C’est un Directeur Général qui préparait les rencontres aller des compétitions africaines que nous avons rencontré il y a quelques jours en pleine tourmente aussi bien médiatique que fédérale. Hésitant au début, il s’est finalement livré au jeu. Le championnat 2007, le football Camerounais, les rapports avec els sponsors, Jean-Lambert Nang n’a occulté aucun sujet. Confidences…
Camfoot.com: Le 17 février débute le 48ème championnat du Cameroun, le premier sous votre responsabilité. Quel est votre sentiment au moment de vos grands débuts ?
JL Nang: Je me sens comme un pilote qui attend qu’on lui donne les commandes pour le décollage de son avion. J’éprouve un mélange d’anxiété et d’impatience quand je pense à ce championnat, notamment à l’organisation du calendrier. Étant donné que cette année, il y a dix-huit équipes et quatre qui viennent de la partie septentrionale, le calendrier a été conçu pour que chaque équipe qui fait le grand voyage du Grand Nord vers le Grand Sud et vice-versa ait au moins deux rencontres à disputer. Et ce n’est pas évident à mettre en place. A priori, dans un calendrier, une équipe doit se déplacer autant de fois qu’elle reçoit, mais en raison des conditions évoquées, nos dix-sept journées donnent lieu à des programmes déséquilibrés et les dirigeants doivent comprendre que nous ne voulons pas favoriser un club plutôt qu’un autre.
Camfoot.com: Justement, l’intersaison a été marquée par de nombreuses divergences entre les grandes familles du football camerounais. Avez-vous eu peur de ne pas voir débuter l’édition 2007 du Championnat ?
JL Nang: Bien sûr que j’ai eu des craintes. Mais, je vous mets au défi de me dire dans quel pays la fédération paie les clubs pour participer à un championnat ? J’aimerais qu’on remette le ballon au centre des débats, que l’on parle des rencontres, que l’on ne cherche pas de polémiques. La fédération est là pour organiser un championnat, mettre en place un calendrier, et constituer une chambre d’enregistrement de ce qui s’est passé sur le terrain. Nous ne sommes pas là pour avantager tel ou tel club. Moi, même, à terme, j’ai décidé d’assister le moins possible aux rencontres. Parce que dès qu’on vous voit dans les tribunes, on pense que vous êtes venus influencer le résultat.
« 18 clubs, c’est trop pour notre élite »
Camfoot.com: On reproche à notre football d’être devenu un football des bureaux avec de nombreuses procédures. Qu’en est-il à ce jour ?
JL Nang: Mais personne ici, ne veut que les rencontres se jouent dans les bureaux. Un match, c’est un ballon, des joueurs, des officiels et éventuellement du public. Et je pense que si tous les acteurs se retrouvent autour du terrain de jeu, retrouvent cet esprit, notre football retrouvera son lustre d’antan.
Camfoot.com: Mais, 18 équipes, n’est-ce pas un peu trop pour notre élite ?
JL Nang: Mais c’est ma conviction. Personnellement, je pense même que seize équipes en 1ère Division, c’est trop. Mais, ce sont les circonstances qui ont dicté ce choix. Pour moi, l’idéal, ce serait douze. Mais, il faut que les présidents de clubs l’acceptent, qu’on y arrive progressivement. Ça nous permettrait ainsi d’éliminer, excusez l’expression, les canards boiteux de notre football. Il faut que les présidents de clubs le comprennent, le plus important n’est pas d’avoir une représentation territoriale, avec des clubs dans chaque province, mais d’avoir une élite de qualité.
« La finale de la Coupe du Cameroun nous cause des problèmes de calendrier »
Camfoot.com: Vous y avez un peu répondu, mais vous qui avez eu l’occasion de suivre le football international, comment trouvez-vous le niveau de notre football national et à quel niveau le situerez-vous sur un échiquier africain ?
JL Nang: C’est assez difficile comme question, puisqu’il n’est pas évident de comparer le football d’un pays à l’autre. Mais si le référent est la compétition africaine de clubs, on peut dire que nous sommes le canard boiteux parmi les grands. Ça fait plus de vingt ans qu’aucune équipe n’a remporté de Coupe d’Afrique. Mais, il y a des raisons structurelles à ces difficultés, nous n’arrivons pas à nous arrimer au calendrier international. Cette année encore, nos clubs vont commencer la compétition sans avoir repris le championnat, et ils vont rencontrer des équipes qui ont quatre, cinq voire dix journées dans les jambes. Si ça ne tenait qu’à nous, le championnat commencerait en août ou en septembre comme il y a quelques années, mais notre vrai problème c’est que nous ne maîtrisons pas la date de la finale de la Coupe du Cameroun qui clôture la saison. Avec une finale qui se déroule en décembre, bien que les protagonistes soient connus depuis le mois de septembre, que pouvons-nous y faire ? Heureusement que notre équipe nationale ne subit pas cet état de fait, puisque de ce côté, nous sommes une nation bénie des Dieux avec un vivier important de joueurs.
Camfoot.com: C’est un marronnier, mais les infrastructures de jeu nous manquent énormément. Avec la fermeture pour travaux du stade Omnisports de Yaoundé, comment envisagez-vous les rencontres à Yaoundé ?
JL Nang: C’est vrai qu’on nous reproche de ne pas avoir assez d’infrastructures, mais ce n’est pas à la FECAFOOT de construire des stades. C’est l’Etat qui dispose du pouvoir de construction des stades. A notre niveau, nous avons décidé d’équiper les chefs-lieux de département qui ont une équipe en première division de stades fonctionnels ayant entre 5 000 et 10 000 places avec notre partenaire MTN, qui apporte 200 millions auxquels nous ajoutons une centaine. Nous aurons cette année un stade à Mbouda et nous espérons construire les dix-huit stades des équipes de l’élite. N’ayons pas peur de le dire, nos stades nous font honte. Quand des personnes entendent les exploits de notre football et qu’ils viennent voir que nous n’avons qu’un vieux stade en si piteux état, ils ne peuvent pas comprendre. Il nous faut des stades qui reflètent notre vrai niveau, mais l’Etat doit aussi y trouver son compte. Je pense que l’organisation d’une Coupe d’Afrique des Nations est souvent l’occasion de remettre les infrastructures à niveau. Mais, comme elle a été attribuée jusqu’en 2012…
Camfoot.com: La FECAFOOT a l’air d’aller à contre-courant du « tout comm. » dans lequel évolue le football en ce moment, en ce sens qu’elle ressemble à un bunker d’où il est difficile de ressortir la moindre information. Vous qui avez été de l’autre côté, n’est-ce pas une situation qui vous dérange ?
JL Nang: C’est vrai que c’est un reproche qu’on nous fait souvent. Mais, nous essayons de changer les choses, avec la mise en place d’un point presse mensuel. Où nous donnons des informations sur la vie de la fédération. Ce n’est pas pour autant que nous devons nous laisser insulter sans réagir.
Camfoot.com: Le championnat du Cameroun a désormais un sponsor titre avec MTN. Quel bilan faites-vous à l’heure actuelle et qu’escomptez-vous pour la prochaine saison ?
JL Nang: Je ne peux qu’être satisfait du contrat avec MTN, et je peux le dire d’autant plus facilement que je n’étais pas là au moment de la signature. Il faut voir d’où on partait, aujourd’hui chaque équipe de 1ère Division a une subvention de 8 millions pour débuter la saison. Certains clubs ne disposent même pas d’une telle somme pour toute la saison. Et, nous avons un plan de construction des stades pour équiper les chefs-lieux de département.
Propos recueillis par HK et JY