Le sélectionneur des lionnes indomptables du Cameroun qui a vu la défaite in extremis de son équipe au cours du premier match des lionnes à la CAN contre les nigérianes (1-2), a accepté de se confier à camfoot.com. La disqualification à la dernière minute de Perial Dengue, la non sélection de Ngono Mani, les cadres de l’équipe recalés par leur club sont entre-autres points que nous avions abordé.
Camfoot.com: Quelle préparation pour les lionnes avant la CAN ?
Enow Carl Ngatchu : Nous avons travaillé deux fois par jour. En plus nous avons pu jouer deux matchs amicaux internationaux, contre la RDC 0 – 0 et contre l’Afrique du Sud 1 – 1. Le résultat de ces rencontres n’était très important. Elles nous ont permises de déceler quelques défaillances du groupe que nous avions travaillées. Nous avons fait notre travail. Les filles sont motivées, à elles d’effectuer leur part du boulot.
Les résultats nuls enregistrés au cours de votre préparation n’est ce pas une raison de douter de votre groupe ?
Ce n’est pas inquiétant. Il doit falloir faire les analyses. Lorsque nous sommes allés au JO, nous avions concédé 11 buts en trois matchs joués. C’était énorme, nous nous sommes attelés à travailler notre défense. Il fallait que nous formions un groupe compact. C’est pour cette raison que nous n’avions pas pris beaucoup de buts. Depuis qu’on a réussi à gommer les lacunes défensives, nous nous sommes focalisés sur la finition. Vous voyez que ceci porte ces fruits. Nous avons inscrit trois buts sans en prendre lors de notre dernier match test. Maintenant nous harmonisons l’attaque et la défense afin d’avoir un meilleur groupe.
L’inefficacité offensive nous amène à vous demander pourquoi avoir laissé Ngono Mani ?
C’est un choix. Nous avons fait un choix. Il y a des jeunes filles qui sont entrain de monter. Nous avons décidé de faire confiance à ces étoiles montantes. Quand vous regardez les statistiques de Ngono Mani, elles ne sont pas éloquentes. Elle (Ngono Mani) n’a marqué aucun but aux derniers jeux olympiques (Londres 2012), aux derniers jeux africains elle a marqué un seul but en cinq rencontres. Nous ne misons pas sur une joueuse. C’est le groupe qui travaille, n’importe qui peut marquer. C’est (Ngono Mani) une joueuse très talentueuse. Mais nous avons fait un choix c’est tout.
Qu’est ce qui explique l’absence de certaines cadres de votre sélection (Edjanguele Siliki, Adjara et Ngog Yango) ?
Les clubs ont refusé de les libérer, prétextant que la CAN féminine n’est pas reconnue par le calendrier FIFA. Nous avons fait la demande aux clubs qui sont restés figés sur leur position de départ (refus de libérer les joueuses). Pour la petite histoire, une des avant-centres nigériane qui joue au Ruzian avec Siliki Edjangue a eu une rupture de contrat. Car elle a choisi de jouer pour sa sélection et elle a été renvoyée. Je déplore juste le fait que le club de Potsdam en Allemagne dans lequel évolue Ngog Yango libère Ayogma la capitaine de la Quinée Equatoriale et bloque Ngog Yango. Pour tant nous avons fait la correspondance et l’équipe a répondu que Ngog Yango est une pièce maitresse dans leur dispositif. Comme je le disais plus haut, nous avons des jeunes joueuses qui vont goûter pour la première fois à une phase finale de coupe d’Afrique. Mais je reste confiant.
L’absence des ces cadres doit-elle susciter des inquiétudes ?
C’est vrai que ce sont des joueuses qui ont beaucoup d’expérience. Elles sont des pièces maitresse de notre système de jeu. Mais nous n’avons pas d’inquiétudes. A chaque compétition il y a des révélations. Parmi les jeunes que nous avions amenés, une peut sortir du lot et se révéler au grand public. Car les anciennes ont eu le même parcours. Il est juste question pour ces jeunes de prouver quelles méritent leur sélection et quelles peuvent valablement défendre les couleurs du Cameroun. Il y a énormément de potentiel dans ce groupe. Nous restons confiants.
Pourquoi avoir sélectionné Perial Dengue pour tant elle a une double identité ?
Elle (Perial Dengue) a été convoquée un mois avant comme les autres professionnels. Elle a fait la préparation, elle a joué les matchs amicaux. La fédération ma saisie quelques jours avant le départ pour me demander de la retirer du groupe, quelle a une double identité. Quand ta hiérarchie te saisit dans une situation pareille, tu ne peux pas faire autrement. Il est vrai que la fédération pouvait nous signifier ceci bien avant. Nous sommes pénalisés, car la liste des joueuses a été envoyée à la CAF avec son nom. C’est pour cette raison que nous allons à 20 au lieu de 21.
Pouvons-nous alors déplorer la lenteur administrative de la fécafoot ?
Déplorer, je ne sais pas si c’est le mot. Mais si elle (Perial Dengue) a triché, on doit la pénaliser. Pour le reste, il faut vous rapprocher des autorités compétentes. Je ne peux rien dire d’autre à ce sujet. Ils ont fait leur travail, ils l’ont suspendue. Moi en tant qu’entraîneur, je l’ai retirée de ma liste.
Qu’en est-il de l’éternel problème de prime chez les filles ?
Je pense que le ministre ainsi que le représentant du président de la fédération étaient là. Ils ont parlé avec les enfants. Ces enfants ne demandent qu’à jouer et défendre les couleurs de leur pays. Mais tel que nous avons vu l’ambiance, je crois qu’il n’y a pas de problème.
Permettez que j’insiste au regard des huit millions promis aux hommes en cas de qualification ces filles ont-elles reçu une cagnotte satisfaisante ?
Je ne suis pas bien placé pour parler des primes. Je pense qu’il y a le cadre des suivis. Il y a plusieurs personnes qui entrent en jeu. Il faudrait vous rapprocher d’elles.
Pensez-vous tout de même que le problème de primes a été réglé ?
Oui je pense que ça a été résolu !
Quel est l’état d’esprit du groupe ?
Les filles sont motivées. Elles sont suffisamment concentrées, tel que nous les voyons, si les choses persistaient ainsi, nous pourrions rentrer avec le trophée.
Que pouvez-vous dire de votre groupe ?
C’est un groupe homogène. Un savant dosage entre les joueuses expérimentées et les nouvelles. C’est une équipe talentueuse, disciplinée qui a de l’envie et la volonté de bien faire. Je suis satisfait de la sérénité et l’ambiance qui règne dans le groupe. C’est le reflet de ce qui s’est produit durant la préparation. Nous espérons que tout se passe ainsi au cours de la CAN. C’est la première fois qu’on va à une compétition sans trop de problème extra-sportif. Les enfants savent pourquoi elles sont là. Elles veulent seulement défendre les couleurs du Cameroun.
Par James Kapnang