Au coup d’envoi de la finale de la coupe du Cameroun hier soir, à 16h15, le chef-lieu du département du Haut-Nkam avait les allures d’une ville morte. Des sources contactées à Bana, Bandja et Kekem, autres villes de ce département ont confirmé le même vide dans les rues.
Expliquant que les personnes visibles sortaient des cérémonies funéraires dans les villages et se rendaient pour la plupart à Douala. C’est que malgré le black-out entretenu et décrié autour de la date de la finale, les supporters du club fanion du Haut-Nkam se sont déplacés en masse à Yaoundé. Samedi et dimanche, des charters ont pris la route de la capitale, contre 4000F, en aller-retour. Pour un voyage qui, normalement, coûte 7000F.
Ceux d’entre eux qui sont restés, ont préféré regarder le match à domicile. Déjà en matinée, ne coupure de courant autour de 10h, a semé le doute sur la retransmission, avant le rétablissement autour de 14h. A Monoprix, un débit de boisson appartenant à un enseignant retraité d’Eps et ancienne légende d’Unisport, il y avait moins de 15 personnes pour regarder le match. Un groupe de femmes, sorties de réunion, se désaltérait, dans l’indifférence. Par contre, au Zénith, situé à 10 m de là, l’ambiance est chaude. Une trentaine de fanatiques s’est donnée rendez-vous, pour « suivre ensemble le bon spectacle que va offrir (leur) équipe ». Au milieu d’eux, des experts comme Pierre Mangoua, ancien arbitre de 1ère division, des entraîneurs locaux de football, dont celui de Bandja Fc… Le commissaire spécial du département, originaire du septentrion, est venu supporter Coton sport. A la poignée de main du chef de l’Etat à chaque joueur, ils crient. La sortie du vestiaire créé de l’hystérie. Les joueurs d’Unisport ont ici des inconditionnels, en particulier Haschou Kerrido, le gardien des buts.
A la mi-temps, le score vierge est normal pour les supporters. « Les deux équipes développent le même système. Elles jouent la réserve mais, c’est beau à voir. La deuxième mi-temps sera plus ouverte », explique Laurent Ebendeng, ancien international et entraîneur de Lion blessé de Fotouni. L’équipe du Haut Nkam menace. Sans marquer. La suite est fatale. Sur trois penalties, Unisport ne marque aucun. Les uns sont tétanisés, d’autres retournent chez eux. Plus personne ne se soucie de la remise du trophée.
La nuit tombe sur une ville qui croit à la malchance. Venus aux funérailles et restés pour fêter le trophée, des ressortissants du Haut-Nkam foncent vers les agences de voyages, pour trouver « la dernière occasion ». Quelques débits de boisson distillent de la musique. « Nous attendons les amis qui sont allés à Yaoundé », confie Georgette Ngankam, supportrice visiblement déçue. « Le pénalty c’est quoi ? », se plaint Paul Wouapi, assis devant une bière.
Franklin Kamtche