Le Cameroun a mal à l’organisation et à la gestion du sport. Le paradoxe reste d’actualité. Le Cameroun, nation sportive de renommée internationale, continue à rudoyer ses athlètes de haut niveau.
Après les générations des Mbappe Lépé et Roger Milla, c’est au tour de la jeune garde, toutes disciplines confondues, de se confronter aux réalités d’une politique gouvernementale inopérante en matière de sport. Plus que par le passé, le sportif de haut niveau au Cameroun est condamné à la clochardisation.
Faute d’un statut clairement défini par des textes officiels, les professionnels du sport installés au Cameroun vivent la précarité, malheureusement préjudiciable à la pratique efficiente de l’activité sportive.
Le corollaire de cet état de chose est connu : des performances en deçà des attentes ou de la moyenne ; des abandons prématurés de la compétition d’élite ; et bien sûr la fuite effrénée vers des horizons plus porteurs. Concernant ce dernier aspect, les sportifs camerounais mettent à contribution tous les stratagèmes. Dont le moindre n’est pas la désertion très peu cavalière des délégations à l’occasion des compétitions internationales. Les chiffres, pour l’année qui s’achève, donnent le tournis. Environ sept cent jeunes camerounais sont sortis du territoire national pour tenter une carrière internationale de footballeur.
Impréparation
Difficile dans ces conditions de mener à bien le second pilier de la politique sportive proclamée par les pouvoirs publics, en l’occurrence la formation de la relève. Les mouvements incontrô-lables des sportifs et la falsification récurrente des identités rendent pratiquement impossibles le suivi des jeunes pratiquants. Aujourd’hui, l’Etat est débordé par la complexité des défis liés au renouvellement des talents sportifs en vue d’approvisionner en permanence le sport d’élite en compétiteurs de valeurs. Ce qui témoigne d’une incapacité avérée d’anticipation doublée d’une incom-pétence notoire à gérer les situations les plus inattendues.
En football par exemple, les péripéties qui ont entouré la publication des premières listes de l’équipe nationale A’ sont encore vivaces dans les esprits. Annoncée comme le réservoir des Lions Indomptables, la sélection des futurs cadres de l’équipe nationale fanion a mis à nu les tripatouillages des listes et les hésitations injustifiées des pouvoirs publics à engager une réforme ô combien salutaire pour le football camerounais. Le fichier informatisé des joueurs retenus dans les différentes catégories de l’équipes nationales de football est loin d’être effectif. Malgré l’annonce faite par l’entraîneur sélectionneur national , en octobre dernier. En plus, le football jeune – qui doit donner une visibilité à la politique de renouvellement des talents – coince. Malgré le dispositif mis en place.
Limites
L’Etat montre également des signes d’essoufflement dans l’encadrement et la vulgarisation du sport. Encastré dans des querelles pour le moins enfantines avec les fédérations sportives nationales, le ministère de la jeunesse et des sports semble débordé par une demande toujours croissante en terme d’offres en disciplines sportives. Dans des espaces publics inadéquats, et parfois au risque d’accidents, les pratiquants amateurs et professionnels – s’adonnent à la pratique du sport. La création d’une fédération sportive spécialisée (Sports pour tous) n’y fait rien. Les Camerounais, faute d’infrastructures appropriées, occupent les moindres espaces disponibles.
Le constat, en définitive, tombe sur les sens : la politique sportive au Cameroun est une nébuleuse. N’en déplaise à ceux qui tentent, contre vents et marées, de vouloir contrôler un secteur désormais libéralisé par la force des choses.
Thierry Ndong