« Tous les Camerounais savent réellement ce que Samuel Eto’o Fils pense et l’amour que je porte à mon pays. Mais, il est normal pour moi de temps en temps, lorsque je constate que les choses n’avancent pas normalement, de me plaindre haut et fort. Je le fais et je prends les coups de ceux qui ne veulent pas avancer avec nous. »
Qu’est-ce que ça vous fait de vous retrouver dans votre village natal ?
Ça me fait énormément plaisir. Car, depuis l’âge de neuf ans, je n’avais plus jamais remis mes pieds dans ce beau village qui a vu naître mes parents. Grâce au match de football organisé aujourd’hui à l’occasion de mon retour, tout le monde ne pense plus qu’au football pour un moment. C’est la fusion totale, et ça me fait plaisir.
Quels souvenirs gardez-vous de votre village ?
La plupart des jeunes de Song Mbengue avec qui j’ai grandi sont devenus des hommes. A cause de mes multiples contraintes, je ne peux pas toujours venir au village. Par contre, mes parents y viennent régulièrement. Mais cette fois, j’ai décidé de revenir dans mon village, car la jeune génération et même les adultes se plaignaient quelque peu de me connaître seulement à travers le petit écran. Cette fois, ils ont eu l’occasion de me voir physiquement parce que je suis d’abord leur frère.
Quand votre village vous reverra-t-il?
Je compte y revenir en décembre prochain. Mais cette fois là, avec d’autres choses. Car, le village a émis certaines doléances. C’est vrai que c’est le football qui nous a réuni cet après-midi (mercredi), mais à côté, il y a autre chose. Mon village a, par exemple, le problème d’eau potable. Et je crois que c’est le minimum que nous devrions avoir. Mon projet c’est d’apporter de l’eau dans mon village.
Selon certains, vous auriez déclaré regretter être Camerounais ?
Non. Tous les Camerounais savent réellement ce que Samuel Eto’o Fils pense et l’amour que je porte à mon pays. Mais, il est normal pour moi de temps en temps, lorsque je constate que les choses n’avancent pas normalement, de me plaindre haut et fort. Je le fais et je prends les coups de ceux qui ne veulent pas avancer avec nous. J’invite par conséquent les Camerounais à être patriotes et à aimer leur prochain. Il ne faut pas tout attendre de l’Etat, sinon le Cameroun n’avancera jamais. Ceux qui ont la chance de réussir dans la vie devraient amener leurs jeunes frères à réussir également. C’est comme ça que moi j’ai réussi. Ceux qui ne me comprennent pas ne marcheront pas avec moi. Par contre, je leur demande de ne pas monter les uns contre les autres. Nous sommes Camerounais, et nous sommes tous fiers de l’être. Nous avons un magnifique pays où, malgré la pauvreté, nous ne connaissons pas de guerre.
Et si vous aviez un mot à l’endroit des Camerounais…
Je leur dis que je les aime tous. Ils le savent. Peu importe si je marque peu de buts à l’équipe nationale. Je ne fais que le travail de mon entraîneur. Qu’ils sachent également qu’au Barça, j’évolue avec mes coéquipiers pendant onze mois. Par contre, avec ceux de l’équipe nationale, je m’entraîne pendant cinq ou six jours. Face à la Libye, je n’ai certes pas marqué, mais j’ai fait un grand match comme dans mon club.
Et maintenant, il y a le match crucial d’Abidjan…
Pour la plupart, c’est un match Drogba – Eto’o. Mais comme ils le savent si bien, j’ai toujours gagné et je compte encore gagner. Je ne jouerai pas seul, je serai sur la pelouse avec mes coéquipiers. Nous aurons besoin du soutien de tous les Camerounais. Je reste persuadé que si nous avons ce soutien, notre victoire à Abidjan ne souffre d’aucune entorse. Nous allons gagner.
Eto’o restera-t-il à Barcelone la saison prochaine ?
Oui. Je ne suis pas le joueur qui change de club n’importe comment. J’ai un projet sportif qui passe par le Barça et je suis bien dans cette équipe. C’est un honneur pour moi de savoir que Chelsea a eu besoin de mes services, et était prêt à mettre une somme d’argent qu’aucun joueur africain n’avait gagné jusque-là, ça me fait plaisir. Je veux gagner un jour le ballon d’or européen, il faut donc que j’évolue dans un grand club européen où j’ai déjà créé quelque chose et où j’ai de bons coéquipiers. C’est le Barça.
Votre projet avec le FC Barcelone au Cameroun est-il concrétisé ?
Oui. Les 22 jeunes retenus pour aller en Espagne dans mon centre de formation viennent d’obtenir leurs visas. Cela me fait énormément plaisir de savoir que 22 jeunes Camerounais vont pour la plupart prendre l’avion pour la première fois, jouer avec des jeunes Européens et nouer des relations avec ces derniers. Quand on pose ce genre d’action, il n’y a rien à dire. Je redonne aux Camerounais ce qu’ils m’ont à un moment donné. Je prépare les jeunes Camerounais à devenir d’autres Samuel Eto’o Fils et pourquoi pas à évoluer un jour au Barça ?
L.M.
Retour aux sources d’Eto’o Fils
La star était dans son village après l’avoir quitté à l’âge de neuf ans.
Liesse populaire mercredi dernier à Song Mbengue, village cosmopolite d’environ 1500 habitants dans le département de la Sanaga Maritime, district de Massok Song Loulou. Samuel Eto’o Fils, digne fils du village, y remettait les pieds pour la première fois après l’avoir quitté à l’âge de neuf ans. On comprend donc pourquoi Song Mbengue et ses environs étaient en fête. Une fête qui a vu des dizaines de fans clubs de l’attaquant du FC Barcelone affluer, venant de toute part et aussi de Douala avec le fan club Samuel Eto’o Douala – Bassa ; fan club Youpwe, ; fan club Akwa ; fan club Avenue du 27 août…Sur des pancartes et banderoles, on pouvait lire les messages d’encouragement et de soutien à l’endroit du Lion Indomptable : » Eto’o, le fils chéri du Cameroun, du FC Barcelone et de tout le monde » ; » Les Femmes de Song Mbengue souhaitent la bienvenue à leur fils et à sa suite dans ce beau village Song Mbengue » ; » Que Dieu bénisse encore notre fils pour un troisième ballon d’or africain et pourquoi pas mondial « . Le retour de Samuel Eto’o Fils a provoqué une effervescence qui, par moments, frisait l’hystérie populaire au domicile des parents du footballeur où était prévu un cocktail.
Pendant la pause de la rencontre de football ayant opposé deux équipes locales, la star a profité pour faire apprécier sa technique individuelle en jonglant le cuir, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Parmi ceux-ci, Stéphane Junior Ond, chef du village de Song Mbengue. » Le retour de Samuel Eto’o Fils est porteur de beaucoup d’espoir pour notre village. Car on commence à construire notre avenir aujourd’hui. La priorité de Samuel Eto’o fils qui est la mienne également, c’est le développement de Song Mbengue « , a notamment déclaré Stéphane Junior Ond. Interrogé sur le sentiment qui l’amine à l’occasion du retour de son fils, le père du Lion s’est dit satisfait. » Je me réjouis de ce retour. Car, vu son calendrier chargé, Samuel n’a pas toujours eu le temps lors de ses voyages antérieurs au Cameroun de venir au village « , s’est réjoui David Eto’o. Tout en remerciant le Seigneur dont les voies restent insondables, la maman du footballeur est revenue, quant à elle, sur les premiers pas de son fils dans le football. » C’est Dieu seul qui sait ce qu’il avait réservé à Samuel. J’ai tout fait pour que mon enfant fasse des études, mais il était toujours attiré par le football au point où, au lieu d’aller à l’école, c’est plutôt les terrains de football qui l’attiraient « , s’est rappelé Christine Eto’o. Aujourd’hui, elle reconnaît que c’est son fils, grâce à Dieu, qui avait raison.
Louis MATEA