« Faute avouée est à moitié pardonnée », comme le dit si bien le dicton. Aussi, l’on pourrait peut-être marquer un peu d’indulgence face à la volonté de changement affichée par la Fécafoot à travers les réformes annoncées dans les compétitions nationales. En effet, ces nouvelles mesures par le simple fait qu’elles ont été prises sont un aveu d’échec, celui de la politique de gestion actuelle du football camerounais par la Fécafoot.
C’est l’aveu que le football camerounais se porte mal sur le triangle national, que les compétitions sont mal organisées et cacophoniques, que la corruption règne chez les arbitres, les dirigeants, les joueurs, et même à l’immeuble siège au quartier Tsinga à Yaoundé. Les exemples pour illustrer ces propos abondent, comme les rocambolesques affaires TKC-Cetef au lendemain du tournoi Interpoules de 2006, et Racing de Bafoussam- Mont Cameroon de Buéa qui ont conduit à des promotions administratives de clubs.
Ainsi à regarder de plus près ces nouvelles mesures, on constate en fait que la Fécafoot n’a pas prise de mesures exceptionnelles. Tout au moins, elle a fait le minimum que l’on attendait d’elle depuis longtemps.
L’instauration des cartes d’accès au stade pour sécuriser les recettes et introduire dans le pays la notion d’abonnement ? Tout le monde savait déjà que les stades sont désertés et que le football sur le plan national ne fait plus recette.
L’ouverture d’un compte bancaire pour héberger les frais d’indemnités des arbitres ? Il est de notoriété publique que les hommes en noir vivent dans la précarité qui les expose à toutes sortes de tentations. D’ailleurs l’octroi de cet argent n’est pas un acte de charité chrétienne. Il leur revient de droit comme étant le fruit de leur travail.
L’homologation hebdomadaire des matchs ? Quoi de plus normal. Ailleurs elle est quasi instantanée. Ici, elle devrait même être quotidienne, horaire…pourquoi toujours attendre ? Pour rappel, le dernier championnat national n’a été homologué que peu avant le début du présent exercice.
La réduction du nombre d’équipes en 1ère et 2ème division ? Elle est somme toute logique, et les dirigeants de la Fécafoot le savaient, même s’il a fallu qu’ils se fassent un peu taper sur les doigts pour l’admettre et l’annoncer. Les charges sont trop lourdes à supporter pour 18 équipes en D1, sans parler de l’embouteillage qui règne dans la D2 avec près de 200 clubs inscrits. Par le passé, la Fécafoot a souvent joué à l’ascenseur en passant de saison en saisons de 18 à 16 équipes, et vice-versa, par les méthodes que l’on connaît.
Bref rien de révolutionnaire, sinon une pâle imitation, une tropicalisation à la camerounaise de ce qui se fait bien sous d’autres cieux. Les plus sceptiques, habitués aux coups fourrés de la Fécafoot et les détracteurs de son président Iya Mohamed n’ont peut être pas tort d’assimiler tout ce remue-ménage à une pré campagne électorale pour sauver la face devant un bilan globalement négatif en prévision des élections de 2008. Ces mesures à elles seules ne suffisent pas pour redresser notre football. Mais encore fallait-il prendre ces mesures sur le papier dans un premier temps, car elles sont aussi un message d’espoir, celui de voir les compétitions nationales plus saines, et pourquoi pas bientôt professionnalisées. Maintenant, c’est sur le terrain qu’elles doivent se concrétiser. Après tout, c’est bien là que se joue le football.
Steve LIBAM