Le football ressemble fort bien à une drogue, les jeunes talents étant la marchandise et les agents de joueurs, les dealers. A tort ou à raison, les agents de joueurs ont mauvaise réputation. On les accuse souvent d’exploiter les sportifs et de profiter de leur droit d’ingérence dans la carrière de leurs poulains pour les spolier. Cela remet-t-il en doute la place prépondérante des agents de joueurs dans ce qui est à fortiori devenu le football business ?
Invariablement la réponse est négative, tant qu’existeront les bourses de valeurs des footballeurs talentueux qui ne sont rien d’autre que les marchés des transferts, notamment dans les différents championnats européens concernés par près de 90% des grosses transactions mondiales. Ici, les agents de joueurs sont appelés en permanence à mettre en relation un joueur et un club ou deux clubs. De véritables marchés boursiers sont ouverts et où sont vendus aux enchères les talents des joueurs valeureux avec la manipulation ou l’influence des bookmakers. Dans cet environnement, les agents de joueurs jouent indubitablement le rôle de négociants, courtiers, agents d’échange, bref d’intermédiaires pour satisfaire les ambitions des joueurs ou renchérir leur valeur marchande. Il y va de leurs prérogatives. Car, l’agent de joueurs est chargé de trouver des contrats ou des emplois aux joueurs dont ils défendent les intérêts. Ils gèrent également leur carrière et leur argent dans les règles prescrites par la réglementation internationale définie par la Fifa. Il n’y a pas de raison de se méfier ou de se sevrer de services d’un agent de joueurs. Même si la Fifa donne la latitude à un joueur ou à un club de faire usage ou non d’un agent de joueurs. De manière sibylline, les mêmes textes recommandent à chaque joueur de se servir pendant ces négociations d’un homme de métier qui n’est autre qu’un agent de joueurs. Ce dernier ayant des droits et des obligations le contraignant à honorer ses engagements. Il est ainsi astreint de « toujours agir avec sincérité, transparence et objectivité vis-à-vis de son mandant mais aussi des parties négociatrices et des tiers. »
Des exigences équitables
Plus encore, l’agent de joueurs ne peut indéfiniment avoir main mise sur un joueur. Le règlement gouvernant l’activité des agents de joueurs limite la durée d’un contrat à deux ans et pas plus. Toutefois il peut avoir renouvellement écrit avec l’accord des deux parties. La Fifa interdit toute reconduction tacite. Et prescrit que le contrat précise explicitement la partie rémunératrice (l’agent de joueur), le mode de rémunération ainsi que les conditions régissant son attribution. A ce titre le modèle de contrat de médiation type tel que l’exige la Fifa rappelle que l’agent de joueurs est rémunéré exclusivement par le mandant pour les services rendus. Non par un tiers. Mais lorsque c’est un joueur qui est son mandant, il perçoit une commission à hauteur prescrite (n’excédant pas 10%) du salaire de base brut annuel réalisé par le joueur aux termes du contrat de travail négocié par son agent. Ce paiement peut alors se faire par versement unique au début de la période couverte par le contrat de travail ou par décompte annuel à chaque fin d’année contractuelle. Sans tenir compte de toutes prestations supplémentaires telles que voiture et logement de fonction, primes de matches, primes de réussite et autres avantages du joueur. Or lorsque le mandant est un club, l’agent de joueursperçoit une commission sous forme de paiement forfaitaire à hauteur d’un montant préablement fixé.
Il est à noter que si le contrat du travail du joueur a une durée plus élevée que le contrat de médiation le liant à l’agent de joueurs, ce derniercontinue à avoir droit à sa rémunération jusqu’à expiration du contrat de médiation. Cet avantage dont bénéficie l’agent de joueurs ne s’éteint que si le contrat de travail du joueur arrive à expiration ou dès que le joueur a signé un nouveau contrat de travail, n’ayant pas été négocié avec l’aide du précédent agent de joueurs. Ceci dit, d’autres fédérations ont ajouté à ces prescriptions les clauses suivantes : la liberté aux parties contractantes de passer des accords supplémentaires. Et la possibilité de résilier le contrat librement et en tout temps sans aucun préjudice d’éventuelles indemnités.
Précisons que la police d’assurance, ou la caution dont doit s’acquitter annuellement tout agent de joueurs pour être en règle, sert de garantie afin de permettre de couvrir les demandes de dommages et intérêts éventuels, formulées par un joueur ou un club en cas de malversation d’un agent de joueurs. Il faut tout simplement dire que, lorsqu’un joueur ou un club est imprégné de ces textes, il n’y a plus lieu de considérer les agents de joueurs comme des spoliateurs mais comme des partenaires incontournables dont il est urgent de voir animer aussi le marché des transferts au niveau national.
Mathieu N. Njog