Nous avons rencontré Frédy Smet, licencié en éducation
physique, pédagogue, professeur de tactique à la
fédération Belge de football, entraîneur de
football de haut niveau. Il fut , à 33 ans, le plus jeune entraîneur dans la
(Jupiler ligue), le championnat de Belgique de Première
Division. Il nous parle de sa présence depuis 12 ans
au Cameroun, de sa candidature au poste d’entraîneur
des Lions et/ou de DTN, et de ses projets pour le football
Camerounais.
Camfoot.com: Mr. Frédy Smet, certains Camerounais vous ont vu
depuis près de 12 ans déjà fréquenter de façon
régulière les milieux du football de leur pays. Qu’est
qui vous attire réellement vers ce pays?
Fredy Smet: C’est tout à fait vrai, cela fait exactement 12 ans
que je suis venu pour la première fois au Cameroun. Ma
première arrivée fût marquée par la venue de deux équipes
Européennes qui étaient venues en 1995 livrer des matchs
au Cameroun; et dès lors, j’ai apprécié énormément ce
pays et je reviens souvent soit par amitié, soit par
amour pour le football qui est mon sport de
prédilection.
Camfoot.com: Entraîneur de haut niveau, Professeur de tactique, et
licencié en éducation physique. Avec toutes ces
casquettes vous pouvez être considéré comme un
observateur averti de la chose footballistique? Quelle
opinion pouvez-vous donner sur le foot jeune
aujourd’hui au Cameroun ?
Fredy Smet: Il est clair que la politique générale des
sports, et du football en particulier devrait être
revue étant donné que sur tout le temps que j’ai passé
dans ce pays, je constate qu’il y a très peu de
formation des jeunes; et surtout un manque cruel des
infrastructures pour permettre une évolution
considérable dans ce pays, pour ce qui est de la pratique du sport. Il y a aussi très peu de formation des cadres sportifs. Il y a uniquement l’équipe senior qui, par
certaines vedettes, maintient le cap. Mais si le Cameroun
voudrait une nette évolution des performances de ses
athlètes, il faudrait travailler de façon un peu
différente. La première façon doit être la formation
des jeunes. Et pour ce qui est de cette formation, la
meilleure façon va être la mise sur pied d’un projet
sport étude, étant donné que les clubs au Cameroun
n’ont pas les moyens de former la jeunesse.
À défaut
des moyens, je crois que la meilleure structure qui
peut encadrer les jeunes dans le sport c’est
l’enseignement, parce que l’enseignement est une
structure rigide. Donc, s’il est intégré des heures de
sport dans chaque discipline enseignée, dans des
établissements qu’ils soient d’enseignement général, technique, il y aura évidemment beaucoup de
résultats au niveau de la formation des jeunes. Il est clair que si on peut créer ne fut-ce qu’une dizaine d’établissements de sport études au Cameroun (dans chaque province), ceci va améliorer considérablement les résultats des athlètes. Ce qui permettra d’assurer la relève au niveau de toutes les équipes nationales. Lorsqu’on regarde les équipes nationales aujourd’hui, il y a des talents, mais il y a également des
manquements très graves qui peuvent à long, ou à court
terme conduire à la dérive sportive au Cameroun.
« Il est clair que si on peut créer ne fut-ce qu’une dizaine d’établissements de sport études au Cameroun (dans chaque province), ceci va améliorer considérablement les résultats des athlètes dans ce pays… »
Camfoot.com: Comment faire pour combler ces manquements dont vous faites allusion ?
Fredy Smet: Ces manquements peuvent être comblés au niveau
par exemple du football par une meilleure
réorganisation des championnats négligés de D2 et de D3, où
j’ai la vive persuasion que beaucoup de talents s’ y
trouvent. Si l’on arrive à le faire, je suis sûr que
les équipes nationales de football seront de plus en
plus fortes.
Camfoot.com: Concernant la formation des
cadres, quelles peuvent être les solutions pour arriver
à des résultats meilleurs ?
Fredy Smet: Autant que pour le football des jeunes, on a
besoin pour leur réussite des infrastructures. Une
école de football ou une école d’entraîneur n’est pas
difficile à créer, il suffit de prendre les directives
à la FIFA. Les compétences au Cameroun sont là, parce
qu’il est clair qu’il ne faut pas toujours aller voir
ailleurs ce que l’on a chez soit.
Il y a des gens
compétents en préparation physique, il y a des gens
compétents en médecine sportive, il y a des gens
compétents au niveau tactique, au niveau technique, il
y a des très grands noms au Cameroun. Si on peut mettre
sur pied une école d’entraîneurs entre Camerounais
plus certains Européens, on peut en tirer de très bons
résultats pour la formation tant des cadres que celle
des jeunes dans le système de sport étude.
Camfoot.com: Pour parler véritablement de ces formations,
ne croyez-vous pas que la clé de voûte de la réussite
passe par la construction des infrastructures ?
Fredy Smet: Moi je considère que le problème des
infrastructures n’est pas tellement difficile à
résoudre. Prenons un exemple. Ici, je connais des gens qui sont prêts à faire un stade de football tout neuf
pour la modique somme d’un euro symbolique, mais en
contrepartie, ils devront pouvoir commercialiser ce
stade. Ce groupe de personnes
travaillent déjà d’arrache-pied et espère que leur
projet sera accepté et de cette façon, le Cameroun
pourra en profiter. Il ne reste plus que le bon vouloir des dirigeants du football
Camerounais.
Camfoot.com: Etes-vous prêt à ramener les gens dont vous faites allusion au Cameroun, chez qui de droit, pour la construction de ce stade, puisque que la partie camerounaise n’aura pas à débourser de l’argent pour les travaux? ?
Fredy Smet: Oui j’ai déjà eu des contacts avec la Fédération
Camerounaise de Football. Je les ai déjà mis au
parfum de ce projet parce que je considère qu’aussi
bien la formation des jeunes, celle des cadres et la
construction des infrastructures font partie d’un
projet global. On ne peut pas dissocier l’un par
rapport à l’autre du fait que comme vous l’avez déjà
mentionné tout à l’heure, les infrastructures reste le
seul moyen de faire progresser le football. Conclusion,
il faut prendre ce projet dans sa globalité et il est
clair que les gens sont prêts à venir investir au
Cameroun, mais ils doivent pouvoir, financièrement avec
le temps, se retrouver avec l’état camerounais.
Camfoot.com: Pour l’instant l’équipe nationale du Cameroun semble se chercher un entraîneur. N’avez-vous pas songé prendre les rênes de cette équipe ?
Fredy Smet: J’ai déposé officiellement ma demande par l’aval
de la Fédération Belge de Football qui a transmis
ma candidature auprès de la Fédération Camerounaise
de Football et au Ministère de l’Education Physique et
des sports. En ce moment je suis en attente des
décisions de ces deux entités qui gèrent conjointement le
Football Camerounais.
Camfoot.com: Quels sont les projets réels que vous avez pour les Lions?
Fredy Smet: Je commencerais tout d’abord à vous dire que le
premier de mes projets sera de travailler avec un ou
des entraîneurs Camerounais à mes côtés parce que
contrairement à ce qui se dit, le Cameroun compte
beaucoup d’entraîneurs émérites qui peuvent apporter
leur pierre à l’édifice pour la reconstruction de cette
équipe. En plus, je viendrais avec des investisseurs si
ma candidature est retenue.
« …Je connais des gens qui sont prêts à faire un stade de football tout neuf pour la modique somme d’un euro symbolique, mais en contrepartie, ils devront pouvoir commercialiser ce stade. »
Camfoot.com: C’est assez surprenant de vous entendre dire
que le Cameroun regorge de beaucoup de bons
entraîneurs et que si l’occasion vous était offerte
vous ne manqueriez pas de travailler avec eux. À qui
faites-vous allusion et pourquoi ne pas laisser un camerounais faire ce travail?
Fredy Smet: Je pense à celui qui est en poste (Jules Nyongha, ndrl) et il y en a bien d’autres avec qui la collaboration peut être franche
si je suis retenu.
Camfoot.com: Croyez-vous qu’il faille nécessairement des
Européens comme entraîneur pour que tout re-décolle
pour l’équipe du Cameroun ?
Fredy Smet: Non je ne l’ai jamais dit, mais je dis plutôt
qu’il faut des gens qui puissent avoir un projet
global pour le football Camerounais. Comme je l’ai dit plus haut, j’entends par projet global la construction des infrastructures, la mise sur pied d’un projet sports études et la formation des jeunes et des cadres. C’est par contre ce qui peut aujourd’hui manquer aux entraîneurs d’origine Camerounaise et c’est l’une des seules choses qui fait que les Européens puissent être bien pour le
développement du football. Il qui manque cruellement de
projets véritables.
Camfoot.com: Nous vous remercions de nous avoir accordé un peu de votre temps.
Fredy Smet: Mes remerciements et mes encouragements à la rédaction de Camfoot.
Elvis Tiague à Bruxelles