On l’avait découvert du côté de la Roumanie, plus exactement au Steaua de Bucarest. Falemi Ngassam Nana, le métis camerounais a fait sa première apparition chez les LIONS en mars 2003, au tournoi amical de Tunis. Le demi défensif a ensuite enchaîné coupe des confédérations puis coupe d’Afrique sous le maillot vert-rouge-jaune. Puis plus rien, plus de nouvelles…jusqu’aujourd’hui.
Camfoot.com: Falemi Ngassam , que devenez-vous depuis votre dernière apparition chez les Lions?
Falemi Ngassam : Je jouais pour le Steaua Bucarest, à ce moment là. Nous avons fini le championnat Roumain à la deuxième place et joué la Coupe UEFA. Dans cette compétition, nous sommes arrivés deuxièmes de la phase des groupes fin décembre derrière l’Athlétic de Bilbao, et devant Parme. Au mercato d’hiver j’ai choisi de partir de Roumanie pour un meilleur contrat en 1ere division Greque, dans le club de Ergotelis FC Heraklion.
Camfoot.com: Est-il facile de changer de championnat comme cela en plein milieu de la saison, malgré votre club toujours qualifié en coupe Uefa en décembre?
Falemi Ngassam : À ce moment là, je ne jouais plus très souvent. J’étais à la dernière année de mon contrat, et l’entraîneur m’utilisait très peu. C’est une pratique du club qui préfère utiliser ceux qui sont sûrs de rester la saison suivante. J’ai 30 ans, et l’aspect financier est important pour moi, j’ai une famille. Mon agent, le camerounais Sylvain Honnang m’a alors trouvé une place dans le championnat grec où je joue actuellement.
Camfoot.com: Quelles sont les différences que vous avez pu constater entre les championnats de ces deux pays.
Falemi Ngassam : Les Roumains sont mieux organisés sur le terrain, tactiquement parlant… les Grecs sont plus forts, ils jouent plus physique avec beaucoup plus de détermination.
Camfoot.com: Quel est le classement de votre club le FC Ergotelis?
Falemi Ngassam : Nous luttons actuellement pour le maintien en 1ere division. Mais en même temps, déménager vers un autre pays, avec un football différent, c’est un challenge pour moi et je veux me prouver que je peux jouer un très bon football ici en Grèce. N’oubliez pas leur victoire à l’EURO 2004 ! Depuis, de très bons joueurs font partie d’équipes de ce pays et ils augmentent la qualité et l’intérêt pour ce football.
Camfoot.com: Comment se passe la vie là-bas? Avez-vous emménagé en Grèce avec des membres de famille?
Falemi Ngassam : Ma vie ici est très simple! je suis venu sans famille, ma copine, qui est une jeune actrice, est restée en Roumanie où elle a sa carrière. J’ai un frère jumeau qui vit et travaille aussi en Roumanie. Il vient quand même de temps en temps voir mes matches ici et pour ses vacances. Je suis impatient, car au mois de mai, mon père qui habite Berlin en Allemagne, viendra aussi me voir.
Camfoot.com: Vous vous y êtes fait des amis…
Falemi Ngassam : Je n’ai pas d’amis ici, j’ai seulement rencontré Joel Epalle avec qui je parle de temps en temps au téléphone. Je le connais depuis mes débuts en équipe nationale, au tournoi de Tunis en mars 2003. C’est un bon ami! À part moi, il n’y a pas d’autres Camerounais dans mon équipe. Il y a un Nigerian, un Sud-Africain, et un Ghanéen.
Camfoot.com: Vous faites partie des 23 camerounais qui ont participé à la Coupe des Confédérations en France : quel souvenir gardez-vous de cette compétition?
Falemi Ngassam : Mon meilleur souvenir est lié au match contre les USA, à Lyon. On a obtenu le nul, 0-0. J’étais titulaire, et j’ai fais mon job. J’étais content d’avoir aidé l’équipe à gagner un point. Il y a eu aussi des moments de détente dans notre chambre, avec mon roommate Eric Djemba Djemba. C’est un assez bon danseur, et donc avec Atouba ils essayaient de m’apprendre à danser. Ils m’ont même appris des pas de « couperdécaler « , la danse ivoirienne…
Camfoot.com: L’ambiance a été moins joyeuse au match suivant…
Falemi Ngassam : C’est le pire moment de la coupe des confédérations, le décès de Marco lors de la demi-finale contre les Colombiens sur le même stade. Je n’ai même pas envie de me souvenir de cela. Nous n’étions pas si proches, mais il était venu me féliciter après le match contre les USA, vous savez, une petite conversation de terrain… changeons de sujet!
Camfoot.com: Vous participez à la Coupe d’Afrique début 2004, et on ne vous revoit plus au Cameroun après l’élimination. Winfried Schaeffer vous a-t-il téléphoné au moins une fois ensuite?
Falemi Ngassam : Oui il m’a appelé pour le match contre la Bulgarie du 28 Avril 2004 et après ce fut tout! Trois minutes pour ma dernière sélection chez les Lions, quand j’ai remplacé le capitaine Rigobert Song en fin de partie…Rigo est l’un de ceux qui m’ont bien accueilli à mon arrivée: je l’appelle d’ailleurs quelques fois.
Camfoot.com: D’autres contacts chez les Lions?
Falemi Ngassam : Je parle le plus souvent avec Eric Djemba. On s’est revus pour la dernière fois lors de la venue de Manchester United en Roumanie pour la Ligue des Champions.
Camfoot.com: L’équipe nationale du Cameroun vous manque-t- elle?
Falemi Ngassam : elle me manque beaucoup! Il y a un esprit particulier à l’intérieur de celle-ci. Cet esprit est le plus énergique que je n’ai jamais expérimenté, qui unit tous les joueurs qui forment les Lions. Quand Epallè commençait à chanter dans le bus, en route vers le stade, tout le monde suivait. Il était comme un « DJ ». Cette ambiance me remplissait d’énergie et me motivait grandement.
C’était comme entrer sur le terrain et vouloir « tuer » ses adversaires. Mon autre remarque est que les joueurs sont proches les uns des autres, et très professionnels. Les entraînements étaient à leur intensité maximum, pas très longs mais très intenses.
Camfoot.com: Avez-vous l’occasion de suivre les matches qualificatifs des Lions pour la coupe du monde et la Can 2006?
Falemi Ngassam : Je suis les matches à travers internet. J’ai vu les images de Cameroun-Soudan: ça m’a fait quelque chose, j’aurais aimé y être. Je me souviens du stade, des gens, surtout du supporter qui se peint en vert-rouge-jaune avec son gros ventre (rires)! Je me souviens de l’atmosphère, de tout quoi! Je pense que le Cameroun peut se qualifier pour l’Allemagne, l’équipe est assez forte pour réussir.
Camfoot.com: Pensez-vous pouvoir apporter quelque chose à l’équipe nationale? Comment est votre jeu depuis que vous êtes en Grèce?
Falemi Ngassam : Ce n’est pas à moi de dire si je peux revenir chez les Lions ou pas. Je ne peux que l’espérer tout au plus. Mais le point est que je suis prêt, très prêt même, si jamais le nouveau coach me convoque un jour!
À propos de mon jeu, le fait de jouer régulièrement m’a permis de m’améliorer : j’ai fait de bons matches contre de grosses équipes comme Panathinaikos, AEK et PAOK. Je suis même venu ici en Grèce avec mon entraîneur personnel, qui est un athlète de l’équipe olympique roumaine. Il est là spécialement pour m’aider à améliorer mon physique et mon jeu. Avec lui, j’ai travaillé ma force, ma vitesse et ma capacité de réactivité. Toutes ces choses m’aident à mieux gérer les duels sur le terrain.
Propos recueillis par Jean-Pierre ESSO