Vous avez récemment demandé à la Fédération camerounaise de football de recruter au plus tôt un nouveau sélectionneur national. Moi qui croyais que vous ne m’entendiez pas, je veux être le premier à vous féliciter pour cette clairvoyance, surprenante certes, mais tout de même extrêmement encourageante.
J’ai remisé depuis quelques mois l’oraison funèbre que j’avais ciselée pour votre départ sans gloire que j’avais fixé, sur la foi de l’expérience, à l’équinoxe de septembre. L’insolente longévité dont vous jouissez au MINSEP aura donc, à défaut d’avoir pour socle une empreinte notable sur l’activité physique au Cameroun, mené à un éclair de lucidité digne de considération.
Vous avez publiquement, le premier parmi tous les lamentables personnages qui vous ont précédé, demandé à M. Iya de faire son travail. Vous pouvez faire encore plus. Par exemple, je vous livre en vrac les idées suivantes, qui n’ont rien de révolutionnaires, mais que les pays plus performants que nous ont mises en œuvre depuis des décennies avec beaucoup de bonheur.
Pas un sou de l’argent public ne doit aller au recrutement ou au traitement d’un entraîneur de football. Aucun fonctionnaire régulièrement payé par le Trésor ne peut être affecté aux soins d’une équipe de football. Aucune prime ne peut être versée par l’État ni à des joueurs de football ni à des fonctionnaires pour la simple raison qu’ils accompagnent une équipe de football. Le football est une activité privée qui doit être entièrement gérée par des associations privées, l’État ne jouant que son rôle d’arbitre et de défenseur de l’intérêt public.
J’imagine maintenant que vous avez bien compris que vous n’êtes pas le ministre du football et que tout est bien ainsi. Laissez M. Iya travailler au moins une fois dans sa vie. Il la ramène un peu trop fort dans les gazettes parce qu’il se cache derrière vous, avec raison d’ailleurs. Laissez-nous M. Iya, qui pense qu’on ne l’aime pas. On va enfin lui donner les raisons pour lesquelles on ne l’aime pas.
Après, vous pourrez vous reposer au MINSEP aussi longtemps que vous voudrez. Il ne vous restera que deux petites choses à régler. Confectionnez-nous, M. le Ministre, une charte crédible et une politique nationale de l’activité physique au Cameroun. C’est votre travail. Ensuite, demandez à M. Yang et à M. Biya, faites-vous aider par Mme Foning s’il le faut, d’annuler l’inénarrable décret signé par M. Ahidjo il y a 40 ans faisant d’une équipe de football une affaire d’État. Ce décret est ridicule et contre-productif.