Il s’était cru malin et futé de laisser pendre sa langue sur fond de sarcasme et d’humour noir à propos de sa mise à l’écart du rang des 18 compétiteurs retenus par Jean Paul Akono pour affronter le 14 octobre dernier le Cap-Vert. Embarassé après coup par l’exploitation clairvoyante qu’ ont fait les médias desdits propos, Aurélien Bayard Chedjou Fongang le très peu rassurant défenseur central de Lille et faute de mieux des Lions Indomptables, mesure maintenant l’étendue de sa gaffe et des conséquences possibles. Et c’est toute son habituelle superbe qui en prend un coup.
Avec une vingtaine de sélections en équipe nationale depuis le 12 mars 2009 et un palmarès vierge de tout élément de gloire exceptés l’exotique LG Cup et le doublé coupe/championnat français 2011 qu’il a remporté avec son club Lille OSC et dont on mesure aujourd’hui la vraie valeur dérisoire à l’échelle des compétitions européennes, Aurélien Chedjou quelque part comme on dit au Cameroun, se sentait déjà; mieux, se prenait pour un indéboulonnable de la sélection nationale. Il n’y a qu’à suivre ses multiples prises de parole et cette manie qu’il a à asséner partout son caractère de compétiteur pour comprendre la gonflette qu’il se donne. Un bien drôle de compétiteur qui croit que les camerounais ont oublié par deux fois, les buts qu’il a logés contre son propre camp en des matchs décisifs. Ou qui pense que de toutes les rencontres auxquelles il a participé pour le compte de la sélection nationale, l’on ne voit pas qu’il est hésitant, emprunté et malgré son imposant gabarit, rarement rassurant dans les duels. Bref, qu’il est de la bonne graine d’anonymes qui accompagnent les sélections, y font leur petit trou, surfent sur des victoires collectives sans éclat puis finissent avec un impressionnant nombre de sélections sans jamais avoir réellement marqué les esprits. Ce ne sont pas eux que vous retrouverez en première ligne pour discuter le tir d’un coup franc décisif ou courageusement, oser prendre un pénalty sous forte pression. Ce genre est toujours là dans le lot, fort en gueule dans les coulisses et partant pour des intrigues qui ne peuvent servir que leur petite cause.
Ramené sur terre face au Cap-Vert en phase éliminatoire de la Can 2013, il n’a pas tardé à sombrer dans l’épanchement et la réaction épidermique. A-t-il de lui-même entendu son sélectionneur parler de sa blessure? Que non! Il tire prétexte d’une information dont il n’a pas confirmation de la véracité des faits, pour laisser suinter toute son amertume et partant, l’idée de son indispensabilité qu’on remet en cause par un fallacieux prétexte. Ses twitts sans aucune méprise en disent long sur son état d’esprit: « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage…A bon entendeur. » ou encore « …on va bouffer du requin ce soir » avec en arrière-pensée le sarcasme jouissif de l’aigri quelque peu ravi de l’impossible mission dévolue à ses ex coéquipiers. Même s’il ne le dit pas (mais qui le ferait?), on comprend tous ce qu’il sous-entend.
Monsieur Indispensable en a gros sur le coeur et le fait savoir urbi et orbi. Comment a-t-on pu se passer de ses services? Lui l’incontournable avec lequel des équipes de moindre envergure nous tournent en bourrique. Sans être dans les coulisses du débriefing et de l’auto critique d’après matchs, il y a fort à parier que tous les pauvres diables qui ont porté la lourde mission d’entraîner les Lions Indomptables, se sont donné un mal fou à recadrer ce défenseur central velléitaire dont les plus tolérants par excuse, trouvent que c’est un millieu de terrain reconverti qui peut avec son gabarit, apporter de la densité dans le jeu. Ah la belle excuse du gabarit! qui nous impose un balourd depuis un certain temps là où l’histoire nous a gratifiés de noms illustres tels Akono Jean Paul lui même, Aoudou Ibrahim, Djeya Réné, Massing Benjamin, Libih Thomas, Onana Jules Denis, Ebwelle Bertin et quelques autres illustres dont les noms se perdent dans ma mémoire.
Quand la monotonie donne l’illusion du talent
La pérennité de sa présence en équipe nationale ne pouvait pas perdurer sur ce genre d’imposture. Ses prestations sur l’ensemble des sélections acquises relèvent du « peut mieux faire ». Et ces coups d’éclat à Lille me rétorqueront quelques fidèles? Honnêtement, des fulgurances que tout joueur qui écume des terrains depuis des lustres peut avoir dans sa carrière. Malheureusement trop peu et peu régulier, pour justifier une place d’incontournable en équipe nationale du Cameroun où le bail de longue durée s’obtenait et doit encore s’obtenir au baroud et à la détermination.
Maintenant que la vraie détresse d’une seconde non participation à la coupe d’Afrique des Nations est là et que le temps de la décantation est venu pour réellement évaluer les troupes qui depuis un certain temps nous traînent d’approximations en approximations, la sortie médiatique de Chedjou n’a pas eu l’effet escompté. Son absence n’a pas semblé avoir de l’impact sur le jeu des Lions. Mieux, on s’est même rendu compte qu’une autre alternative était possible, fluide et prometteuse. Du coup le sarcasme et l’humour noir d’hier, tournent à la repentance. Morceaux choisis d’une mise au point queue entre les jambes: « je n’ai jamais mis en doute les choix du coach, d’ailleurs ceux qui ont joué en défense centrale ont fait un très gros match comme le reste de l’équipe. Malheureusement pour nous, la qualification n’a pas été acquise, mais je puis vous assurer que c’était la meilleure équipe et au risque de me répéter, nous n’avons pas eu le résultat espéré… Par contre, ce qui m’a contrarié c’est le fait d’apprendre dans les médias que le coach a déclaré que j’étais blessé alors que je me suis entraîné la veille du match et je ne sais pour quelles raisons. Après cela, bien entendu, j’ai réagi sur le coup de la colère. Ce n’était peut-être pas la réaction à avoir vu l’enjeu du match, mais mon âme de compétiteur a pris le dessus sur la raison et je me suis emporté. Je profite de cette note pour présenter mes excuses si j’ai pu choquer mes nombreux compatriotes qui soutiennent notre équipe nationale. Go Lions. »
Quelle littérature de remords teintée d’un patriotisme douteux! Les choix du coach ont été bel et bien remis en cause. Le chien qu’on veut tuer et qu’on accuse de rage fait allusion à une dénonciation. En se perdant dans une appréciation inopportune de l’équipe et plus principalement de la défense centrale (ce qu’on ne lui demande pas) Chedjou veut nous faire croire qu’aucune boule ne lui était restée en travers de la gorge et que de la tribune où il voyait le match, il était en admiration devant la prestation de ses coéquipiers. Drôle de compétiteur qui avale les couleuvres et approuve sa mise à l’écart tout en se croyant obligé de couvrir tout le monde de lauriers. Sans être dupes, reconnaissons que le pauvre tente de faire amende honorable. Son dérapage pourrait le rattraper et l’éloigner pour un bail de l’équipe nationale. Jean Paul Akono au tempérament impétueux s’il lui pardonne, n’oubliera jamais qu’il a flirté avec une insolence que lui le coach, ne pardonne pas. Surtout qu’au poste où il joue, il n’est pas une lumière.