C’est l’histoire du sempiternel affrontement. Les Nations se croisent, les saisons se succèdent les unes les autres, des faits quittent l’histoire, rentrent dans la fable, se tournent en mythes. Il en est ainsi de plusieurs confrontations épiques; la mémoire humaine remonte les civilisations, l’esprit du curieux feuillette les annales du temps. Il en resurgit, tels des sphinx ,des hauts moments, connus comme classiques, classés comme usuels et dont la familiarité n’a toujours pas pu effacer la particularité, le sensationnel. David et Goliath, la Bête et l’Elu….
Que ces confrontations soient alors politiques, amoureuses, cornélliennes, sportives, de l’époque des gladiateurs ou de celle plus actuelle des jeux olympiques, de la Coupe d’Afrique des nations, elles laissent planer avant, pendant et des lustres après, cette fameuse sensation de l’inédit, ce parfum envoûtant et maintes fois redemandé du crucial, des dates inoubliables. Qui pourrait en effet effacer de la mémoire des accros du football la date du 21 Mars 1986 à l’International Stadium Cairo? C’est qu’en fait les rencontres entre Pharaons Egyptiens et Lions Indomptables Camerounais se sont élevées au fil des rencontres et au gré des enjeux au chapitre de duel légendaire, de combats de titans.
Destins croisés
S’il est une confrontation qui suscite les passions et qui défraie les chroniques, celle du 04 Fevrier à Sikasso est pour beaucoup la plus indiquée. Cameroun-Egypte, le triple champion d’Afrique contre le quadruple. Hossan Hassan contre Patrick Mboma, Al Gohary contre Shaffer
L’un est mondialiste, l’autre non .Ce constat n’occultant aucunnement la qualité de la confrontation de Lundi prochain ; Les pharaons en 1998 avaient déjà remporté le titre continental sans être qualifié pour le rendez-vous français. Cette rencontre des quarts de finale qui mettra face-à-face deux poids lourds, les deux derniers champions d’Afrique est attendu avec grande fébrilité de part et d’autres. Nanti de ses dix huit participations et auréolée de ses quatre couronnes, l’Egypte n’est plus à présenter sur la scène footballistique africaine.
Le Cameroun, le champion en titre et le champion olympique a envie de marquer de son sceau le football mondial avec sa cinquième participation à la coupe du monde en mai prochain et rêve de cotoyer son adversaire du jour au rang d’équipe la plus titrée du tournoi africain. Dépuis 1984 les deux équipes se sont rencontrées 4 fois en CAN, le Cameroun a eu le dessus en 1988 au Maroc, avec un époustouflant Jacques Songo’o et en 1996 en Afrique du Sud.
Différences de style
Cette CAN 2002 s’avère être l’occasion idoine pour les Pharaons de racheter une saison marquée notamment par leur élimination du prochain mondial. Débutant la compétition par une défaite face aux Sénégalais, les Egyptiens ont retrouvé de l’aplomb en défaisant les futurs mondialistes tunisiens et la toujours très surprenante équipe de Zambie. Revigorés par le retour de leur buteur Hossan Hassam blessé lors des deux premiers matchs, ils affronteront à armes égales les Lions Indomptables qu’ils ont vaincu plus d‘une fois par le passé, à Abidjan en 1984, au Caire en 1986. Le sélectionneur Egyptien a bâti son équipe autour d’une chanière défensive rigoureuse. Doté d’un jeu alerte et très technique cette équipe est reconnue comme difficilement manoeuvrable. La blessure d’un certain Ramzi doit amener l’équipe à un calcul défensif inhabituel. On imagine alors que les Egyptiens vont s’appuyer sur leur vivacité pour procéder par contre-attaque ou alors essayer d’imposer leur présence en milieu de terrain pour contrer le jeu de flanc camerounais.
Les Lions Indomptables aborderont ce match certainement avec le sérieux et la rigueur qui les caractérisent, appliqués comme ils le sont à conserver leur titre conquis de haute lutte l’édition précédente. Autour des cadres habituels que sont Mboma, Foé et Kalla, le sélectionneur aura plusieurs options de configuration d’équipe et de choix d’éffectif. Tout autour du capitaine Rigobert Song, beaucoup le voient opter pour un schema de jeu plus classique, renforcé en défense, un 4-4-2 en l’occurence.
On le voit, ce sera Lundi, l’opposition de deux styles, une équipe Egyptienne volontaire, en mouvement et très technique contre des Lions, sûrs d’eux, homogène, solide dans tous les compartiments et en état d’alerte. La bataille du milieu de terrain sera déterminante et le match basculera pour l’équipe qui aura ce jour l’attaque la plus réaliste, les deux équipes ayant laissé transparaître quelques défaillances sur ce plan lors du premier tour.
Quitte ou double
Il va sans dire que le vaincu de cette confrontation devra plier bagages et dire aurevoir à la compétition. Le vainqueur sera en pôle position pour la finale, ayant accumulé le capital confiance nécessaire pour affronter en démi-finale soit l’Afrique du Sud soit le Mali, des adversaires tout autant redoutables mais d’un calibre différent. Ce sera donc un »Lundi Linceuil » pour des pharaons momifiés ou pour des Lions domptés. Que la fête soit belle et, propos de fan, puissent les Lions vaincre!!!