Au démarrage de cette nouvelle saison, le Kpa Kum présentait trois équipes appartenant à des leaders des factions différentes mais déterminés à diriger contre vents et marées le navire des Rouge et Vert. Une situation embarrassante pour la Ligue de football professionnelle du Cameroun (Lfpc) qui a toutes les peines du monde aujourd’hui à reconnaître et à imposer l’entité ayant légitimement droit au chapitre.
Quel Canon pour la suite de la saison 2017 ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Après trois journées de championnat où les performances cahin-caha des joueurs n’ont pas permis au club octogénaire de se positionner dans le peloton de tête comme l’a fait Eding sport de la Lékié, le Kpa Kum baigne dans une crise sans merci. A l’origine de cet énième coup de sang, la guerre des factions qui empoisonne le top management de cette formation , subjugué depuis cinq ans entre guerres de leadership, mésestime des textes et statuts, mouvements d’humeur, appel au soulèvement des supporters, conspiration, batailles de clans, crises internes doublée de l’amateurisme dans lequel baignent joueurs et membres du staff technique. Résultats de courses : trois factions du Canon qui revendique chacune, la paternité du club.
Ateba Yene-Ebode ou le management par embuscade
Le premier Canon que conduisent Roger Ebode Ebode et le patriarche Laurent Justin Ateba Yene, nourrit certes de belles ambitions pour l’équipe mais, au fond, pèche par cette obsession de diriger par embuscade, si ce n’est de « gouverner » dans l’imposture. Le 25 février dernier, les deux hommes qui traînaient avec eux, une équipe aux couleurs du Kpa Kum, se sont vus refuser l’accès au stade Omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé où se jouait le match Canon-Bamboutos au motif qu’ils n’ont pas qualité de représenter le club. Arrivés au stade avec pour ambition de gâcher la fête à la faction Emmanuel Mvé reconnue par la Lfpc et la Fécafoot, les deux hommes qui ont échoué sur l’autorité des forces de maintien de l’ordre, ont juré de faire des nuits du Canon, un véritable cauchemar. Mais, jusqu’ici, leurs plaintes et revendications ventilés auprès de certains membres du gouvernement n’ont jamais porté fruit. On se souvient pourtant que lors de l’AG du 20 novembre 2016 à la maison du parti de Nkolndongo, Emmanuel Mvé remplaçait le ministre Augustin Edjoa au poste de président général de l’Association Canon sportif de Yaoundé. Dans le même temps, Ebodé écopait d’une suspension de deux ans pour comportement belliqueux tendant à diviser les enfants du club. D’où vient-il qu’il soit aujourd’hui à viser un trône qui lui est pourtant dénié par la loi ?
Emmanuel Mvé en solitaire
Le second Canon est celui que dirige d’une main de fer Emmanuel Mve. Figure mythique du club, l’ancien capitaine du Canon de Yaoundé, par ailleurs membre du Comité des sages, a remplacé Augustin Edjoa en novembre dernier. C’est sa faction qui a été affiliée à la Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc). C’est celle qui a reçu les licences de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Cerise sur le gâteau, le nouveau responsable a reçu l’autorisation de l’assemblée générale de signer une convention avec la Société anonyme à objet sportif (Saos), baptisée « Canon Kpa-Kum ». Mais, les choses ont vite tournés au vinaigre au courant de cette semaine puisque, sous décision de Pierre Semengue, les deux Canons (Mve et Ateba Yene) sont appelées à fusionner. Une option que refuse catégoriquement l’ancien Lion indomptable, déterminé à faire cavalier solitaire.
Edjoa et Alima vomis
La dernière faction constituée d’Augustin Edjoa et de Jean Claude Alima a été vomie le 09 mars dernier. Dans une correspondance signée de Me Olinga Jenner, le Conseil supérieur des sages qui accuse les deux comparses d’ « usurpation de titres », les suspend pour une durée indéterminée. L’Association Canon est donc désormais dirigée par l’homme de loi qui annonce pour les prochains jours, une Assemblée générale ordinaire pour confirmer certaines « décisions de haute importance ». S’achemine-t-on vers un nouveau hold-up des Sages qui, depuis l’époque du regretté président Théophile Abega, sont régulièrement au tribunal des supporters et même des dirigeants. Eux qu’on accuse de tout faire à leur guise, au gré des intérêts de ceux qui en font partie. Jamais présent lorsque l’équipe est vraiment tenue de respecter certains délais sur le plan sportif, ou lorsqu’il manque des financements, les membres de ce fameux Conseil des sages mettent difficilement la main à la poche quand il faut renflouer les caisses du club.
Christou DOUBENA