Une fois de plus, les pharaons d’Égypte, le peuple égyptien avec, vivront le Mondial 2006 derrière le petit écran. Les moyens consentis, le changement du staff technique, l’élection d’un nouveau bureau à La FEF n’ont pas été suffisants pour maintenir l’Égypte en course pour sa troisième qualification. La pilule devient plus amère que la coloquinte lorsqu’on sait que les équipes qui n’ont pas le « poids » de l’Égypte, meilleur équipe africaine (classement Fifa), sont à deux pas d’Allemagne.
Mauvais sort ou mauvais tirage ? Cette énième élimination est tombée tel un couperet. Une revue qatarie y a même apporté son grain de sel, sarcastique, en faisant de l’Italie le pays porte bonheur à l’Égypte. « Min Italia ilà Italia » D’Italie en Italie… La première participation égyptienne remonte en 1935 en Italie. La deuxième en 1990 en… Italie. Faudrait-il attendre que l’Italie organise le mondial pour voir une autre participation égyptienne ?
Depuis l’aventure de 1990 avec la génération des frères Hossam et Ibrahim Hassan, Magdi Abdel Ghani, Hani Ramzi, Shoubeir, l’Égypte court toujours après sa troisième qualification. A Chaque fois, il y a une équipe ou un joueur qui s’interpose. En 1994, c’était le Zimbabwe, en 1998 c’était le Liberia et Georges Weah, en 2002 c’était le Sénégal et El hadj Diouf, et cette fois, c’est la Côte d’ivoire et Drogba.
Engagée dans le groupe C qualifié à juste titre groupe de la mort, l’Égypte n’a jamais considéré le Cameroun comme l’un des favoris de ce groupe, préférant centrer la bataille entre elle et la Côte d’ivoire. La première phase lui a donné raison vu la performance en demi-teinte des Lions et parallèlement une Côte d’Ivoire tout feu tout flamme. La phase retour a brouillé l’arithmétique des choses, et l’Égypte, en perdant tout espoir de qualification lors de la 8ème journée à Abidjan s’est résignée et les chroniqueurs « devins » se félicitaient d’avoir présagé une qualification des Éléphants. Le 04 septembre dernier, le choc Côte d’Ivoire/Cameroun a donné tort aux « voyants du foot » égyptiens.
En ce dimanche 04 septembre, la fièvre de la campagne électorale présidentielle est tombée, le temps de savourer ce dîner footballistique et plantureux servi par des cordons-bleus camerounais et ivoiriens. Drogba contre Eto’o, quelle belle affiche ! Le match Egypte/Benin sans grand intérêt passe sans tapage. Ceux qui sont venus soutenir les pharaons au stade de Moqaouloun sont restés collés à leur transistor, même le président de la FEF, Samir Zahir, ainsi que certains membres de son conseil d’administration n’ont pas assisté à l’exécution des hymnes car, suivant la rencontre. La victoire des Lions a relégué au second plan celle, large, des pharaons qui ont dominé leur sujet par 4 buts à 1. La presse égyptienne pour sa part a salué l’abnégation, le mental d’acier et l’effort tenace des Lions. On pouvait lire des propos élogieux du genre « El Kébir kébir » – Le grand est toujours grand – Du coup, l’Égypte qui s’attendait à une défaite des Lions pour aspirer à un séjour des plus paisibles à Yaoundé se trouve dans l’embarras.
Ce qui a édulcoré l’élimination des pharaons du Mondial 2006 est la CAN que l’Égypte organise en Janvier prochain et qui compte mettre toutes les chances à ses côtés pour la gagner. Il s’agissait de renouveler la confiance au staff technique et de mettre sur pied un programme préparation ponctué des matchs amicaux d’envergure. Ceci a commencé par le mini championnat de Suisse qui a regroupé les Emirats Arabes Unis, le Qatar et l’Egypte. Tournoi remporté par l’Egypte. Ensuite, il y a eu un match amical international contre le Portugal le 17 Août dernier, défaite des Égyptiens 0/2. Les deux derniers matchs des éliminatoires s’inscrivent dans cette logique de préparation de la CAN. Pour le match contre le Cameroun, le coach Chéhata parle d’un test sérieux contre une équipe solide dans ses propres installations.
Chéhata, critiqué pour ses choix tactiques serait sur un fauteuil éjectable. Les autorités égyptiennes misent beaucoup sur la CAN pour laver l’affront de l’élimination au mondial. Chéhata n’a plus droit à l’erreur. Le nom d’un certain Mahmoud El Gohary DTN de la Jordanie circule dans les couloirs de la FEF. Les joueurs qui n’échappent pas eux aussi aux foudres de la presse entendent livrer le match de leur vie à Yaoundé. Quelque part, ils en veulent presque tous de voir les Lions Indomptables, qui pour une ènieme fois risquent fort bien de prendre une des cinq place allouées au continent africain pour le Mondial.
La dernière journée s’annonce donc explosive. Les Lions ne se sont jamais sentis aussi près de leur cinquième qualification d’affilée. L’équation égyptienne n’est pas une quadrature de cercle surtout quand le Lion trône dans son antre après une victoire teintée de bravoure.
Moustapha Nsangou au Caire