Personnage très réservé, Benoit Assou Ekotto (Tottenham) s’est dévoilé pour les internautes de Camfoot. Il n’a éludé aucune question. Il parle de sa récente blessure et son absence à la dernière coupe d’Afrique des nations, des Lions indomptables et la participation à la prochaine coupe du monde.
Camfoot.com: Vous semblez bien revenu après votre blessure qui vous a éloigné des terrains plusieurs semaines et vous a fait manquer la Can…
Assou Ekotto : Ça fait vraiment plaisir de jouer de nouveau. C’est tout ce que je sais faire et j’aime ce que je fais. Du coup quand tu es blessé, c’est très dur de rester en tribune et de devenir un simple spectateur. Je suis de retour et le club se porte de mieux en mieux avec de grosses performances face à Arsenal et face à Chelsea. Deux victoires auxquelles personne ne croyait, mais actuellement tout nous réussit et j’espère que ça va durer jusqu’à la fin de la saison. C’est une saison extraordinaire que je vis avec mon club Tottenham.
Camfoot.com: Pour votre absence à la CAN, certaines personnes ont évoqué une blessure diplomatique par solidarité à votre ami et coéquipier Sébastien Bassong qui n’avait pas été retenu par Paul Le Guen. Qu’est-ce que vous répondez à cela ?
Assou Ekotto : Très intéressante théorie dont je n’étais pas encore au courant. De nombreuses autres raisons ont été avancées pour justifier mon absence à la Can en Angola et toutes étaient fausses. L’unique raison pour laquelle je n’étais pas en Angola, c’est parce que j’étais blessé et indisponible pour de longues semaines. J’ai été très affecté de ne pas pouvoir prendre part à cette compétition et de ne pouvoir rendre service à mon pays et au drapeau national.
Camfoot.com: Comment avez-vous vécu cette coupe d’Afrique des nations où les Lions ont été éliminés en quart de finale par l’Egypte?
Assou Ekotto : Je pense qu’au-delà de tout, l’expérience est la chose la plus importante dans ce genre de compétition. Dans l’optique de la coupe du monde en Afrique du Sud, le coach et tout son staff ont fait de permis à certains joueurs de montrer qu’ils pouvaient être au niveau que requiert la participation à ce type de compétition. C’était comme une sorte de répétition générale et il était question de juger de l’engagement de certains joueurs à défendre valablement les couleurs du Cameroun. Cela ne s’est passé comme nous l’aurions tous souhaité, mais je pense que le dernier match face à l’Égypte aura été le meilleur que mes coéquipiers ont livré. Je pense juste que ce n’était pas notre année.
Camfoot.com: Votre arrivée au sein des Lions a quelque peu surpris, car vous avez décliné plusieurs convocations auparavant. Qu’est-ce qui vous a motivé à jouer avec le Cameroun plutôt qu’avec la France ?
Assou Ekotto : Certaines circonstances ne m’avaient pas permis de rejoindre les Lions indomptables par le passé. Ce n’était pas une question d’envie, car j’avais déjà évolué avec les moins de 23 ans en 2003. Je savais au plus profond de moi-même que ce que je voulais par-dessus tout, c’était de jouer pour les Lions indomptables. Certaines barrières personnelles m’en ont empêché. Il n’y a pas d’autres raisons.
Camfoot.com: Votre première expérience au Cameroun avec les Lions espoirs n’avait pas franchement été un succès avec un stage dans des conditions qui n’avaient pas été faciles. Quel souvenir gardez-vous de cette époque ?
Assou Ekotto : Çela avait été très intéressant. Le fait d’être appelé en sélection du Cameroun m’avait rempli de joie. Cela reste l’un de mes plus beaux souvenirs. Cette période restera comme l’une des plus chères à mon cœur.
Camfoot.com: Votre arrivée dans les Lions a souvent été liée à Samuel Eto’o qui était personnellement venu vous chercher lors d’un regroupement. Quels sont vos rapports avec Samuel Eto’o et avec le reste de vos coéquipiers ?
Assou Ekotto : Samuel est quelqu’un de proactif et il s’est montré très intéressé par le fait que je rejoigne les Lions indomptables. Mais sachez que je suis mon propre maître. Je n’ai jamais eu besoin qu’on me dise ce que j’ai à faire et comment je dois le faire. Je fais les choses comme je les sens et au moment où je les sens. Le moment était venu pour moi de rejoindre les Lions et je l’ai fait. J’assume mes actes et les conséquences qui peuvent en découler.
Camfoot.com: Lorsque vous voyez le groupe Lions indomptables, quelles sont pour vous les chances du Cameroun à la prochaine coupe du monde en Afrique du Sud ?
Assou Ekotto : Je pense que nous avons de grandes chances de faire quelque chose pour bien figurer en Afrique du Sud. Nous sommes bénis des Dieux avec les nombreux et talentueux footballeurs dont la sélection nationale dispose. Nous évoluons tous dans les plus grand championnats et il n’y a pas de raison d’être complexés devant des nations comme le Brésil, l’Espagne ou la France. C’est au staff technique de sélectionner les meilleurs joueurs possibles, les faire jouer ensemble pour que la mayonnaise prenne. Si je suis appelé, je vous garantis que je me donnerai à 100%. Si nous pouvons faire au moins aussi bien que les ainés de 1990, nous n’allons pas nous priver. Mais j’ai la conviction que nous pouvons faire mieux et ce sera notre objectif. Pas grand monde ne nous voit franchir le premier tour mais nous voulons faire nôtre l’assertion selon laquelle « impossible n’est pas Camerounais »
Camfoot.com: Comment est la vie en Angleterre et est-ce que la France vous manque ?
Assou Ekotto : L’Angleterre est différente et j’aime cette différence. Les gens sont bien ici et la ville de Londres est super. C’est une ville cosmopolite où l’on rencontre des personnes qui viennent de tous les coins du monde. Je ne suis pas quelqu’un de très compliqué. Aussi longtemps que j’ai du poulet à manger, un toit sur ma tête et de la bonne musique, cela me suffit généralement. J’ai ma famille et mes amis qui sont en France et qui me manquent mais les deux pays sont si proches en termes de distance que je file en France chaque fois que j’en ai l’occasion.
Camfoot.com: Quelle est la différence entre les footballs des deux pays ?
Assou Ekotto : Je dirais que la Premiership est plus rude et plus physique. Le jeu est beaucoup plus direct et rapide qu’en France. Ici en Angleterre il y a beaucoup plus de « big » matches. Moi par exemple je joue pour un club londonien et nous avons minimum 8 derbies par saison. J’aime bien et j’aime relever les défis. Et je peux vous assurer qu’en Angleterre il y en a.
Camfoot.com: Vous venez plus souvent au Cameroun qu’il y a quelques mois, mais que savez-vous réellement du pays d’origine de votre papa ?
Assou Ekotto : Mon pays c’est mon pays. La fierté que j’ai d’être Camerounais est énorme et vient du fond de mon cœur. Je suis conscient que je ne sais pas grand-chose des us et coutume du Cameroun parce que je n’ai pas grandis ici. Mon père était un Camerounais très fier et il nous a transmis cette fierté. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas hésité à venir défendre les couleurs de ce pays où j’ai mes racines. Etre camerounais n’est pas une question de géographie. C’est un état d’esprit et des valeurs. Je suis bien plus qu’un simple footballeur camerounais, je suis un citoyen camerounais.
Camfoot.com: Avez-vous de la famille au Cameroun et êtes-vous restés en contact avec cette famille-là ?
Assou Ekotto : Bien sûr que j’ai de la famille au Cameroun. Je ne suis tout de même pas tombé d’un arbre (Rires). J’ai des oncles, des tantes et de nombreux cousins et cousines. J’ai des membres de ma famille au Cameroun avec qui j’ai de très bonnes relations. Il y en a également avec qui les rapports ne sont pas aussi nets, mais ça reste ma famille.
Camfoot.com: Quelle musique camerounaise connaissez-vous et lesquelles écoutez-vous ?
Assou Ekotto : Mes choix musicaux sont plus portés sur le hip hop. C’est une préférence personnelle mais je ne suis pas contre le fait de danser sur un bon Bikutsi ou un bon Makossa. Comme vous le savez, la musique est très présente lors de nos entraînements en sélection nationale et nous échangeons souvent nos fichiers audio.
Camfoot.com: Sinon, si on vous emprunte votre Ipod, quelle musique y trouverons-nous ?
Assou Ekotto : Plein de hip hop. Beaucoup de hip hop français. Mais j’aime aussi le RnB. Mon bon ami Francis Nkwain m’a également conseillé d’écouter du Coupé décalé, mais ce n’est pas trop mon truc (rires).
Camfoot.com: Qu’est ce que Benoît aime manger en général ?
Assou Ekotto : Je mange énormément de nandos… peut-être un peu trop
Camfoot.com: Quelle place occupe la famille dans votre vie ?
Assou Ekotto : La famille est très importante pour moi. Sans elle, vous êtes perdu. Je préserve jalousement mes relations avec ma famille. Je suis peut-être un peu trop protecteur, mais c’est dans le bon sens et pour la bonne cause.
Camfoot.com: Et les amis?
Assou Ekotto : Les amis sont une extension de la famille. Ce sont même des membres de votre famille, à la seule différence qu’eux, vous les avez choisis. Ceux que vous avez choisi étant jeunes peuvent même faire partie de votre vie et de votre monde aussi longtemps que vous vivrez.
Camfoot.com: Quels sont vos hobbies ?
Assou Ekotto : J’aime regarder des films à la Tv et écouter de la musique. J’aime aussi beaucoup les voitures. J’ai toujours été fasciné par la façon dont elles fonctionnent.
Camfoot.com: Vos phobies?
Assou Ekotto : Je ne peux vous le dire au cas vous voudriez vous en servir. Une autre fois peut-être (Rires)
Camfoot.com: Qu’est ce que vous regardez à la Tv ?
Assou Ekotto : J’aime les documentaires instructifs et les bons films.
Camfoot.com: Si vous n’aviez pas été footballeur, quel métier auriez-vous aimé faire ?
Assou Ekotto : J’aimerais bien être un acteur. Mais si j’avais eu à faire un autre choix et plus tôt dans ma vie, j’aurais voulu être un instituteur.
Camfoot.com: On vous sait très concerné par les œuvres sociales et caritatives, l’Education notamment, qu’est ce qui vous motive ?
Assou Ekotto : L’éducation est un élément très important dans la construction d’une nation et je pense que dans une jeune nation comme la notre, nous avons tous besoin de faire quelque chose pour aider. Par Education, je ne veux pas simplement parler de tout ce qui est académique. Je pense surtout au partage de l’information et à la capacité pour les jeunes esprits de prendre les bonnes décisions. Je suis de ceux qui pensent que les jeunes doivent savoir lire et écrire. Une fois ces deux facultés assimilées, ils peuvent commencer à prendre des décisions par eux-mêmes. Avec certains de mes coéquipiers, j’espère pouvoir m’engager dans un processus qui permettra d’encourager et étendre l’éducation de base partout au Cameroun. La chance et le travail sérieux et bien fait ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui, mais mon histoire ne peut pas être prise en exemple pour les jeunes. L’école et l’éducation doivent être la base de l’émancipation de notre pays.
Propos receueillis par Guy Nsigué à Yaoundé (Sur Internet)