Le sport camerounais interpellé par les défis de la mondialisation. Apprendre à pêcher plutôt que donner du poisson. Tel est la problématique de la nouvelle donne sportive au Cameroun. En effet, la saison sportive qui s’achève a donné à constater l’incapacité de l’Etat à satisfaire la forte sollicitation des différents acteurs du mouvement sportif national.
La ligne budgétaire, plus d’un milliard et demi de francs cfa, destinée au financement des fédérations sportives nationa-les, fut ainsi épuisée avant la fin du premier semestre de l’exercice budgé-taire. Il fallut alors recourir à des demandes expresses de financements spéciaux auprès du Premier ministre.
Cet appel spécial des financements, conséquence inéluctable d’une consomma-tion à la va-vite des fonds disponibles, pose avec acuité le problème de l’autonomie bud-gétaire des fédérations spor-tives nationales. De ce fait, l’ouverture aux techniques de marketing se présente comme un impératif majeur pour chaque acteur du mouvement sportif national. Le Cameroun doit s’arrimer au mode de financement des activités sportives par le mécénat, le sponsoring et les gains induits.
Une amorce – timide – dans ce sens est visible au niveau du football. Trois tops sponsors ont donné le ton avec les Lions Indomptables. Certes, les contours de leurs accords avec la fédération camerounaise de football demeurent flous. Mais, il reste que leur apport financier apporte un plus à une équipe très souvent en quête des premiers besoins. Toujours en football, mais à un palier inférieur (compétitions nationales), un opérateur de téléphonie mobile offre aux équipes locales la somme de sept cents millions de francs par an.
Autant l’on se félicite de cet intérêt bienveillant, autant il y a à lieu de relever quelque faiblesse au regard de ce qui se fait ailleurs. La Fédération internationale de football boucle ses budgets de coupe du monde grâce à la publicité et à la vente des droits de retransmission télé. Les prévisions susceptibles d’être rapportées par les droits de retransmission de Corée-Japon 2002 se chiffraient à 844 millions d’Euros, soit dix fois plus qu’à France 98. C’est tout dire.
Le mouvement sportif national doit donc sortir des fourches caudines des financements étatiques. Car, à l’obser-vation, leur efficacité est sujette à caution. On le sait, au – delà des apparences, les financements publics n’ont jamais été gratuits. L’autofinancement se présente aujour-d’hui comme la condition nécessaire à la mise en route du sport de haut niveau au Cameroun. Le professionnalisme – auquel aspire le sport au Cameroun – se nourrit essentiellement de cette autonomie financière. Qu’on se le tienne pour dit : l’Etat central, qui définissait la politique et la faisait exécuter sans faiblesse, a vécu. Le boom démo-graphique et la mondialisation obligent à d’autres réflexes. Le foisonnement des écoles de football sur toute l’étendue du territoire national en est l’exemple le plus parlant. D’où la nécessité de la décentralisation tous azimuts et de l’ouverture à des partenariats avec des privés. Vous avez dit nouvelle donne sportive…
Thierry Ndong