« La seule équipe africaine capable d’évoluer à l’extérieur ou à domicile et de faire preuve d’une solidarité mentale et psychologique reste et demeure le Cameroun. Battre les Super Eagles du Nigeria devant son public et remporter la CAN 2000 relève d’un exploit que ne peut malheureusement réaliser une équipe en quête d’expérience. L’enjeu transforme généralement ce onze National en véritables guerriers ».
Ces propos justes et assez adroits d’un entraîneur Français ayant roulé sa bosse partout en Afrique, devraient inspirer les Ivoiriens qui rêvent déjà prématurément d’une probable qualification pour le mondial Allemand. La rencontre décisive Côte d’Ivoire- Cameroun occupe tout le devant de l’actualité. Les médias Français fidèles à leur ligne éditoriale favorable aux adversaires des Lions ont déjà désigné les ivoiriens comme vainqueur de la partie. On présente même ce pays comme meilleure équipe africaine de l’heure nonobstant le classement FIFA qui nous semble être un bon indicateur en la matière. Peut -être que le fait qu’Henri Michel soit l’entraîneur de la Cote d’Ivoire justifie un tantinet cet aveugle penchant.
Côté ivoirien, en dépit du patriotisme voire du chauvinisme dont cette presse fait étalage dans les commentaires liés aux attentes de cet affrontement, les coéquipiers de Bonaventure KALOU savent que rien ne sera facile. C’est au coup de sifflet final que sera connu le vainqueur de la partie.
Côté Camerounais, en plus de la mobilisation massive des supporters le décompte des charters en est une preuve, le Ministre des Sports multiplie les rencontres afin que ce jour, tout soit réglé à l’horloge Suisse. Ainsi, à partir du programme dévoilé par la Fédération Camerounaise de Football, les enjeux sont patents. Déjà, depuis le 28 Août 2005, on assiste à un ultime regroupement en France. La journée suivante, les Lions ont eu deux séances d’entraînement : l’une à 10 heures et l’autre à 16 heures. Du 30 au 1er Septembre 2005, les entraînements se poursuivront sous le schéma de deux entraînements par jour. Ils partiront de la France le 02 Septembre 2005 pour Abidjan, via Yaoundé pour une dernière bénédiction ancestrale. La délégation touchera le sol ivoirien ce même jour à 18 heures. Un lieu chargé d’histoire qui rappelle la première belle page glorieuse du Football Camerounais. C’est en effet à Abidjan en Côte d’Ivoire que le Cameroun a remporté la CAN 1984, après avoir justement battu la Côte d’Ivoire en Match de Poule. C’est pour rééditer l’exploit et bien revivre ce souvenir que le Ministre des Sports a invité cinq anciens Lions pour venir soutenir et galvaniser leurs cadets. Il s’agit de : Joseph Antoine BELL, Jean Paul AKONO, Théophile ABEGA, Bonaventure DJONKEP et François OMAM BIYICK. Ce souci d’impliquer tout le monde est une démarche louable et salutaire. Toute chose qui fait dire à Joseph Antoine BELL que : « Les autorités Camerounaises veulent choquer l’imagination des Ivoiriens, de l’autre côté, galvaniser celle des camerounais ». Mieux, pour ce match capital, il s’agit de mettre en place une stratégie visant à saper le moral de ceux qui s’improvisent dans la cour des grands. Au sujet des dispositions logistiques liées au dernier regroupement de l’équipe nationale en France et à son déplacement pour la Côte d’ivoire, tout est fin prêt. Des contacts permanents sont établis autant avec la fédération hôte qu’avec la Fifa, afin que la rencontre se déroule dans des meilleures conditions et surtout que la délégation camerounaise séjourne sereinement à Abidjan. Philipe MBARGA MBOA, l’actuel ministre en charge des sports et ancien président de l’olympique de Mvolyé, doublé de son statu d’ancien sportif de haut niveau a une connaissance parfaite des exigences des rencontres internationales.
Il est néanmoins nécessaire de réaffirmer que l’issue de la rencontre dépendra moins des milliers de fanatiques et autres supporters ivoiriens, qu’essentiellement du mental et de la prestation des 22 acteurs de terrain, tant les divers compartiments de jeu s’équivalent. Reste que pour les Eléphants de Côte d’Ivoire, l’équation camerounaise s’annonce avec plusieurs inconnus. Il y a un certain inconfort à évoluer sur un stade où les adversaires du jour ont reçu leur première consécration continentale. Bien plus, le soutien du public même acquis, risquerait être une arme à double tranchant face à une équipe qui historiquement ne s’est jamais mieux porte qu’en terrain hostile.
Les quatre trophées continentaux remportés à l’extérieur ou les résultats des matchs décisifs depuis les éliminatoires de la Coupe du monde 82 à Kenitra démontrent s’il le fallait encore la solidité psychologique des camerounais.
Le 04 Septembre 2005, les Éléphants de Côte d’Ivoire s’apprêtent à affronter une équipe au mental d’acier. Les absents auront tort.
Hippolyte SANDO à Douala