Il n’y a pas longtemps, lors d’un match qui opposait Tonnerre kalara club à Fovu club de Baham, le président Essomba Eyenga du TKC avait, sans pudeur, sortir son « zizi » pour uriner devant une foule de spectateurs. Oublions ce qu’il a débité après; cette attitude n’est pas singulière à lui. En fait, comme lui, des dirigeants de clubs, personnalités de la Fécafoot/Ouest, entraîneurs, forces de maintien de l’ordre, joueurs, arbitres, journalistes, et autres spectateurs des deux sexes, ont été déjà surpris dans cette posture, notamment à la mi-temps des rencontres.
C’est que, le stade municipal de Bamendzi n’a pas de toilettes. Curieux. À la direction des stades de Bafoussam, on n’y pense même pas. Les priorités étant, apparemment, concentrées sur d’autres secteurs de cette infrastructure sportive qui, sans que les responsables de tutelle ne s’en émeuvent, se désagrège de mal en pis. Elle est en désuétude continue, à tel point qu’elle ne devrait plus, dans un pays normal et ému par les « Grandes ambitions », abriter des matchs de football.
En effet, c’est en 1973 que l’antre de Bamendzi, l’un des quartiers les plus populaires de la ville de Bafoussam, chef-lieu du département de la Mifi dans la province de l’Ouest, entre en service.
Rattaché donc à la ligue provinciale de football de cette circonscription, le stade municipal de Bafoussam accueille toutes les compétitions organisées par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot).
Sur un plan plutôt techniquement caractéristique, l’infrastructure complète couvre un grand espace. Une enquête-diagnostic faite le 27 février 2001 par la commission des infrastructures de la Fécafoot révèle que l’aire de jeu en elle-même s’étend sur 120 mètres de longueur et 90 mètres de largeur. Son état est, d’une manière régulière, mauvais.
La même enquête observe une main courante, distante de l’aire de jeu de 4 mètres. Les vestiaires sont inexistants ici, que ce soit pour les joueurs que pour les officiels. Deux bancs de touche, couverts, sont réservés à chacune des équipes protagonistes, avec officiellement huit places assises par banc.
En ce qui concerne la capacité totale d’accueil, elle est estimée à 6 000 spectateurs. Les gradins, non couverts, offrent une capacité d’accueil de 5 300 places, tandis que la tribune, couverte, elle, peut contenir, en principe, 700 spectateurs.
Il serait ennuyeux de rêver que l’éclairage existe ici, quand bien même le stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé n’en a pas cure. Le tableau d’affichage de scores lui, reste encore archaïque.
Réfection boiteuse
En cette saison footballistique en cours, les autorités compétentes ont tenté de donner au stade municipal une cure de jouvence, question de l’adapter à la nouvelle donne sportive, pour que le stade soit « beaucoup plus opérationnel par rapport au passé », explique-t-on à la direction de stade, sis à la délégation provinciale de la Jeunesse et de sports de l’Ouest.
C’est ainsi que des travaux ont été réalisés sur cette infrastructure en 2003. A savoir : « La re-élévation des pans de murs, la réfection de la main courante, l’extension de la tribune, les trous ont été bouchés, l’épandage du sable sur l’aire de jeu, la loge des officiels réaménagée », étale le directeur de stade, Mouiche Josué.
Des travaux réalisés boiteusement, qui avaient, en son temps, fait grand bruit dans la cité, les rumeurs faisant rage dans les milieux sportifs d’une sous-utilisation des fonds, plus de 10 millions, destinés auxdits ouvrages. Les autorités provinciales étaient accusées de détournement des fonds, de connivence avec l’entreprise adjudicataire du marché public en question, tellement il était difficile de constater l’effectivité des travaux.
C’est qu’en réalité, rien de spécial n’avait changé sur l’aspect néfaste du stade municipal de Bamendzi. Jusqu’à maintenant, des populations peuvent regarder, tranquillement, les matches à travers les ouvertures des murs du stade, si elles ne choisissent pas de se percher au dessus de ces arbres et/ou maisons à étages qui encombrent le quartier.
Tribune à récurrente étanchéité
Après avoir acheté son billet, et…sa chaise, le spectateur qui prend place à la tribune aux constructions douteuses, n’est pas épargné des suintements, à cause d’une toiture percée et prête à céder à quelconque coup de vent violent.
Au milieu des spectateurs ordinaires, est positionné le banc des hommes de médias. Une chance qui n’est pas accordée à certains stades de la République. La désuète cabine de reportage n’est plus très courue par ses locataires naturels. Les reporters de la Crtv font souvent comme ceux des médias privés: dans les gradins et par téléphone, ils perturbent régulièrement les paisibles spectateurs de cette tribune « d’honneur ».
Une tribune alors segmentée par du bois pour donner lieu aux tribunes A et B, où les chaises ne sont pas autorisées. Le spectateur se les pose les fesses à même le sol, s’il ne peut débourser la somme de 10 francs pour s’approprier les bouts de papiers journal que des enfants, malpropres, vendent à la criée, dans ou à l’extérieur du stade. Toujours prêts cependant à se sauver d’un surprenant suintement, ou des précipitations que leur dirige le vent, souvent.
En face de celle-ci, c’est-à-dire en traversant toute l’aire de jeu, une quelconque tribune y est également montée. Les spectateurs y sont régulièrement debout. C’est où le groupe des supporters du Tpo installe toujours son arsenal de « cinglés », pour faire son « Show ».
C’est également devant cette tribune que sont dressées les couleurs des équipes belligérantes, qui entourent le drapeau de la Fifa, et celui du fair-play.
Champs de patate
L’espace de jeu, en lui-même, n’est pas envieusement praticable. Que ce soit en saison sèche comme en saison pluvieuse, sa qualité est réprimée par les joueurs, surtout ceux de Cotonsport de Garoua qui s’amusent sur le gazon du stade de Roumde Adjia, le meilleur de la république, dit-on.
Le ridicule est observé en saison pluvieuse, durant laquelle les rencontres de football se transforment le plus souvent en terrain de water-polo.
En réalité, c’est d’un véritable champ de patates garni de billons par endroits qu’il s’agit, très peu recommandé à tout joueur professionnel. C’est pourtant ici que les Njitap, Webo, Ngom Komè et autres Gathuessi, pour ne citer que ceux-ci ont suivi leurs premiers cours de football !
Ils sont donc nombreux qui, à ce jour, y tissent allègrement leur toile. Tantôt dans le championnat provincial de D2, tantôt dans la ligue départementale (3ème division), tantôt avec la D1, qui se poursuit jusqu’à maintenant.
C’est dire comment l’aire de jeu du stade municipal de Bafoussam est surexploitée. Racing de Bafoussam alias « Tout puissant de l’Ouest », l’équipe fanion du département de la Mifi, se la partage avec ses cousins-ennemis de Sable de Batié et de Fovu club de Baham, originaires du département des Hauts-plateaux. Et ce, pour les séances d’entraînement et leurs rencontres à domicile de championnat. « Lorsqu’il y a surcharge, les clubs sont versés au stade omnisports, toujours inachevé et toujours non réceptionné », rassure le directeur de stade.
À côté de ces matches de football du championnat civil, cette infrastructure sportive accueille aussi les compétitions nationales organisées par la Fédération nationale du sport scolaire, appelées autrefois Ossuc.
Le stade municipal de Bamendzi, c’est aussi le site approprié pour les rendez-vous culturels de grande envergure, à l’instar du Festival national des arts et de la culture, qu’il a eu déjà à supporter.
Des évènements qui ne durent pas seulement une seule nuit, et dont les charges contribuent à ruiner le « provisoire » qui est là. Que ce soit à l’intérieur qu’à l’extérieur, sur les murs et les portails, l’hygiène et la salubrité ont foutu le camp.
Pour dire vrai, le stade municipal de Bamendzi est désuet, et demeure un chantier inachevé. Pour le professeur Adjoint d’éducation physique et sportive, 9ème directeur de ce stade depuis sa création, « C’est une vieille installation ».
Mouiche Josué, qui dit ne pas gérer de crédits, conclut donc que : « Beaucoup reste à faire ». Tout comme au stade omnisports de Bafoussam, dont le chantier est abandonné depuis belle lurette (on en parlera d’ici peu).
L’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, Siegfried David Etamè Massoma, pour avoir assuré le haut commandement dans cette province, connaît la désuétude et les blocus de finition de ces infrastructures sportives. De même que le sportif Ahmadou Tidjani, actuel gouverneur de l’Ouest. A vous donc de prendre vos responsabilités !
Kisito NGALAMOU à Bafoussam, ngalamou@camfoot.com