S’il est vrai que cette interrogation relève pour le moment de la pure spéculation, voire de la polémique, il y a au moins trois bonnes raisons qui lui attribuent une légitimité certaine. La première est historique. En effet, le parcours du Ghana ressemble à s’y méprendre à celui de l’Egypte puisque les deux pays ont eu le privilège d’organiser la compétition à quatre reprises. Tout comme nos frères Egyptiens, les Ghanéens ont perdu une seule édition at home (coorganisée avec le Nigéria en 2000) et gagné les autres (1963 et 1978). Les Egyptiens qui ont abrité quatre fois le tournoi ont remporté les éditions de 1959, 1986 et 2006 mais ont perdu celle de 1974.
Ainsi les Blacks Stars ne voudront pour rien au monde rater « leur CAN » et égaler ainsi le record desPharaons. D’ailleurs, ils ont lancé un message des plus éloquents à ce sujet lors du tirage au sort des poules qui avait eu lieu il y a quelques mois à Accra par la voix même du président de la république. Celui-ci avait clairement émis le vœu que son pays remporte le tournoi et que la compétition se passe dans les meilleures conditions et que soient respectées les règles du fair-play comme devrait le souhaiter tout responsable politique ou sportif dans de pareilles circonstances!
D’ailleurs, sur les 25 éditions précédentes de la CAN, onze pays ont remporté le trophée chez eux et trois ont perdu la finale. Sans compter les petits poucets du continent qui ont atteint les demi-finales à plusieurs reprises (le Burkina Faso en 1998 ou le Mali en 2002 sont les exemples les plus proches de nous). Ainsi peut-on estimer les chances des Ghanéens de remporter leur CAN à plus de 50% .
Par ailleurs, le privilège d’organiser une compétition en Afrique ne signifie pas seulement avoir l’avantage de la terre et du public ! Non, non ! Il va bien au-delà. Cela veut dire qu’on bénéficie des meilleure pelouse et des meilleurs stades, des meilleurs horaires possibles (puisqu’on fait jouer les pays concurrents sous des canicules à la limite du supportable et que le pays hôte joue en nocturne ou dans des conditions parfaites). Même la résidence des autres équipes laisse souvent à désirer ; on se rappelle les conditions dans lesquelles les lions de l’Atlas ont ete logé au Mali en 2002 . Ou encore le harcèlement des autres équipes par toutes les composantes de la nation qui accueille la compétition, exercice dans lequel excèllent nos amis Tunisiens ou Egyptiens et surtout les pays anglophones de l’Afrique. Bref, le pays organisateur fait tout ce qu’il peut pour désavantager les autres équipes et pas seulement sur le plan sportif ! Enfin, pour mettre toutes les chances du côté du pays hôte, l’arbitrage africain vient toujours se mêler à l’affaire et donner le petit coup de pouce nécessaire aux locaux. Qui a oublié le penalty scandaleux accordé aux pharaons contre les éléphants ivoiriens en 2006 par Monsieur Daami, l’arbitre Tunisien de la finale ? On se rappelle tous les conditions dans lesquelles les Tunisiens avaient éliminé les Green Eagls en demi-finale de la CAN 2004, à Rhadès, ou le but marqué par Taher Abou Zeid contre le Maroc en 1986 alors qu’il ne devait pas jouer ce match. Et on ne parle pas des coups francs et autres hors-jeu imaginaires, des cartons jaunes distribués généreusement aux joueurs des autres équipes, et de toutes ces décisions litigeuses et scandaleuses qui font l’histoire non-officielle de la coupe d’Afrique des Nations. S’il est vrai que le jeu et l’enjeu de la CAN ont nettement évolué depuis sa création en 1957, l’arbitrage reste cependant le point noir d’une compétition que tout le monde s’accorde à qualifier de « majeure ».
En attendant le début de la compétition, souhaitons que les instances responsables de la CAN prennent conscience de l’importance de cet enjeu pour toutes les nations participantes et que la sagesse africaine l’emporte sur les petits (bien que colossaux) intérêts financiers que drainent pareilles manifestations. Quant aux prévisions émises dans mon présent billet, et bien j’espérerais de tout mon cœur avoir tort et que l’esprit sportif l’emportera sur toute autre considération.
Mounir Benmouya