Ceux qui dimanche dernier étaient au stade de la Réunification de Bepanda, tomberont probablement des nues quand ils vont apprendre que seules quelques cinq mille personnes ont assisté au match Caïman contre Union de Douala. Du moins que seules ces personnes là ont payé leur ticket d’entrée au stade. Les chiffres sont de la Direction du stade de Douala qui déclare en même temps avoir perçu trois millions et quelques. Ce sont les chiffres officiels, difficile de les contredire.
Mais tous ceux qui dimanche dernier étaient au stade de la Réunification, sauront qu’il s’agit là d’une grosse farce, destinée à décourager les présidents de clubs qui multiplient les stratégies pour attirer les supporters vers leurs clubs, une grosse farce destinée à faire siffler les oreilles des journalistes qui font le ramdam médiatique pour la popularisation des matches du championnat d’élite, une farce destinée à décourager simplement les spectateurs eux-mêmes qui vont arriver à la conclusion, que leur argent déboursé avec volonté au guichet, ne participe pas au développement du football.
Dimanche dernier au stade de la Réunification de Bepanda, il y avait au moins quinze mille personnes. La Direction du stade veut donc nous convaincre qu’il y a eu au moins dix mille resquilleurs. Dix mille personnes dans le stade et qui n’ont pas payé de ticket d’entrée. C’est possible peut être et si c’est le cas, ça devrait être la honte de cette Direction du stade. Etre incapable de sécuriser les entrées du stade est une incapacité première de ceux qui gèrent le stade avant d’être celle de la Fécafoot qui organise le spectacle et des présidents de clubs qui font le spectacle. C’est leur premier niveau de responsabilité. Maintenant, je ne crois franchement pas à la thèse de près de dix mille resquilleurs au stade de la Réunification dimanche dernier. Je crois mordicus à la thèse des billets parallèles que la quasi-totalité des Directeurs de stade du Cameroun ont érigés comme règle. C’est pourquoi le choix des guichetiers pour les matches, relève pour ceux qui ne le savent pas, d’un gros business entretenu tous les weekends par les responsables des stades. Etre choisi parfois est préalablement soumis à des salamalecs et autres incantations honteuses.
Les portes du stade sont un véritable business, et la recette du match Caïman contre Union est là pour le témoigner. La culpabilité de la Direction du stade ne se limite simplement pas à une porosité volontaire des entrées, elle se poursuit au niveau sécuritaire. Des sommes colossales sont prélevées chaque jour de match pour s’acheter les forces de l’ordre dans les boutiques des commissariats et autres. Officiellement, on parle de cirage à donner aux hommes en tenues pour nettoyer leurs chaussures. En attendant de savoir s’il ne revient pas de façon naturelle aux forces de l’ordre de sécuriser toute manifestation publique sans contrepartie financière, c’est l’attitude de ces hommes en tenues qui intrigue. Quand ils décident de donner un coup de pouce aux portes, c’est pour se transformer en guichetiers illégaux. Le reste du temps, ils sont très bien installés à la tribune présidentielle, sans soucis de sécurité pour les autres tribunes, et dégustant avec la même saveur sinon plus que les spectateurs ordinaires, le spectacle offert. La Fifa a officiellement interdit la présence des forces de l’ordre à la main courante, mais au Cameroun, elles poursuivent leur exhibition malsaine dans les stades.
Mais il y a un autre problème plus cruel, entretenu par les autorités du football elles mêmes. Pour peu qu’on soit membre d’une ligue banale de la Fécafoot qui ne fonctionne même pas, on se croit investi d’une exonération de paiement des tickets d’entrée au stade. Charles Emedec Vice Président de la Fécafoot, a fait un scandale à l’entré du stade de la Réunification il ya quelque temps, simplement parce que le portier du stade qui ne semblait pas le reconnaitre, a exigé de lui, un ticket d’entrée au stade. Pour lui, non seulement c’était un scandale qu’on ne le connaisse pas, mais c’était un double scandale qu’on lui exige un ticket d’entrée au stade. De telles attitudes doivent être condamnées et leurs auteurs doivent se rappeler qu’ils participent au pillage du football. Si les responsables de la Fécafoot veulent être exonérés du paiement des tickets d’entrée au stade, ils n’ont qu’à mettre en place des accréditations connues de tous au lieu de procéder comme si la fonction était une accréditation. Et même, pour ceux qui ont l’habitude des grands stades, une accréditation, impose l’acquisition d’un autre ticket d’entrée certes gratuit, mais qui vous permet de retrouver votre siège et de faciliter la comptabilité de ceux qui sont présents au stade. Procéder autrement relève de la tricherie, messieurs de la Fécafoot.
Et ils ne sont pas seuls, les membres réels ou fictifs des cabinets des gouverneurs, préfets, sous préfets ou tout autre personne investi du pouvoir de l’Etat, croient avoir les mêmes passes droits. C’est inacceptable. Le problème, c’est que lorsque ces supposées autorités rentrent au stade, c’est pour occuper des places les plus en vue à la tribune présidentielle, sans le souci de ceux qui ont effectivement payé leur ticket d’entrée au stade. Voilà pourquoi on se retrouve dans des situations comme celles de dimanche, où Petit Pays a fait des spots pour annoncer le match, ameuter toute la ville de Douala, avant de se faire voler aux portes du stade. La recette de deux millions environ qu’il a perçu est probablement historique dans un contexte où les stades s’étaient vidées, mais pas suffisante pour le public qui a répondu présent dimanche. Voleurs, arrêtez vos manœuvres.