Le nouvel environnement audiovisuel, très concurrentiel pousse la Crtv, qu’on n’avait pas connue aussi offensive en terme de diffusion de recontres à miser sur énormément de direct. Ce ne sont pas les passionnés qui s’en plaindront… Etat des lieux
Jusqu’ici, on avait pris l’habitude de suivre la retransmission en direct de la finale de la coupe du Cameroun de football sur la Cameroon radio television (Crtv). C’était d’ailleurs devenu une tradition. Pour la première fois au cours de la saison sportive qui s’est achevée il y a quelques semaines, la télévision nationale a diffusé les finales de coupe du Cameroun de cinq fédérations sportives nationales. A savoir le volley-ball, le handball, le basket-ball, le tennis et les danses sportives. Ce qui a d’ailleurs tranché avec les habitudes de la télévision nationale qui se contentait généralement de faire des comptes rendus de ces finales dans les éditions d’informations et d’y revenir en longueur au cours des émissions spécialisées que sont « Sport Parade » et « Sports Vision ».
« En réalité, nous essayons de nous rapprocher de ce qui intéresse les Camerounais. Tout en essayant d’appliquer la déclaration du chef de l’Etat qui a toujours soutenu qu’il n’y avait pas de sport mineur, ni de sport majeur. C’est ainsi qu’après la diffusion des finales nationales de volley-ball, nous avons constaté que le public était plutôt réceptif, ce qui nous a d’ailleurs encouragé à poursuive dans cette lancée. Même si cette année, les retransmissions se sont effectuées dans un désordre artistiques puisque chaque fédération venait en disant qu’elle souhaite également que ses finales soient retransmises sur la télévision nationale », indique Sally Messio à Bediong, le directeur des programmes de la Crtv Télé.
C’est donc la Fédération camerounaise de volley-ball (Fcvb) qui a ouvert le bal dans cette saga de retransmissions en direct des finales nationales sportives en août dernier.
« Nous avons toujours sollicité la télévision nationale pour la couverture médiatique en direct de nos manifestations sportives. Ca a toujours été un aspect important de la vulgarisation de notre discipline sportive. Jusqu’ici, les démarches administratives prises à cet effet se sont toujours avérées vaines. Cette année, à notre grande satisfaction, les responsables de la Crtv sont entrés en contact avec nous pour savoir ce que nous attendions d’eux dans cette opération « , confie Auguste Tocko Ekambi, le Secrétaire général de la Fcvb. Des propos que corroborent Jonas Syapze, le président de la Fédération camerounaise des danses sportives et disciplines assimilées (Fécadansa) : « Nous avons adressé une correspondance au directeur général de la Crtv pour solliciter la diffusion en direct de la fin de nos activités sportives. Quelques temps après, nous avons reçu une réponse positive de sa part ».
Vulgarisation
Une fois l’accord de principe élaboré, il ne restait plus qu’à régler les aspects techniques liés à cette diffusion. « Il était question de définir le temps d’intervention de chaque groupe jusqu’à la seconde près, de savoir qui intervient à quel moment. Lorsque nous avons mis en place tous ces paramètres, il ne nous restait plus qu’à repartir à la Crtv. A ce niveau, le directeur des programmes nous a beaucoup assisté. C’est d’ailleurs sur sa proposition que nous avons ramené les finales à 17h30 au lieu de 20h comme nous l’avions initialement prévu « , poursuit Jonas Syapze. Du côté de la Fcvb, il fallait également s’assurer que la durée des matches ne dépasserait pas un temps précis. « C’est sur cet aspect qu’ils étaient très pointilleux. Il était donc question de s’assurer qu’aussi bien les matches que la cérémonie protocolaire puisse tenir sur une durée précise. C’est ainsi que lorsque les dames jouaient leur match, on préparait déjà les garçons. Et dès celui-ci s’est terminé, on a juste eu le temps de déplacer la hauteur des filets pour que les messieurs disputent leur rencontre », déclare Auguste Tocko Ekambi.
La retransmission de ces finales à la télévision en direct est gratuite. Interrogés, les responsables des fédérations sportives et même ceux de la Crtv sont unanimes : aucune fédération sportive n’a déboursé un kopeck pour la diffusion de leur finale. « Cette retransmission ne nous a rien coûté. La Crtv a apporté son concours sans une exigence particulière « , reconnaît Jonas Syapze. Par contre, la Crtv a mis la main à la poche. « C’est avec le budget de la Crtv que nous avons assuré la production de ces programmes spéciaux. La télévision nationale est un service public et par rapport à cela, nous avons une certaine obligation à l’endroit de ces fédérations. Encore que tous les responsables de ces fédérations venaient vers nous en disant qu’ils n’ont pas d’argent », ajoute Sally Messio à Bediong.
En effet, pour déplacer le car de retransmission, il faut débourser en moyenne entre 200.000 Fcfa et 300.000 Fcfa. « Il y a au moins 20 personnes qui se rendent sur les lieux de l’évènement, il faut acheter les crédits de communication, les cassettes, et le gasoil pour le fonctionnement du groupe électrogène utilisé par le car. C’est donc autant de charge qu’il faut régler », poursuit-elle. La quote-part des sponsors permettra donc à la Crtv d’amortir ses dépenses. D’autant plus que c’est sur la contribution de ceux-ci que la télévision nationale compte pour poursuivre dans cette lancée. « Dès l’année prochaine, nous appliqueront une réelle politique du direct de la plupart des manifestations sportives nationales. Il faudra juste que les fédérations sportives nationales nous fassent parvenir leur chronogramme d’activités, tout en précisant les évènements dont elles veulent que nous assurions la couverture médiatique », conclut-elle.
Priscille G. Moadougou