La venue du joueur japonais Kimitoshi Nogawa continue de défrayer la chronique au pays de Roger Milla. En l’absence de Maboang Kessack, victime d’un accident de la circulation, Annie Epée, représentante de Komodo Sport en France à fait le déplacement de Yaoundé pour accueillir Kimitoshi le joueur japonais. Elle nous parle des contours du partenariat entre Komodo Sport et le Canon de Yaoundé. Le salaire des joueurs japonais, la durée de leur contrat, le fonctionnement de Komodo Sport et bien d’autres sujets…
Camfoot.com: Vous étiez déjà ici au Cameroun en décembre dernier avec le mémorial Foé, vous revenez cette fois avec Komodo Sport. C’est quoi Komodo Sport ?
Annie Epée Dipita : Merci beaucoup d’être venu. Komodo Sport est une structure sportive qui a été mise en place par Emmanuel Maboang Kessack que tout le monde connaît, un ancien lion indomptable qui a joué au Canon au Cameroun, qui a beaucoup exercé en Asie principalement en Indonésie. L’objectif de cette structure c’est de permettre aux jeunes camerounais de pouvoir aller évoluer à l’étranger et beaucoup plus en Indonésie parce que c’est un territoire maîtrisé. On constate qu’au Cameroun il y’a beaucoup de jeunes joueurs dans nos villes et villages, et un agent de joueur est sensé faire la recherche à tous les niveaux. Avec Komodo Sport, c’est donc la recherche des talents. Et nous leur donnons un coup de pouce pour atteindre leur rêve qui est celui de faire une grande carrière.
Camfoot.com: À ce jour vous avez transféré combien de joueurs et quelles sont les destinations prioritaires ?
Annie Epée Dipita : À ce jour nous avons un minimum de 350 joueurs transférés. Beaucoup sont installés, mais il y en a qui n’ont pas évidemment réussi leur test. L’Indonésie, le Portugal, la Hollande sont nos destinations. Mais nous avons aussi démarré avec la France.
Camfoot.com: On vous a plus connu avec Solidarité Arc-en-ciel, maintenait c’est Komodo Sport. Quel est votre rôle concrètement dans cette structure ?
Annie Epée Dipita : Je joue pratiquement le même rôle qu’avec Solidarité Arc-en-ciel, et je tiens à préciser que Solidarité Arc-en-ciel poursuit ses activités. Mais nous sommes là ce soir pour Komodo Sport. Mon rôle dans cette structure me permet de vivre pleinement ma passion pour le sport. Maboang Kessack est un partenaire que je considère avant tout comme un patron, qui m’a fait confiance et qui m’a proposé de travailler avec lui, mon rôle consiste à faire les tournées des terrains, voir l’évolution des joueurs que nous supervisons. Je ne suis pas un professionnel de la technique, mais j’ai les rudiments nécessaires pour voir la vivacité, la technique, certaines petites choses importantes pour un footballeur. Partant de là j’en fais part à Maboang, où il est ; il vient ou alors je fais une collecte de ses jeunes joueurs que je lui expédie. C’est donc lui qui détermine, puisque le recrutement que je fais est primaire.
Camfoot.com: La dernière en date c’est le partenariat de Komodo Sport avec le Canon de Yaoundé, qui a débouché sur la venue des joueurs Japonais. Peut-on savoir comment s’est déroulée cette rencontre entre votre structure et une équipe camerounaise ?
Annie Epée Dipita : Il faut déjà dire que c’est une histoire de cœur, la sensibilité de monsieur Maboang Kessack. Nul n’est sans ignorer qu’il a joué au Canon ; il était naturel que cette première expérience se passe avec le Canon. Ayant à ses côtés les jeunes joueurs japonais qui ont vu et connu le football camerounais, Maboang leur a fait la proposition de venir jouer au Cameroun. Pour ce qui est de Kimi, il était déjà au Cameroun lorsque nous avons organisé le mémorial Foé, les Camerounais qui étaient présents ont pu apprécier la qualité de son jeu. Je tiens à faire savoir aux compatriotes que nous ne ramenons pas ces joueurs ici parce qu’ils sont négligés dans leur pays, comme j’ai cru entendre lors de la première séance d’entraînement de Kimi. Ce sont des jeunes qui ont l’avenir dans le football, qui aiment ce qu’ils font. Tant mieux pour nous qu’ils aient apprécié notre pays. Nous pensons qu’à travers le football on peut avoir d’autre partenariat avec le Japon qui est une grande puissance dans le monde. Aujourd’hui il faut aller voir ailleurs, c’est des jeunes courageux parce qu’il n’est pas évident de partir du Japon pour venir jouer au Cameroun. C’est pourquoi nous remercions ces joueurs ainsi que le président du Canon, Dr Abega, qui a bien voulu qu’on tente cette expérience. Espérons que dans l’avenir d’autres clubs ouvriront leur porte et même le gouvernement pourquoi pas pour nous encourager dans cette voie, en appréciant ce que nous, jeunes Camerounais à l’extérieur voudront tenter au Cameroun afin de faire connaître notre pays dans toutes ses facettes, pas uniquement en football parce que je suis convaincu qu’il y a d’autres choses à voir dans notre pays.
Camfoot.com: Un joueur professionnel s’entretient. Comment ces joueurs seront rémunérés ?
Annie Epée Dipita : L’entretien on n’y pense, mais ce qu’on tient à dire c’est que l’avantage que nous avons eu dans cette affaire c’est que c’était des jeunes qui à l’origine apprécient le Cameroun ; partant de là la négociation n’a pas été très compliquée. Nous prenons l’exemple de Kimi qui est déjà sur place, c’est un joueur qui est international espoir dans son pays, qui a évolué en Italie. Il a eu un moment d’arrêt et son manager qui est Maboang Kessack a pensé au Cameroun, bien entendu qu’il aurait pu l’envoyer ailleurs parce qu’il était sollicité par plusieurs clubs Belges, par la grâce de Dieu, nous avons réussi a l’amener au Cameroun. Mais cela va sans dire qu’un joueur ne peut pas jouer s’il n’a pas le minimum de confort. Ce sont des jeunes à qui nous avons expliqué que le Cameroun n’est pas un pays riche comme le Japon, cependant pour promouvoir leur football et le notre, il est utile pour eux de venir se faire connaître à travers le monde puisque lorsqu’ils jouent ici ils sont vus partout, déjà à travers votre site Camfoot. Pour l’heure, nous ne pouvons pas les payer, ce n’est pas possible, mais nous leur garantissons leur bien-être au Cameroun à savoir, l’hébergement décent, Santé, déplacement. Nous entendons également leur donner de quoi aller au cinéma, aller boire un café avec les amis, mais ils ne gagneront pas des millions.
Camfoot.com: Ils sont au Cameroun pour combien de temps ?
Annie Epée Dipita : En principe ils sont là pour une saison complète, mais comme on le dit, tout dépendra du club et d’eux même. Ils ont des droits et les devoirs, le club aussi. Si les deux parties s’entendent pour leur départ il n’y aura pas de problème ; de même, ils peuvent décider de prolonger le contrat.
Camfoot.com: Quand est-ce que les deux autres joueurs arrivent ?
Annie Epée Dipita : Alors, vous me demandez une exclusivité… Les deux autres joueurs japonais arrivent très précisément mercredi.
Camfoot.com: Qu’est-ce que Komodo Sport gagne dans cette transaction ?
Annie Epée Dipita : Dans cette transaction Komodo Sport ne gagne rien en ce qui concerne l’argent, pécuniairement parlant. Mais nous gagnons le fait que nous ayons quand même eu le courage d’envoyer ces jeunes ici au Cameroun. D’autre part, il ne faut pas se voiler la face, Komodo Sport gagne en publicité, ce qui nous permettra certainement de mieux poursuivre nos activités qui consistent à placer des joueurs. Mais je précise que pour ce qui est de ces Japonais, il y’a pas un gain financier, c’est une action qui nous permet de mettre en place des choses pour voir ce qu’on fera avec le temps.
Camfoot.com: Est-ce qu’à Komodo Sport, on est conscient que vous êtes très attendu au cas où l’aventure de ces Japonais au Cameroun s’achèverait mal ?
Annie Epée Dipita : Vous savez, quand on a été frappé comme je l’ai été après avoir essayé de mettre sur place une action qui était sensée réunir le peuple camerounais et son défunt joueur Marco, rien ne me ferait plus peur. Je suis camerounaise, j’ai l’intention de venir vivre chez moi un jour. Je n’ai pas l’intention de m’éterniser à l’extérieur, raison pour la qu’elle tout ce qui me paraît bénéfique et opportun pour mon pays, je n’hésite pas une seconde à tenter le coup, parce que dans la vie, qui ne risque rien n’a rien. Je sais très bien qu’il y’aura des pour et des contres, mais je ne suis pas là pour plaire aux gens, je suis là pour poser les actes qui pourraient bénéficier à notre pays. Je tiens à dire que le football n’est pas réservé qu’aux hommes, parce que j’ai tout entendu après l’hommage à Foé. Je tiens donc à rectifier quelque chose par rapport à cela… Vous m’excuseriez, car on n’est pas là pour ça, mais j’en profite pour dire aux jeunes camerounais que, Annie Epée n’est pas une opportuniste, elle n’est pas une arriviste, elle n’est pas une mendiante, mais une jeune femme qui essaye à son niveau de contribuer à la bonne marche de son pays. Pour cela je demande aux jeunes de ne pas me soutenir s’ils ne sont pas d’accord avec moi, mais s’abstenir d’aller écrire n’importe quoi sur Internet et dans les médias. Je trouve cela dommage parce que ce n’est pas avec les insultes qu’on évolue. Je suis pour la critique, mais sans insulte. On n’a pas besoin d’insulter un être qu’on ne connaît pas pour pouvoir lui faire comprendre son mécontentement. Il suffit simplement de lui donner son point de vue pour qu’un débat se mette en place.
Camfoot.com: Si on revenait aux Japonais, lorsqu’on voit l’état de nos stades, est ce que vous n’avez pas quelques appréhensions à faire venir ses joueurs ici ?
Annie Epée Dipita : Si, nous en avons, ça fait parti des raisons de cette tentative, à savoir que dans le temps, peut-être qu’un bienfaiteur nous dira que votre pays est tellement bon en Football, au point de nous aider… En ce moment on demandera la construction d’un stade pour les jeunes (Rires…). En attendant, moi je suis née et j’ai trouvé ces stades comme ça. J’espère ne pas mourir en les laissant comme ça. Je souhaite aussi que même nos hommes d’affaire s’impliquent dans cette affaire qui fera la fierté de ce pays de football.
Camfoot.com: Komodo Sport regorge beaucoup plus de femmes. Est-ce un choix de Maboang Kessack ou alors c’est l’expérience au féminin?
Annie Epée Dipita : Aujourd’hui dans le monde on parle beaucoup de parité. Je tire un coup de chapeau à monsieur Emmanuel Maboang Kessack, qui a le courage de donner les responsabilités aux femmes, que certains pourraient encore considérer comme poste pour homme. Si je suis devant vous aujourd’hui entrain de parler au nom de Komodo Sport, c’est parce qu’il s’est rendu compte que je suis apte à tenir et jouer ce rôle comme il se doit d’une part et d’autre part, je pense qu’il a dû se dire, j’ai joué au football et dans les tribunes il y’avait aussi des femmes. Aujourd’hui qu’il est de l’autre côté, pourquoi ne pas leur donner l’opportunité.
Maboang Kessack c’est notre petit Kadhafi du Cameroun ; vous remarquez que le président Kadhafi, s’est entouré des femmes, et ce n’est pas pour autant que sa sécurité bat de l’aile.
Camfoot.com: Votre dernier mot serait quoi, madame Annie Epée Dipita ?
Annie Epée Dipita : Je voudrais avant tout dire sincèrement merci à Camfoot pour tout ce que vous faites. Pour finir, je dirais que je suis une Camerounaise qui veut faire des choses pour son pays. Qu’on me donne des opportunités, qu’on m’aide dans mes ambitions. Je ne demande pas que tout le monde soit monsieur Maboang Kessack, mais je voudrais qu’on prenne l’exemple sur lui afin que ceux qui sont à l’extérieur puissent avoir le courage de venir. Il y a beaucoup qui comme moi ont des idées, ont des projets, quelquefois même le budget mais lorsqu’on arrive sur place, on est heurté à des situations qu’on ne peut pas toujours débloquer. C’est un peu déplorable, parce que ça freine les choses et ça donne envie d’aller vivre ailleurs que chez soi. Je tiens une fois de plus à remercier monsieur Maboang Kessack qui m’a donné l’opportunité de vivre ma passion qui est le football.
Propos recueillis par Guy Nsigué à Yaoundé