaux. La Fifa qui est l’organe faîtière du football dit donc faite comme ça. Mais on trouve le moyen de commenter, de tergiverser au point de dire que certains sont contre l’État. C’est là qu’on perd complètement notre latin. Nous sommes arrivés à un stade où ces problèmes doivent être clairs. S’agissant particulièrement de l’équipe nationale, la fédération n’a jamais demandé l’argent à l’État pour amener la délégation officielle sportive de 45 membres qui est entièrement prise en charge par la Fifa. Nous n’avons pas besoin de l’argent de l’état pour aller à la coupe du monde. Maintenant si l’État pour son prestige, veut mettre un accent particulier parce qu’il veut joindre la culture au sport, il est libre de le faire. Mais nous avons une équipe nationale qui est capable de s’auto financer. Nous pouvons payer notre entraîneur, il suffit de voir un équipementier et nous lui posons cette condition dans nos clauses. Et c’est tout à l’avantage de l’état qui aura moins d’argent à débourser. Avant l’État achetait les maillots. Quand Puma arrive, il y’a une facture de trois cents millions que l’État doit payer pour les équipements des Lions, c’est en ce moment que l’accord avec puma est signé. Depuis la signature de cet accord, l’État n’achète plus les maillots. Il peut en être de même pour beaucoup de choses. Mais je voudrais attirer votre attention sur le fait qu’il n’y a pas qu’une seule équipe nationale. Pour le moment, il y en a qu’une qui produit de l’argent c’est l’équipe fanion. Maintenant les juniors, les femmes, les cadets sont aussi les équipes nationales. Et même si elles ne coûtent pas aussi cher que l’équipe première, l’État pourrait à la demande de la fédération, d’apporter des appuis, mais pas tout cet argent qu’ils sortent…
Camfoot.com: Est-ce que la Fecafoot ne s’est pas compromise en signant cette convention avec la tutelle en décembre 2000 ?
Jean René Atangana Mballa: Nous avons signé la convention en décembre 2000 pour acheter la paix. Quand vous voyez ce qui s’est passé avant 2000, je crois que c’est un spectacle qui était désolant pour tous les Camerounais. Avec des membres du gouvernement entrain de se chamailler avec les dirigeants de la fédération. Nous n’avons pas voulu vivre ces mêmes situations et c’est pourquoi nous avons signé cette convention. Et du coup, la convention est signée en 2000. Voyez les résultats qui ont suivi, dans un climat désormais serein. Deux coupes des nations seniors, une médaille olympique, une finale à la coupe des confédérations, record jamais atteint pas un pays africain, deux coupes de la Cemac, une coupe d’Afrique cadets. Rien qu’au cours de cette période, regardez le nombre de trophées remportés, car la fédération et le ministère regardaient dans la même direction.
Camfoot.com: Mais qu’est-ce qui explique, six ans après, que l’on retombe dans les mêmes travers ?
Jean René Atangana Mballa: Je ne saurais quoi vous dire. Et puis, parlant de ce problème de convention, je n’aimerai pas l’aborder en profondeur parce qu’il y a déjà une information qui est ouverte et il faut préserver le secret de l’information.
Camfoot.com: Sans vouloir briser le secret de l’information, qu’est-ce qui explique que les responsables de la Fecafoot défilent à la police ?
Jean René Atangana Mballa: C’est parti de l’affaire de maillot où il y a une commission d’enquête qui a été mise sur pied, une commission de relecture. Je crois que c’est parti de là.
Camfoot.com: Ceci ne vous perturbe-t-il pas dans votre souci de développement du football Camerounais ?
Jean René Atangana Mballa: Bien sûr que ça nous perturbe. Avec tout ce que nous avons à faire pour le football, s’il faut passer les trois quarts de son temps à réfléchir sur la défense que nous devons préparer, vous comprenez que c’est difficile. Mais je crois quand même que nous sommes déterminés à travailler pour le football. Je crois que toute cette tentative de déstabilisation orchestrée par des personnes bien connues qui se cachent derrière l’État pour poser des actes de nature à détruire le football camerounais qui reste aujourd’hui le meilleur ambassadeur de notre pays dans le monde. Ceux-ci embarquent très souvent l’État dans de sombres opérations.
Camfoot.com: Il se dit également que dans le camp Iya ce n’est plus la sérénité…
Jean René Atangana Mballa: Parler de sérénité, vous savez au regard du nombre de crises que nous avons déjà gérées, à un moment donné, les gens se fatiguent. Nous n’avons pas le temps de nous occuper de ce qu’on fait et encore moins de nous occuper de ceux avec qui nous travaillons. Et à partir de ce moment, certains peuvent avoir l’impression d’être lésés, certains peuvent avoir l’impression ne plus être pris en compte, et c’est là que les fissures commencent à s’observer. C’est un peu le cas de la fédération aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il y a beaucoup d’affaires et chacun accuse à sa manière. Il y’en a qui disent restons sereins, d’autres peuvent s’affoler.
Camfoot.com: L’homme de la rue pense que Iya est propre et que c’est son entourage qui fait problème…
Jean René Atangana Mballa: Vous savez, dans un gouvernement, c’est le Premier ministre qui prend les coups, parce qu’il est régulièrement en contact avec la gestion quotidienne. Il doit prendre des décisions et poser des actes. Je crois que c’est un langage que je peux taxer de calculateur, parce que les mêmes gens, quand ils viennent nous parler de Iya, c’est souvent dans des termes que je ne peux relater ici. Devant Iya, ils lui parlent de son entourage pour alimenter cette thèse, question de l’isoler de plus en plus afin qu’il se retrouve seul et fragilisé. Ainsi, on s’attaque d’abord à son entourage et à ce niveau quand il y a pas d’obstacles on le cueille. Quant à moi, je suis conscient de ce que je fais. Je suis à la fédération depuis mon plus jeune âge. Le football a toujours été ma passion. Je ne suis pas arrivé à la fédération par effraction. Je crois que dans mon parcours de joueur et dirigeant, ceux qui m’ont suivi vous diront que je ne suis pas arrivé à la Fecafoot pour d’autres raisons. A 25 ans, j’étais déjà président d’un club de première division et mes collègues étaient des gens de l’âge de mon père.
Camfoot.com: Avec ces auditions, quand vous partez de chez vous le matin vous dites, je vais revenir ou je peux me retrouver à Kondengui ?
Jean René Atangana Mballa: (Rires) La Prison Centrale de Kondengui est ouverte à tout le monde. Moi, je n’ai pas de soucis à me faire parce que tout ce que j’ai posé comme acte à la fédération, je l’ai fait pour le bien du football. C’est pour cela d’ailleurs qu’avec la compréhension du président, nous avons pu faire des réalisations qu’on n’était pas obligé de faire. On aurait pu faire comme les autres qui n’ont rien fait et qui, aujourd’hui, sont tranquilles. Nous, pour avoir fait cela, on a tous les problèmes du monde. La vie est ainsi faite. Mais on a parfois un sentiment de découragement, car vous ne pouvez pas dépenser tant d’énergie et avoir l’impression que vous faites du sur place.
Camfoot.com: Et ne pensez-vous pas que c’est votre tête qui ne plaise pas dans cette affaire?
Jean René Atangana Mballa: Vous savez, on dit que les mauvaises nouvelles vont vite. Les bonnes un peu moins. Quand on sert les mauvaises nouvelles à l’homme de la rue, cela porte. Mais que ces mauvaises nouvelles viennent de ceux qui connaissent la fédération, toute son histoire, c’est là que je dis ce n’est pas honnête. Aujourd’hui on nous jette en pâture. Je vais vous dire, c’est parce que nous avons osé faire le contraire de ceux qui étaient là avant nous. Je n’entre pas dans les détails. Cela se voit sur le bilan. Ils ont eu une façon de travailler. Nous avons dit l’argent du football doit servir le football, quand on part à la coupe du monde il faut qu’il y ait des traces. Nous pouvons montrer ce que la coupe du monde que nous avons gérée a laissé au Cameroun comme trace. Les autres ne peuvent pas le faire, 1982, 1990, 1994, 1998. Qu’est ce que le football Camerounais a laissé comme trace à sa progéniture ? Qu’est ce qu’ils ont réalisé avec tout cet argent que la Fifa a donné ? Rien ! Sinon que des dettes. Moi quand je partirai, tant pis s’ils restent vendre tout. Je leur montrerai un centre technique où les jeunes peuvent s’entraîner fièrement, je leur monterai nos sièges où les gens peuvent bien travailler à la gestion et au développement de notre football. Voilà ce que notre participation à la coupe du monde a laissé et c’est cela qui dérange.
Propos recueillis Guy Nsigué et Guy Roger Obama