Pour une première, le gouvernement camerounais a apporté un appui à une certaine presse privée pour leur faciliter la couverture médiatique de cette rencontre entre Éléphants et Lions indomptables. À côté de la presse à capitaux publics, une dizaine de médias du privé ont été budgétisés, à hauteur de 300 000 FCFA chacun, sur près du milliard qui aurait été dégagé pour préparer ce match de la 9ème journée éliminatoire. Issa Mamoudou et Simon Pierre Etoundi sont journalistes sportifs, respectivement à Magic FM et à Cameroon tribune. En route pour Abidjan, ils donnent leur perception du match, et apprécient la ‘subvention’ accordée à la presse dite privée…
Simon Pierre Etoundi : « Ce sera un match indécis jusqu’à la dernière minute »
Camfoot.com: Quel regard projetez-vous sur ce Côte d’Ivoire – Cameroun ?
Simon Pierre Etoundi: Un match très disputé. Un match difficile pour les deux équipes qui ont un niveau sensiblement égal et qui ont la même grosse envie d’aller à la coupe du monde. Donc, je pense que ce sera un match qui sera très disputé et indécis jusqu’à la dernière minute.
Camfoot.com: On parle des individualités fortes dans les deux équipes. Mais, on parle plus du duel Drogba – Eto’o comme un match dans le match…
Simon Pierre Etoundi: Bon…le match ne va pas se focaliser sur Eto’o et Drogba, contrairement à ce que les gens pensent. Dans les deux équipes, il y a des joueurs qui sont tout aussi talentueux qu’Eto’o et Drogba. Mais, c’est vrai que ces deux vont focaliser l’attention ! Mais, dans l’ensemble, il y a des bons éléments de part et d’autre.
Camfoot.com: Visiblement, la presse en a fait trop sur cette rencontre…
Simon Pierre Etoundi: Oui. C’est normal ! C’est normal! Quoi qu’on dise, ce n’est pas qu’au Cameroun ! Ce match a fait les choux gras des gazettes à travers le monde entier. Parce que, partout en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe, le match choc de cette journée éliminatoire, c’est Côte d’Ivoire – Cameroun.
Issa Mamoudou: « Ça risque d’être un match nul »
Camfoot.com: Quel regard portez-vous sur ce Côte d’Ivoire – Cameroun ?
Issa Mamoudou: C’est une rencontre capitale, vu la mobilisation qui n’échappe à personne. On a constaté que, depuis quelques semaines déjà, les pouvoirs publics ont mis un accent particulier sur cette rencontre internationale. La mobilisation aussi du côté des journalistes. On a vu des confrères venus de tous les horizons, pour nous demander par exemple des informations concernant les Lions indomptables, concernant leur préparation. Nous allons à Abidjan pour ce match, qui est une rencontre de football comme toutes les autres, mais il y a un cachet particulier, puisqu’il y a un enjeu : le ticket pour le Mondial de 2006 en Allemagne. C’est ce qui fait, d’après moi, cet engouement populaire et puis, tout ce folklore, puisqu’il faut dire qu’il y a une certaine exagération.
On a quand même trop exagéré, parce que, je me rappelle, pendant la Can 2000, lorsque le Cameroun jouait au Nigeria à Surulelé par exemple, c’était aussi une rencontre cruciale, mais je n’ai pas vu un tapage et une mobilisation aussi forts. Côte d’Ivoire – Cameroun, on est peut-être à un doigt de la coupe du monde 2006, c’est pour cela que, aujourd’hui, on comprend que tous les Camerounais vibrent à l’unisson : et il faut aller à Abidjan, pour ramener la victoire.
Camfoot.com: C’est aussi une première que le ministère des Sports subventionne certains médias privés pour couvrir cet évènement. Comment avez-vous apprécié au sein de votre radio ?
Issa Mamoudou: D’emblée, je dirais que c’est déjà un geste qui nous touche sincèrement. On n’a pas vu cela par le passé. Même si certains journalistes l’ont vécu sous d’autres ministres, on constatait que ça se passait quelque peu en sourdine. Ce n’était pas de manière officielle qu’un chef de département ministériel annonce qu’il peut prendre en charge une dizaine d’organes, privés s’il vous plaît. Parce que, par le passé, il y a eu comme un cloisonnement entre presse publique et presse dite privée ; pour une rencontre capitale comme celle-là, les Camerounais devraient être tous ensemble ; que ce soit la presse privée, que ce soit la presse officielle, il ne devrait pas avoir discrimination. C’est sur ce plan-là que je suis en train de dire que ce geste-là nous touche.
Même s’il est vrai que les pouvoirs publics avaient près d’un milliard quand même de francs Cfa, liquides, pour la mobilisation autour de cette rencontre. La subvention devrait être un peu révisée à la hausse. On nous prend en charge pour hébergement et transport aller-retour. Au finish, il faut compléter 50 000 FCFA peut-être de frais de visa. Vous constatez tout comme moi que c’est un geste révélateur, mais un geste qui, à la limite, mérite encore, qu’à l’avenir, on ajoute quelque chose. Parce que, la presse privée au Cameroun, végète vraiment.
Camfoot.com: Un pronostic ?
Issa Mamoudou: Journaliste de mon état, c’est très difficile de pronostiquer. Mais, étant Camerounais, je souhaite que le Cameroun l’emporte. Mais, je dis qu’on part pour une rencontre très très difficile, et ça risque même d’être un match nul.
Madeleine SOPPI KOTTO: « Le Cameroun n’a pas le choix, il doit gagner!»
Camfoot.com: Vous avez assisté au regroupement des Lions à St-Quentin: un mot sur les joueurs ?
Madeleine SOPPI KOTTO: Les joueurs avaient l’air d’être plus concentrés et beaucoup d’entre eux nous ont confié que le stage était plus rentable que celui de Lisses. Ils étaient de très bonne humeur. Mais je crois que c’est le calme qui précède la tempête puisqu’ils sont déjà concentrés sur le sujet. En tant que joueurs professionnels, ils connaissent l’enjeu qui les attend à Abidjan. En somme, je pense qu’ils ont essayé de ne pas se mettre trop de pression et de faire l’essentiel.
Camfoot.com: Vous avez commenté pour la CRTV-radio Cameroun-Cote d’Ivoire à Châteauroux en 2003. Comment avez-vous préparé le reportage de cette nouvelle rencontre entre ces deux équipes?
Madeleine SOPPI KOTTO: Après le 11 Fevrier 2003 à Châteauroux, il y a eu le 4 juillet 2004 à Yaoundé où les Lions ont pu prendre leur revanche. Mais malheureusement, il se trouve qu’aujourd’hui les Lions doivent passer par la Côte d’Ivoire pour obtenir leur qualification pour le mondial 2006. Il y a au moins 11 joueurs parmi les 20 convoqués par Henri Michel qui ont fait partie de l’expédition de Yaoundé en juillet 2004. On les regarde aussi évoluer pendant leurs championnats, et des comparaisons se font maintenant avec certains joueurs camerounais. Il y aura aussi des duels et des petites revanches à prendre. C’est ainsi qu’en tant reporter, nous payons beaucoup d’attention a ces petits détails qui augmentent la valeur du match. Le Cameroun n’a pas le choix, il doit gagner !
Propos recueillis par Kisito NGALAMOU et Jean-Pierre ESSO