On dirait la partition d’une musique : «Le match de dimanche est important», répètent sans cesse quelques joueurs de l’équipe nationale rencontrés mercredi en mi-journée dans leur QG. La troisième séance d’entraînement effectuée dans la matinée et sous une pluie battante, n’a pas entamé le moral des uns et des autres. Concentration, c’est la première impression que laissent paraître les visages de Atouba et Job, croisés dans l’ascenseur.
La timidité légendaire de Joseph-Désiré ne prédispose pas à un entretien. D’ailleurs, visage baissé, il se défile rapidement pour le sous-sol, où certains de ses coéquipiers jouent déjà au billard. La table est si pleine que Timothée se ravisera. Retour au 7e. C’est ainsi qu’entre deux étages, le joueur de Tottenham avoue son amertume par rapport à sa mauvaise saison anglaise. «Je suis très souvent absent parce que je suis tout le temps blessé». Un état qu’il concède aux «Anglais [qui] jouent très dur».
Le calme de Song, adossé au mur du 7e étage de l’Hôtel Mont Febé, juste à la sortie des ascenseurs, détonne avec son exubérance habituelle. «Magnan» est cool. Un salut amical au reporter. Sans plus. Même attitude chez Samuel Eto’o, en grande interview dans une chambre aménagée avec une journaliste asiatique. N’diefi ne tranche pas dans ce décor. Sauf que son sourire au coin des lèvres donne un éclat au tableau. Et Feutchine ? «Je suis serein et confiant», confie-t-il. Le convoqué de la dernière minute (en remplacement de Eric Djemba Djemba) ne se plaint pour autant pas. «Ce n’est pas un problème dans la mesure où je retrouve mes camarades. Et puis, quand on est footballeur, il faut s’attendre à tout. Surtout en équipe nationale».
Pression
C’est pourquoi, l’ambiance de travail est déterminante. Et les joueurs avouent que tout se passe plutôt bien. «Il y a une envie de gagner. Un esprit que tous mes coéquipiers et moi partageons. On ne vient pas en se disant que le Soudan, c’est une victoire acquise», déclare Feutchine, le milieu offensif de Paok Saloniki. «Tous les matches sont difficiles», renchérit alors l’attaquant du Fc Barcelone. «Le plus important, soutient Samuel Eto’o, c’est de bien se préparer pour faire le plein des 15 points. Avec ou sans manière, il faut gagner tous les matches. Être costauds».
La tactique, dévoile le gardien de l’Espanyol Barcelone, c’est de «travailler avec sérieux». Pour Idriss Carlos Kameni, face au Soudan, «il faudra faire un bon match. Entrer de plain pied dans la rencontre. Ne pas laisser les adversaires souffler». Car, poursuit Pius N’diefi, l’attaquant d’Al Gharafa (Émirats Arabes Unis), «ils vont jouer derrière. Il nous reviendra de faire le match, les acculer de façon à marquer les premiers, et maintenir la pression» jusqu’à la fin de la rencontre. Comme Carlos Kameni, tous les Lions se souviennent encore du nul (1-1) que leur avait imposé le Soudan en septembre dernier à Khartoum. Et que les Soudanais avaient manqué à plus d’une reprise de remporter la partie.
«Nous avons un peu la pression, avoue Pius N’diefi. On sait que le match de dimanche est un match difficile qu’il faudra gagner avec la manière». Tandis que Carlos Kameni relativise les choses : «c’est la pression de tous les jours. En clubs, nous travaillons en permanence sous pression». «Nous avons commencé à travailler avec le nouvel entraîneur en Europe. Maintenant que nous sommes au village, la pression est plus forte», affirme Samuel Eto’o avec un clin d’oeil au «public camerounais [qui est] spécial». Lequel, avant le match contre la Côte d’Ivoire, «a voulu brûler ma maison. Mais après la victoire, tout marchait bien. […] Je sais qu’ils sont de plus en plus nombreux à me soutenir. Mais cela ne m’endort pas. Au contraire». C’est pourquoi, le meilleur buteur de la Liga souhaite «bien jouer et gagner le match de dimanche. Il ne sert à rien que je marque un but et que l’équipe perde. Ma contribution en tant qu’élément de l’équipe nationale est plus importante que mes prestations individuelles».
Bertille M. Bikoun