Le métier d’agent de joueurs n’est pas réglementé au Cameroun. Sous d’autres cieux, outre les textes réglementaires de la Fifa, une batterie de textes supplémentaires viennent les adapter au contexte local. Les pays émergents sont à coup sûr les grandes victimes de l’exode massif des jeunes footballeurs. Il importe que ces états tirent profit de cet exode en s’impliquant dans les marchés des transferts des jeunes talents.
A la faveur de la reforme initiée à cet effet, la Fifa permet à toutes les fédérations affiliées d’organiser des examens d’obtention de la licence d’agent de joueurs. La Fécafoot s’est arrimée au nouveau contexte. Depuis 2001, des sessions de cet examen se déroulent en son sein. Trois ans plus tard, la profession n’est pas sortie des fonds baptismaux. Aucune volonté des dirigeants tendant à booster ce secteur d’activité n’est perceptible.
Ailleurs, les agents des joueurs outre leur organisation individuelle en entreprise avec des collaborateurs ayant des fonctions administratives, sont dans l’obligation de se regrouper en Chambre des agents de joueurs, pour la défense de leurs intérêts, c’est le cas de la Suisse. Ils sont enregistrés au ministère en charge du sport, le cas de la France, signent des conventions collectives avec d’une part les Fédérations qui statutairement font obligation à chaque club d’avoir au moins un agent de joueurs licencié, et aux joueurs de se faire représenter dans les intérêts liés à leur profession par un agent. Notamment, l’obligation pour tout joueur sollicitant un certificat de sortie de se faire représenter par un agent domicilié au Cameroun. Et d’autre part avec les institutions gouvernementales. En contrepartie, les agents de joueurs ainsi mis en pleine activité ont l’obligation de s’acquitter des impôts sur les revenus qu’ils en tirent et la fédération peut alors instituer une taxe annuelle obligatoire comme en suisse. Et pour tout litige, les fédérations nationales mettent en place une instance arbitrale spécialisée dont tout agent à l’obligation de se référer après signature de la clause arbitrale.
En dépit de tous ces atouts, l’activité d’agent de joueurs au Cameroun est restée jusqu’ici pratiquement dans l’informel. Difficile de faire la différence entre un agent licencié et un agent non licencié. Du pareil au même. Or dans, un environnement où l’on aspire à sortir le football d’un niveau peu reluisant pour lui donner les bribes du professionnalisme, les agents de joueurs sont plus que jamais des acteurs incontournables sans lesquels on y parviendra point. Pourtant cette profession doit être suffisamment encadrée. D’abord par la Fécafoot qui est tenue, sur recommandation de la Fifa, d’établir son propre règlement relatif aux agents de joueurs. Ce règlement doit être approuvé par la commission du statut de joueur de la Fifa. Il leur est d’ailleurs demandé lors de l’élaboration de leur propre règlement de respecter les statuts et règlements de la Fifa de même que la législation nationale et les traités internationaux. Un travail de longue haleine qui ne fait pas partie des priorités de la Fécafoot. Les agents de joueurs eux-mêmes qui devraient mettre la pression pour arracher de ces dirigeants ce dont ils ont droit, sont encore moins solidaires. Trois ans après les premières promotions, toujours pas de regroupement. Le projet de création d’une association des agents de joueurs camerounais s’est très vite estompé parce que soutendu par une ambition de briguer des postes aux instances dirigeantes de la Fécafoot. Les initiateurs mus par des intérêts plus égoïstes que professionnels, se font rattraper par les textes qui stipulent à l’article 3 que : » Une personne requérrant une licence ne peut, à aucun titre que ce soit, occuper une fonction quelconque au sein de la Fifa, d’une confédération, d’une association nationale, d’un club ou d’une organisation liée à cette dernière. »
Pis encore, ils sont rares les agents de joueurs qui se sont véritablement constitués en entreprise en dépit du fait que les textes leur donnent ce droit. La plupart ayant leur bureau dans les mallettes ou dans les véhicules. Les quelques sièges indiqués sont fictifs avec des numéros de téléphones fixes d’emprunt.
Mathieu N. Njog