Depuis la fin de la saison 2011-2012, c’est la chasse aux sorcières entre la Direction générale et la Présidence du club.
«La Présidence du Tonnerre Kalara Club n’a rien fait pendant cette année». D’un ton rassuré, Patrice Omgba Nsi ne semble pas avoir oublié que le Tonnerre Kalara club (Tkc) de Yaoundé vient de retrouver la première division, après son sacre au championnat national de deuxième division, Mtn Elite two. Une remontée qui se célébrait ce vendredi, à l’hôtel de ville de Yaoundé. Le Directeur général du Tkc, qui reproche au président Emile Onambélé Zibi, son «incompétence» et ses lacunes managériales, lui dénie toute contribution aux efforts ayant conduit à cette remontée. «Notre mission au sein de la Direction générale était de faire remonter le club en première division. Chose que nous avons réussie brillamment avec le concours et l’engagement des joueurs et de leur entraîneur. La présidence n’y est pour rien», déclare-t-il. Au passage, Joseph Atangana, l’entraîneur principal, se montre pathétique : «personne ne peut supporter ce que j’ai subi au sein du Tonnerre», se lamente-t-il. Un proche de la direction générale précise que «le coach n’a jamais été payé». L’occasion pour Patrice Omgba Nsi d’enfoncer : «les joueurs et le coach n’avaient pas de salaire, ni les primes escomptées. Il a fallu qu’on s’occupe d’eux durant quatre ans. Aujourd’hui on nous traite de voleurs et de menteurs? C’est le comble de tout».
Faux, rétorque l’accusé : «je ne dois pas de l’argent aux joueurs. Tous les joueurs ont été payés». Le président délégué du club, exhibe des tas de documents portant décharges d’importantes sommes d’argents. On y retrouve entre autres le nom de Joseph Atangana. «Il a signé pour deux millions, mais il a perçu un million, en dehors de tout ce qu’il a reçu du président délégué», précise le patriarche. Réfutant tous les charges, pour revendiquer lui aussi le résultat final : «Nous avons fait un travail très profond pour ramener le tonnerre là où il était. C’est en faillissant que l’on apprend… Si on suivait ceux qui criaient dans la rue, le Tonnerre n’aurait pas occupé le poste qu’il occupe là», se vante le vieux dirigeant. Lui qui voit la main sécrète du Général Sémengue qui veut «imposer son fils» Stéphane Semengue. Le Patron de la Ligue de football (ancien président du Tkc) qui est intervenu par le passé dans la crise au sein du club, en gelant les fonds destinés au club, a déjà clamé son innocence.
Deux camps opposés
Tout cela ne peut pas distraire les opposants à Onambélé Zibi, qui ne veulent pas du successeur d’Essomba Eyenga à la fête de ce jour, de peur de se voir voler leur victoire. Mais mieux qu’une simple exclusion de la fête, Patrice Omgba et compagnie estiment que le président Emile Onambélé Zibi, doit être éjecté de son poste. «Le président Onambélé est pleinement membre du Tonnerre, mais il n’est pas obligé d’être président à vie. Il faut qu’il parte», martèle-t-ils. Ce dernier va également organisé une fête ce jour à son domicile afin de court-circuiter celle du patriarche.
Et pour «mettre un terme à cette page sombre de l’histoire du Tonnerre», le camp Omgba Nsi a un plan d’action en trois temps. D’abord l’organisation d’un congrès dont les grandes lignes restent encore secrètes, la révocation du patriarche de la présidence, et la réorganisation du club sur les plans administratif et financier. La même démarche est entreprise par Emile Onambélé Zibi, contre ses adversaires. «On ne peut pas ouvrir une nouvelle page sans recruter des joueurs. Tous les joueurs ont été recrutés par moi, et ils ont perçu leurs droits de signature», riposte Onambélé Zibi. Pour le déploiement du calendrier, il va falloir attendre l’après-fête. Mais déjà, pas question de céder le pouvoir à «la rue», prévient l’homme qui veut respecter les consignes de la Ligue de football, en matière de restructurations des clubs.
Si les joueurs sont appelés à balancer dans deux camps radicalement opposés, Joseph Atangana croit que l’avenir sera encore positif, avec ces réformes. «Il faudrait qu’il y ait un cahier de charge fiable, une structure managériale fiable pour qu’on puisse avoir des résultats positifs la saison prochaine. Il faudrait que les membres du Tonnerre, anciens et nouveaux, reviennent pour rebâtir cette équipe. Je ne suis pas prêt à revenir vivre ce qu’on a vécu l’année dernière», se confie-t-il. Onambélé Zibi tente de le recadrer : «Monsieur Atangana fait fausse route. Il faut qu’il comprenne qu’il est payé au Tonnerre au même titre que les joueurs, et qu’au Tonnerre, seul le président est élu». Et poursuit que «le président est élu et il pourvoit aux postes ; il met fin aux fonctions de ceux-ci quand ça ne va pas», menaçant. «De toutes les façons, à partir de maintenant, ce n’est plus l’entraîneur du Tonnerre», tranche-t-il. En indiquant qu’ «il recevra sa médaille avant de partir».
Créé en 1934, le Tonnerre Kalara club de Yaoundé a connu des heures de gloires dans les années 80 et 90. En voyant passer des joueurs tels Georges Weah, Japhet N’doram, Ernest Ebongue, Roger Milla. Avant de descendre en 2008, en deuxième division, dans un contexte de guerres de positionnement. A peine remontée, l’équipe est en proie aux mêmes disputes, entre la Présidence et la Direction générale. Tous les deux camps en opposition croient avoir Tsimi Evouna chacun avec soi.
Arthur Wandji à Yaoundé