À quelques jours du match « phare » de la dernière journée des éliminatoires couplées Can/Coupe du monde 2006, le groupe 3, fidèle à son qualificatif de « poule de la mort » donnera son verdict final samedi 08/octobre à Yaoundé.
Ici, la question qui triture l’esprit des cairotes n’est plus celle de savoir si les pharaons disposent des arguments sans réplique pour faire face au cyclone « indomptable » qui s’apprête à souffler à Mfandena, mais, de savoir la tactique mise sur pied par le staff technique pour éviter à la sélection égyptienne une défaite humiliante !
Avec l’approche de la date butoir, alors que les guirlandes et autres lanternes illuminent les rues et se mêlent aux psalmodies du Coran le tout pour dresser un décor ramadanesque, on veut voir une équipe conquérante à Yaoundé, une équipe qui par sa prestation enverra une semonce aux équipes qualifiées pour la CAN, une manière de dire que lorsque l’Égypte organise une compétition c’est pour la gagner.
« Nous voulons voir Samuel Eto’o ramasser le ballon pour remettre à Essam el-Hadary pour le dégagement du 5m 50 afin que celui-ci ne perde pas le temps ! Nous voulons voir Raymond Kalla dégager une balle dans la surface de vérité, tout furieux, pour écarter le danger. » Ces propos d’un chroniqueur sportif résument l’attente du public égyptien lors de ce match qui s’annonce crucial. En fait, ce public qui sait que l’Égypte n’a rien à gagner ni à perdre dans ce match attend tout au moins une performance honorable et redoute une défaite avec un score fleuve, car, le jeu porté à l’offensive des lions ne passe pas inaperçu, et les prouesses d’Eto’o à Barcelone qu’on surnomme ici « Al-Qannâss = le chasseur » donnent plus de frayeur. Mais ! L’Égypte va à Yaoundé pour jouer.
Chawqi Gharib, l’entraîneur adjoint des pharaons a bien voulu rassurer les uns et les autres : « Nous allons jouer pour la victoire, pour les trois points afin d’améliorer notre classement FIFA ». Une manière de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui pensent que l’Égypte pourrait jouer pour la Côte d’ivoire (en stage au Caire) ou pour le Cameroun (vu les bonnes relations entre Issah Hayatou et la FEF !!). De plus, le staff technique ne cesse de rappeler que ce match est un test sérieux pour mesurer la réaction des joueurs égyptiens face à une équipe bourrée de talents qui a une boulimie de victoire et qui de surcroît évolue sur ses propres installations. C’est la même pression qu’il y aura en Égypte dans les mois prochains lors de la CAN et surtout au deuxième tour. Ici, se pose la question du comment aborder ce match ? Avec quelles dispositions psychologiques et tactiques ? Quels joueurs pour le 8 octobre ?
Des 28 joueurs présélectionnés pour le stage, Hassan Chéhata n’a enfin retenu que 21 pour le déplacement de Yaoundé. Parmi les absents dont certains pour blessure, celui dont la blessure a brouillé l’arithmétique des choses chez Hassan Chéhata est bien Ahmad Hossam (Mido). Il misait sur sa force physique, son expérience pour mettre en déroute la défense camerounaise.
Toute fois, il reste serein et dit disposer des pièces de rechange à profusion à l’instar du buteur maison Emad Meteeb, Mohammad Zidan, Abou Treika, Mohamed Eid Abdel Malik (coéquipier de Kameni Mathurin à Harass Hodoud). Pour ce qui est du schéma tactique, Chéhata réfute le jeu défensif et opte pour un jeu équilibré en défense comme en attaque dans un 4-4-2 classique, avec des pressions sur le porteur du ballon, et profiter au mieux des erreurs dues à la nervosité de l’adversaire. L’ossature de l’équipe égyptienne est presque la même depuis le début des éliminatoires. Que ce soit sous Tardelli ou Chéhata, les deux se sont toujours basés sur au moins huit joueurs à savoir : Essam el-Hadary comme gardien, qui vit les meilleurs jours de sa carrière dans al-Ahly, Waël Gomaa le solide défenseur d’al-Ahly, Abdel Zahir el-Saqqa, défenseur polyvalent et buteur au sein de la formation turque de Konyaspor, Hosni Abdo Rabbo, récemment transféré au Strasbourg, milieu récupérateur et bon pour les coups de pied arrêtés, Mohammad Chawqi, imposant dans l’entre jeu de part son gabarit, Ahmad Hassan, choisi parmi les 80 meilleurs joueurs de la planète, Emad Meteeb, buteur de Ahly et de l’équipe nationale, rapide, vivace et technique, Amr Zaki qui bouscule les défenses de sa force physique. A ceux-là s’ajoutent les deux latéraux Tareq Sayyed et Ahmad Fathi qui remplissent bien des rôles offensifs, et Hossam Gahli, ou Mohammad Abou Treika pour alimenter l’attaque.
L’attaque égyptienne fait partie des plus prolifiques de ces éliminatoires zone Afrique. Elle a marqué un total de 29 buts contre 11 encaissés. Les meilleurs buteurs sont, Emad Meteeb, Amr Zaki, Abdel Halim Aly. La défense semble être le maillon faible de cette équipe. Elle souffre aussi d’instabilité. De la paire Waël Gomaa-Bachir Tabéï, on a essayé Emad al-Nahhass/ Waël Gomaa, puis Waël Gomaa/ Abdel Zahir el-Saqqa, et le coach n’a pas toujours trouvé de formule gagnante. A chaque match, même ceux gagnés par des scores fleuves, l’Egypte a toujours encaissé au moins un but. La condition physique fait aussi défaut à certains joueurs qui ont souvent du mal à jouer au même rythme pendant 90 minutes, l’Égypte a souvent encaissé des buts à la fin du match (Égypte/Cameroun: 3/2 et 2 buts encaissés en une minute- ; Égypte/Soudan: 6/1 et le but soudanais marqué aux dernières minutes-). Il y a aussi le moral des joueurs qui flanche lorsqu’ils jouent à l’extérieur, la preuve est le mauvais résultat enregistré lors de ses déplacements (Libye/Egypte 2/1, Bénin/Égypte 3/3, Côte d’ivoire/Égypte 2/0).
La rencontre du 8 octobre n’a pas manqué de faire ressurgir le débat autour de la capacité de Hassan Chéhata à faire sacrer les pharaons champions d’Afrique. Il se peut que le bail de Chéhata du point de vue rupture ou prolongement soit tributaire du résultat de Yaoundé.
Moustapha Nsangou au Caire