Les rencontres entre ces deux grandes nations de football ont toujours eu un rayonnement particulier, une saveur curieuse et épicée faite à la fois de Ndolè et d’Atiéké, de spectacles et de joutes tactiques et techniques… C’est que la rivalité et la lutte pour le leadership de ces équipes a franchi les méandres du temps et de l’espace pour s’élever au rang de duel pour l’honneur; honneur qu’on garde sauf ou qu’on salit à jamais… en attendant la prochaine occasion de le laver. Ces rencontres s’inscrivent dans l’ordre de ces frénésies humaines que les mots n’expriment pas.
Avantage Cameroun
Quelque soit le lieu de la confrontation, que ce soit à Khartoum en 1970, où Laurent Pokou ne put empêcher la victoire des coéquipiers de Koum sur le score de 2 buts contre 3, les Lions Indomptables et les Eléphants de Côte d’Ivoire se sont croisés dans l’arène à moult reprises. À Abidjan en 1984, pour parvenir au sommet de la hiérarchie du football continental, les Camerounais l’avaient emporté sur leur vis-à-vis par un score de 2-0, buts de Bonaventure Djonkep et Roger Milla. En 1986, Milla encore lui, crucifiait Zagoli Golié sur les terrains Egyptiens.
En 2000 encore, sur le chemin de leur troisième victoire en CAN au Ghana, les coéquipiers de Patrick Mboma prirent le dessus sur leurs pairs ivoiriens sur un score cinglant et sans appel de 3 buts à 0. Les Camerounais n’auront eu à plier l’échine qu’une seule fois en match officiel, en 1992 en terre sénégalaise aux tirs aux buts. Les Eléphants, menés par un duo Gouamené – Tiehi, tout feu tout flamme, avaient alors remporté le titre continental.
Émotions et souvenirs
Dire que les deux équipes qui s’affronteront à Sikasso se connaissent est une lapalissade tant des bribes de matchs et des extraits de commentateurs, Abel Mbengué et Zachary Nkwo côté camerounais, Jean-louis Farah Touré, Jean-Baptiste Kakouki et Rash N’Guessan côté ivoirien, hantent encore les mémoires des mordus de foot de Treichville à Nkongsamba.
Côte d’ivoire – Cameroun… une fois de plus.
La rencontre de dimanche sera donc fidèle à la tradition, entourée de tensions et d’enjeux. Engagées et volontaires, les deux équipes aborderont le match, on le présume, avec détermination. Ce sera aussi un duel entre les deux sélectionneurs, l’un adepte de stratégies munitieuses et l’autre de coup de poker. Dans tous les cas de figure, le niveau sera relevé et l’issue sera capitale.
Bis repetita
La défaite des Éléphants face aux Lions indomptables en match aller à Yaoundé leur reste encore en travers de la gorge. Alors que les adeptes des paris risqués leur donnaient vainqueur, ils se sont fait cueillir par une équipe camerounaise qui se cherchait. Les ingrédients sont les mêmes pour le match de ce dimanche, sauf que les Camerounais sont plus au faite de leur capacité.
Vainqueur au mental
La Côte d’Ivoire devra compter sur le réveil de ses attaquants qui n’ont plus marqué de but contre les Lions en match officiel depuis février 1970 et ce but était l’œuvre de Laurent Pokou. Les Eléphants ont une équipe constituée de joueurs aguérris Guel, Drogba, Aruna et des jeunes tel que Yapi…, qui, après avoir émerveillé l’Afrique en club ne demandent qu’à le faire en équipe nationale.
Ceci étant, la bataille sera aussi et surtout psychologique et là est l’arlésienne Ivoirienne. Cette équipe, pourtant solide dans ses individualités, donne toujours l’impression de craquer sous la pression. Devant son public en 1984 face au Cameroun, en 1986 en demi-finale face aux mêmes Camerounais et plus récemment lors des éliminatoires de la coupe du monde 2002, pourtant au coude à coude avec la Tunisie à deux journées de la fin, ils se sont effondrés en concédant un nul contre le Congo et une honteuse défaite à domicile face à la RDC, ruinant ainsi leurs chances de qualification. Cette fois, elle devra faire preuve de lucidité et de beaucoup de maturité pour venir grappiller ces trois points, déterminants pour sa survie.
Des Lions assoiffés
Les Camerounais seront- ils à même de rééditer leur prestation d’il y a quelques mois contre les Éléphants ? Au vu de la constance, de la discipline et de l’engagement qu’ils ont étalé depuis la prise de fonction du nouvel entraîneur, la réponse est oui. L’apport de sang neuf a relancé la compétition interne et les titulaires ne dorment plus sur leurs lauriers. En plus, les Lions indomptables ont cependant fait mentir plus d’un dans le passé par leur capacité à se transcender quand on les croit en difficulté. Cette équipe, faite d’un savant mélange entre joueurs d’expérience et jeunes pousses talentueux a largement les moyens de nous sublimer ce dimanche, ayant au départ un ascendant psychologique certain face aux Éléphants.
La différence au coaching
Ce duel se gagnera surtout au niveau des bancs de touche. Ce sera à qui d’Henri Michel ou de Artur Jorge resserrera le mieux son équipe autour d’une stratégie de match rigoureuse et inventive. Celui qui pourra, à la fois, oser et sentir les bons coups mènera son équipe à bon port.
Rendez-vous est donc donné pour ce dimanche 4 septembre… Malheur au vaincu.
R. Wandji