Il n’ y a pas de recette miracle. Il faut juste bien se préparer. Ce n’est pas facile de gagner de pareilles rencontres à domicile. Il ne faut pas que les médias mettent beaucoup la pression sur les joueurs. Mais comme les Lions sont déjà habitués à gérer la pression et la grosse ambiance autour des grands matchs, je crois qu’ils sont capables de se tirer facilement d’affaire.
Ce d’autant plus qu’ils avaient été battus au match aller (3-2) par cette équipe d’Egypte qui nous a toujours posé des problèmes. Cela dit, je pense qu’une qualification passe par une bonne préparation. Il faut bien préparer ce match. Si on m’avait consulté, j’aurais conseillé que les joueurs fassent leur stage en Europe et qu’ils descendent au pays 48h avant la rencontre.
A vous entendre, ce ne sera pas facile ?
Ça n’a jamais été facile. Il faut seulement que les gars soient humbles. Leur destin est désormais entre leurs mains. Ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques semaines. Ils ont réussi le plus difficile, battre la Côte d’Ivoire à Abidjan même si personnellement je n’avais jamais tremblé un seul moment. Maintenant, quel est le footballeur qui ne rêve pas de disputer une coupe du monde? En cas de qualification, certains en seront à leur quatrième coupe du monde (Song, Kalla), d’autres à trois (Eto’o, Olembé, Womé), et à deux (Djemba, Souleymanou, Kameni, Geremi). C’est un match piège qui les attend mais je crois qu’ils ont l’esprit tourné vers cette rencontre. Il faudra une concentration maximale. Ce sont de véritables professionnels. Ils sont en train de montrer qu’ils ont encore faim. Ce qui est bon signe.
Depuis un moment, on vous a presque perdu de vue. Que devenez-vous ?
Depuis l’année dernière, je suis rentré à France. Après ma carrière, je suis rentré au pays. Je voulais mettre mon expérience à la disposition de mon pays. Malheureusement, ça faisait onze ans que j’étais là. On ne m’a rien proposé. Je suis rentré en France retrouver mes enfants.
Brice MBEZE
1982 – Cameroun-Maroc : Buena Venida en España
Vainqueur à Kenitra au match aller (2-0), le Cameroun arrache sa qualification au match retour à Yaoundé (2-1).
Un match référence. Un match piège. Un match de nerfs. Les qualificatifs pleuvent lorsqu’il faut évoquer la rencontre Camerooun-Maroc, qualificative pour la coupe du monde de 1982. Le match se joue le 29 novembre 1981 au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé dans un contexte bien particulier. La pelouse vient d’être refaite. L’ouvrage dégage une nouvelle beauté. Le pays tout entier court derrière sa première participation à une phase finale de coupe du monde. Toute l’énergie de tout un peuple est mobilisée derrière sa sélection nationale. Au match aller, au cours d’une expédition qualifiée de » périlleuse « , la bande à Jean Pierre Tokoto est allée s’imposer à Kenitra au Maroc (2-0). Pour certains, le Cameroun a réussi le plus difficile en allant battre à domicile le Maroc. Pour le Cameroun, c’est un exploit, d’autant plus que le Maroc a choisi de faire jouer ce match non pas à Casablanca, à Rabat ou à Fès, les trois plus grandes villes du royaume. Les Marocains emmènent les Lions dans le désert, à Kenitra, une ville de second plan, au nord du pays. Une manière de mettre la pression sur les visiteurs.
L’affaire sent le piège et le roussi. Rusés, les Camerounais réussissent à se sortir du guêpier et à déjouer les pronostics et l’affaire se retourne plutôt contre les Lions de l’Atlas. Pour beaucoup d’observateurs, ce résultat est trompeur. Rien n’est encore joué. Merry Krimau et ses coéquipiers viendront signer la vengeance à Mfandena soutiennent-ils. Ce 29 novembre donc, Mfandena est rempli à ras bord. Comme un fleuve en furie, il est en crue. » Les gens avaient passé la nuit au stade. A 8h du matin, il était impossible d’avoir une place « , se souvient avec émotion Mbida Arantès. Lorsque les débats sont lancés, les Marocains essayent d’occuper le terrain mais les Camerounais ne leur laissent pas d’espaces. » Je ne prends pas part au match aller à Kenitra parce que Tokoto est là. Quand un professionnel était là, son concurrent direct au poste s’effaçait automatiquement. Le Cameroun gagne par 2-0. Je crois que l’esprit » Lions » naît ce jour là. Au match retour, je suis titulaire. Ce jour là, je joue milieu défensif. Le coach me confie une mission spéciale : marquer de près Merry Krimau, le meilleur joueur marocain de l’époque. Je crois que j’avais bien rempli ma mission puisqu’on gagne le match (2-1) et Krimau ne marque pas. On obtient donc notre qualification même si je pense que notre ticket avait été acquis au match aller à Kenitra. », affirme Grégoire Mbida. » Arantès » se souvient des scènes de joie et de liesse à Yaoundé après cette qualification, la première pour une phase finale de coupe du monde que tout un peuple attendait et qu’il avait fêté comme il se doit. Cela fait 24 ans. Le personnel actuel de l’équipe nationale faisait encore ses premiers pas dans la vie. Raymond Kalla commençait à courir. Rigobert Song, Wome et Geremi marchaient à peine. Eto’o, Djemba, Webo étaient encore au sein.
B.M.