Le vieux Lion a frappé fort. Dans une interview fleuve qu’il nous a accordée, Roger Milla évoque une nouvelle fois l’ambiance dans la sélection et notamment durant la période Otto Pfister. Dans son style particulier, il pense que c’est Samuel Eto’o qui était le fauteur de troubles éclatant au passage l’influence de Song, Geremi et Kameni, le fameux « 1984 », objet de tous les fantasmes.
Accusés de tous les maux, sulfureux, ces chiffres qui symbolisent autant le premier titre africain que les numéros de maillot des joueurs incriminés, vient de trouver un défenseur. Renversement de l’histoire, ces joueurs voués aux gémonies retrouvent des couleurs. Sur le plan sportif, ils ont pris leur part active au redressement de la maison vert-rouge-jaune et le match contre l’Angola a mis en évidence l’importance de leur expérience. Paul Le Guen l’a compris, lui qui a sûrement été briefé sur le fameux numéro et alors qu’à priori, il partait pour éclater cette bulle, il les a tous confirmés à leur poste respectif. Parce qu’individuellement, ils restent des compétiteurs et ne sont pas prêts à abandonner leur place sans se battre.
Déterminés sur le plan sportif, mais respectueux tout de même de la discipline et des choix du coach. Le « 1984 » est d’abord déterminé par la performance sportive. Les plus houspillés ont répondu présents. Rigobert Song, dépossédé de son brassard de capitaine puis de sa place de titulaire, n’a pas fait de vague et a repris sa place sur le terrain. Geremi Njitap, tant décrié, a fait ses rencontres et n’a pas encore de concurrent qui lui soit passé devant.
La CAN puis la Coupe du monde devront permettre à d’autres de prendre le relais. Samuel Eto’o, ce n’est un secret pour personne, n’est pas un leader de vestiaire. Il l’est sur le terrain par son poste et son aura mais moins en coulisses. Une génération va arrêter la nat en 2010, le staff technique partira certainement aussi mais l’Esprit Lion devra survivre. Avec des joueurs prêts à se défoncer pour que la maison ne craque pas. Irréprochables dans l’esprit et sur le terrain. Et à sa manière, c’est ce que le vieux Lion a voulu exprimer…
Entretien mené par Joseph Dzéné à Yaoundé
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