Un an après avoir joué son dernier match officiel en équipe nationale contre le Soudan à Khartoum, Modeste Mbami commence ce lundi un nouveau stage avec les Lions. Victime d’une blessure l’ayant éloigné des terrains pendant sept mois, le milieu défensif du Paris St-Germain était déjà revenu dans le groupe en juin dernier.
Ayant participé au stage avant la rencontre de Cotonou contre le Bénin, il n’est toutefois pas retenu, comme la fois suivante pour le match Côte d’Ivoire-Cameroun. Modeste Mbami est cette fois de nouveau convoqué par Artur Jorge pour l’ultime stage à Yaoundé en vue de la dernière rencontre des éliminatoires combinés FIFA/CAN. L’adversaire de ce samedi 8 Octobre, l’Egypte, ne lui est pas inconnu…
Camfoot.com: Modeste Mbami, vous avez participé au match aller du Caire. Quel souvenir gardez-vous de la formation égyptienne ce soir là?
Modeste Mbami: C’était la période un peu difficile du passage à vide de la sélection. Il y avait trop de problèmes. Ce match avait un goût d’inachevé, on n’a jamais su trouver l’équilibre alors qu’on avait un bon groupe. C’est un souvenir un peu mitigé.
Camfoot.com: Les Egyptiens étaient-ils si forts au point de mener le Cameroun au score par trois buts d’écart?
Modeste Mbami: Ce jour là, c’est vrai, on avait tout remis en cause: le système de jeu par exemple. On avait évolué en 4-3-3 où j’étais milieu récupérateur axial. C’était difficile, avec ces égyptiens qui avaient une grande force offensive. On a été débordés. C’est vrai qu’ont s’est réveillés vers la fin [score final 3-2 pour l’Egypte, NDLR] mais il était tard. Je crois que ce jour là, les égyptiens nous ont battu sur l’état d’esprit. Ils n’étaient pas supérieurs à nous, mais je crois qu’ils avaient plus la volonté de gagner ce match. C’est ça qui a fait la difference parce que je crois que s’il y avait eu cinq minutes de plus, on pouvait revenir au score. C’est cet état d’esprit que l’équipe nationale a un peu retrouvé et qui fait la difference aujourd’hui.
Camfoot.com: Comment définissez-vous cet état d’esprit à l’aube de cette rencontre capitale en fin de semaine?
Modeste Mbami: L’état d’esprit, je le dis, a changé, on a retrouvé une équipe nationale qui gagne, qui est présente lors des grands rendez-vous. On peut dire que l’état d’esprit est au beau fixe. Samedi, on aura un match capital, un match où il y aura une pression supplémentaire parce que jouer à domicile n’a jamais été un cadeau en Afrique. Il faut donc gagner ce match pour aller au Mondial, comme ont fait nos aînés avant nous. Il faut faire le vide, et aborder ce match comme n’importe quel match, en mettant de la volonté et de l’envie.
Camfoot.com: Vous connaissez particulièrement l’adversaire pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises, notamment à la Can junior 2001, en Éthiopie où vous aviez croisé déjà leur attaquant MIDO. Que pensez-vous des Pharaons à l’heure actuelle?
Modeste Mbami: Ce sont des joueurs qui aiment avoir le ballon, qui bougent beaucoup et qui sont vifs. Mais maintenant le Cameroun a cet impact physique qui peut faire la différence. L’équipe nationale du Cameroun aujourd’hui a grandi dans tous les aspects. Ce sont presque les mêmes joueurs, et le match va se jouer sur l’envie et la volonté. Je ne crois pas que les Égyptiens auront plus de volonté que nous, parce que nous, nous jouons une qualification pour la Coupe du Monde. Il ne faudra pas jouer le match avant, ni après non plus. Il faut être présent le jour J, et je sais qu’il y aura le public au stade ainsi que tout le Cameroun derrière nous.
C’est un match qu’il ne faudra pas passer à côté. Il faudra de la volonté, parce que le talent on l’a!. Il faudra juste rajouter de la volonté, et on se qualifiera…
Camfoot.com: Personnellement, qu’attendez-vous de ce stage, sachant qu’aux deux précédents vous n’avez pas été finalement retenu pour participer aux matches?
Modeste Mbami: Je suis convoqué, je vais à Yaoundé apporter ce que je peux apporter, et après il y a le sélectionneur. Moi je ne veux pas entrer dans des polémiques, aujourd’hui on a besoin de tous les esprits, et tout le monde doit être positif. Ce n’est pas une affaire de Modeste ou d’un tel: c’est l’affaire de toute une nation, de tout un pays. J’ai été blessé longtemps, pendant sept mois et je suis revenu, Dieu merci. J’ai commencé à retrouver mon potentiel à 100% et donc je suis allé au stage préparatoire pour la Côte d’Ivoire. A la fin de celui-ci, le sélectionneur a jugé que je n’étais pas encore à mon meilleur niveau.
Le fait d’être convoqué de nouveau me prouve qu’il attend beaucoup de moi. Je vais en stage pour préparer le match, et après c’est lui qui va décider. Sans pression supplémentaire, sans me prendre la tête, je vais apporter mon influx positif au groupe pendant le stage et travailler dans une bonne ambiance pour préparer le match, pour que le 8 au soir tout le Cameroun soit content.
Camfoot.com: Avez-vous suivi le match Côte d’Ivoire-Cameroun?
Modeste Mbami: Je l’ai regardé chez moi, avec des amis. Dès le coup d’envoi, on a quand même senti une nette domination du Cameroun. Bon, les ivoiriens sont revenus deux fois, mais jusque-là, on avait quand même espoir de reprendre le dessus et c’est ce qui est arrivé. A 2-2, je n’ai pas eu peur parce qu’on maîtrisait quand même le match. La seule chose qui nous aurait fait défaut, c’était le temps! On maîtrisait la rencontre, les ivoiriens étaient assez timorés, ils avaient peur, jouant à domicile, et il y a eu aussi le manque d’expérience. Beaucoup d’entre eux n’avait pas joué de match aussi important de leur vie, il y a tout ça qui entre en jeu aussi…
Camfoot.com: Après son retour au club, que vous a raconté votre coéquipier et ami Kalou Bonaventure?
Modeste Mbami: Je l’ai appelé directement après le match. Je sais ce qui s’est passé, j’imagine si c’était nous à leur place. Je sais la pression qu’il y avait sur ce match, ils étaient à domicile. Je l’ai eu, il était assez affecté quand même. Il y a eu des menaces à l’encontre de sa mère et de ses proches. Un moment, il a pensé ne plus repartir, mais bon, l’amour du pays a quand même pris le dessus. A son retour, on ne l’a pas trop chambré parce qu’on avait besoin de lui ici au Paris Saint-Germain pour le week end! Je sais que des défaites pareilles laissent beaucoup de séquelles. On en a parlé un peu, je lui ai apporté le soutien que je pouvais lui apporter tout en étant content tout de même que le Cameroun ait gagné!
Camfoot.com: Quel match avez-vous joué d’une importance équivalente?
Modeste Mbami: C’est spécial! Jouer un match comme celui du 4 septembre, ça n’arrive pas souvent dans une carrière de footballeur. On peut en jouer un ou deux maximum. Pour parler d’un match avec un niveau équivalent de pression que j’ai joué, je pense à la Coupe des Confédérations 2003, où on a vu ce qui s’est passé, et les JO contre le Brésil, à 9 contre 11, on était déjà éliminé, personne ne rêvait plus! Ce sont des matches comme ceux là qui ont marqué ma petite carrière. Beaucoup de joueurs ne peuvent se vanter d’avoir joué des matches où tout repose sur 90 minutes. Ce sont des souvenirs que l’on garde toute sa vie.
Pour revenir au match de samedi, il apportera sa dose d’adrénaline plus forte que celle d’Abidjan, parce que c’est à domicile, et il faut à tout prix que tu gagnes chez toi! Ce sont des souvenirs que nous raconterons à nos enfants…
Camfoot.com: Au premier tiers du championnat de France, comment se passe pour vous ce début de troisième saison au PSG?
Modeste Mbami: Depuis 2 ou 3 matches, on est passé à un système plus équilibré à deux numéros 6, je commence à bien trouver mes marques. J’aime évoluer dans ce contexte là, ça se passe bien et je commence à retrouver de belles sensations. Je récupère les ballons plus haut, je commence à percuter un peu plus et au fil des matches, je vais encore m’améliorer, pour retrouver le niveau où tout le monde m’a connu et aime me voir. J’en suis conscient et je travaille pour. Ça me fait plaisir que les gens me demandent autant. Ça veut dire que les gens ont une image de moi très positive et c’est ce qui me pousse à continuer de travailler.
Camfoot.com: Avez vous une pression supplémentaire du fait que la plupart des matches du PSG soient télévisés au Cameroun?
Modeste Mbami: Non pas du tout! Ça fait six ans que je joue au haut niveau. Même au Cameroun, j’ai évolué dans un club, Dynamo de Douala, où il y avait plein de pression. Je suis simplement content quand mes matches passent au Cameroun car les miens me voient, ils regardent le Psg, mais ont un oeil sur moi, parce qu’il y a un enfant du terroir qui évolue là. Le Psg est un club mythique. Au pays, beaucoup de gens autour de moi supportaient Paris, ils le supportent encore plus parce que je suis au club.
Camfoot.com: Avez-vous gardé contact avec votre ancien club de Sedan, où évolue Marcus MOKAKE?
Modeste Mbami: J’ai des nouvelles de Marcus, on s’appelle parfois après les matches. Je vais souvent à Sedan, parce que j’ai gardé de bonnes relations avec mon président, Pascal URANO. Il me donne parfois des conseils. Je suis encore attaché à cette région là. Quand j’y vais, je fais un tour aussi chez Marcus, qui a eu aussi une adaptation difficile et maintenant commence à confirmer tout le bien qu’on pensait de lui.
–Propos recueillis par Jean-Pierre ESSO, à Paris
–Photos: Jean-Jacques EWONG