L’association Foot solidaire veut à terme aboutir à une meilleure scolarisation des jeunes footballeurs, seule garanti d’un avenir moins incertain pour ces derniers.
« L’école doit passer avant le football et non l’inverse ». C’est ce message que madame Boumsong est venue faire passer aux jeunes joueurs et aux formateurs présents à la deuxième conférence internationale du jeune footballeur africain. Pour la mère de l’international français d’origine camerounaise Jean Alain Boumsong, le football ou le sport ne saurait prendre le pas sur l’éducation des jeunes. Voilà pourquoi de son coté, l’association créée par son fils et dont elle assure le fonctionnement ne vient en aide qu’aux jeunes qui ont de bons résultats scolaires. Afin de prêcher par l’exemple, madame Boumsong cite son fils : « Jean Alain a fait sport-études, et même s’il joue au football aujourd’hui comme professionnel, il a quand même un niveau académique de licence en mathématiques ». Le « Challenge Sidi Mohamed », tournoi de football entre établissements scolaires en Mauritanie organisé depuis quatre par Mustapha Mohamedou n’admet également que les meilleurs élèves des lycées.
Franck Happi, journaliste pour une télévision privée camerounaise, mais présent pour la conférence en tant qu’éducateur et promoteur d’établissement scolaire abonde dans le même sens. Pour lui, « on ne saurait parler de football des jeunes sans y associer le volet académique ». C’est ainsi qu’à son sens, la majorité des dits centres de formation en football ne sont que des impostures, car dans la plupart de ces structures, les jeunes ne sont pas scolarisés et sont des externes. Franck Happi a de ce fait donné des pistes pour juguler ces manquements. L’éducateur propose d’abord de sensibiliser davantage sur l’importance de l’école, en prenant pour exemple l’ex international français Lilian Thuram, qui durant sa carrière n’a selon Happi jamais eu besoin des services d’un agent de joueur pour négocier ses contrats, et ce grâce à sa scolarisation. Ensuite, il faudrait obliger les centres de formation à avoir pour partenaires des établissements scolaires afin d’assurer la scolarisation de leurs ouailles. Franck Happi pense que si le Stade Malherbe de Caen est l’un des meilleurs centres de formation en France, c’est en grande partie grâce à son fort taux de réussite aux examens (plus de 90%). Enfin, l’argent étant le nerf de la guerre, les centres illégaux ne devraient pas bénéficier des indemnités de formation versées par les clubs quand un jeune passe professionnel selon Franck Happi.
Les centres méritants récompensés
« On découvre sans cesse de nouveaux problèmes. Le danger principal est que le jeune footballeur soit considéré comme un objet. Le succès de joueurs comme Samuel Eto’o ou Didier Drogba amène une multiplication de la formation des enfants uniquement dans un but lucratif » pense Jean Claude Mbvoumin président de « Culture Foot solidaire ». C’est pourquoi, « Culture Foot Solidaire » propose un véritable projet axé sur le domaine sportif mais surtout social. « Il faut leur permettre d’avoir un projet réaliste de manière à ce qu’ils puissent avoir une porte de sortie avec un diplôme », estime Mbvoumin. Si le projet social n’est pas mis en place avant, l’échec est quasi assuré.
« Le sport doit aider le jeune à atteindre ses buts. Il ne s’agit pas d’une fin en soi », a déclaré de son coté madame Ora Musu Clemens, représentante de l’UNICEF aux assises. Pour matérialiser cette vision, l’association Culture Foot Solidaire a décerné symboliquement des diplômes et des récompenses à des associations, entreprises, centres de formation ou personnes physiques qui font de la scolarisation et du suivi social des jeunes leur priorité. Entre autres, on peut citer la Fondation Samuel Eto’o, le Challenge Siddi Mohamed Abbas en Mauritanie, le comité départemental du football des jeunes du littoral, Dominique Wansi, Jean Paul Akono, etc.