Camfoot.com : Quelle est votre impression de la dernière coupe du monde junior ?
Roger Milla: Un gâchis pour le Cameroun. Nous devons prendre l’exemple de ce qui se passe au Ghana, même s’ils ne sont pas en réalité plus forts que nous. Mais, ils sont bien disciplinés. Ils ont un bon staff, qui est là pour l’équipe. Je félicite leur entraîneur qui a su apprendre auprès des autres, parce qu’il a toujours été entraîneur adjoint des Claude Leroy et autres. C’est sa consécration. Les nôtres veulent être en haut, sans avoir bataillé dur.
Camfoot.com : Qu’est ce qui n’a pas marché ?
Roger Milla: L’équipe n’a pas travaillé. Elle n’était pas dans la compétition. Prenez les trois matches qu’on a joués, ils n’ont convaincu dans aucun match. La Corée que nous avons gagnée par chance aurait pu nous battre par huit buts au moins. Ce n’est pas normal ce qui nous est arrivés avec ces bons joueurs que nous avons chez les juniors. Voilà une génération perdue, qui aurait pu aller loin dans cette coupe.
Camfoot.com : Est-ce que ce n’était pas un problème de préparation ?
Roger Milla: Ils se sont préparés ici, ils ont fait un stage en Turquie. Ce n’est pas seulement quand on se prépare en Europe qu’on est sûr de gagner.
Camfoot.com : Mais si on joue contre les clubs de seconde zone du Cameroun ?
Roger Milla: Jouer contre les clubs de seconde zone ça veut dire quoi ? Est ce que c’est parce que tu joues contre un club de seconde zone que tu ne peux pas être en forme ? Ce sont des prétextes inutiles. C’est vrai que dans une coupe du monde, il faut d’abord faire des matches amicaux, mais est-ce que nous avant, on faisait des matches amicaux ? Avec quel pays ? On avait confiance en nous même et les résultats suivaient. On était en 1982, 1990 et 1994, est ce qu’on a pas bien joué ? Quand on a la chance d’être en stage, il faut en profiter. Même si c’est avec une équipe de seconde zone, il faut juste savoir préparer l’équipe.
Camfoot.com : Qu’est ce qu’il faut pour avoir une équipe conquérante à l’avenir ?
Roger Milla: La discipline et changer ce staff. Je ne dis pas que ceux qui sont là, sont mauvais, mais il faut avoir des gars qui sont capable d’écouter et acceptent l’aide des autres. Quand on a gagné la Coupe d’Afrique en 1984, on avait combien de personnes sur notre banc ? En coupe du monde 1990, ils n’étaient pas assez à assister Valery ? Il faut accepter tout ce qu’on met en place. Le ministre n’est pas bête, quand il t’adjoint des personnes avec qui tu dois travailler. Le ministre cherche la victoire du pays.
Entretien mené par Joseph Dzéné à Yaoundé
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