Observateur averti lors de la récente Can cadets 2005 en Gambie, Henri Michel y a vu les « Elephanteaux » obtenir la troisième place et le dernier billet pour la Coupe du Monde de la catégorie, qui aura lieu en septembre au Pérou. Le technicien français des Eléphants, qui souhaite également de son côté emmener ses seniors en Allemagne en 2006, parle dans l’entretien qui suit de la prestation ivoirienne à Banjul, mais aussi de la préparation du prochain match de la Côte d’Ivoire contre la Libye, comptant pour la 7eme journée des éliminatoires combinées CAN/Mondial…
Peut-on savoir les raisons de votre présence en terre gambienne ?
Je suis en Gambie pour le championnat U- 17 à la demande du président ANOUMA qui a souhaité que je vienne superviser les jeunes et pour l’occasion voir le niveau du football africain en général. C’est aussi l’occasion de suivre ces jeunes ivoiriens qui sont appelés un jour à faire partie de la sélection nationale.
Et quelles sont vos impressions au terme de cette compétition ?
Ma première impression est que cette compétition est de qualité et aussi la Côte d’Ivoire a rempli sa mission puisque avant de venir ici, on avait dit que les jeunes iraient en demi finale, ce qui a été fait. Cependant, après les premières rencontres, on a commencé à voir que les enfants pouvaient faire mieux qu’on l’espérait. On avait prévu jouer la carte de la fraîcheur en reposant les titulaires mais, malheureusement, cela n’a pas payé parce que ceux sur lesquels on comptait sont ceux-là même qui sont passés à côté de la plaque, on ne sait pas pourquoi.
Ce qui m’a surtout marqué, peut-être négativement, c’est qu’on a vu deux compétions différents avec d’un côté des gamins comme les Eléphanteaux et de l’autre des joueurs dont on peut discuter l’âge. Il y a eu des équipes dont des joueurs sont quasiment des seniors et c’est déplorable.
Y a-t-il des joueurs qui vous ont marqué ?
Non, il est trop tôt de parler de cela. Cependant, dans l’ensemble, il y a des joueurs qui se sont distingués. Lors de la demi finale par exemple, la défense centrale a été extraordinaire mais elle a commis des fautes à la fin qui nous ont coûté chères. Oui, il y a des joueurs de qualité comme Ali Kéita qui est pétri de talent mais qu’on n’a pas vu malheureusement lors de la demi finale. FOFANA Beko a de nombreuses qualités de buteur de même que KOUADIO Konan Serge qui est excellent, KOFFI Kouassi « Ndieffi » et beaucoup d’autres joueurs. Mais, il est encore trop tôt pour se prononcer sur ces jeunes. Ce qui me paraît le plus important, c’est que tous ces jeunes ont des qualités et qu’ils aiment le football.
Parlons à présent de l’équipe senior. Comment préparez-vous a rencontre des éliminatoires Mondial/CAN 2006 contre la Libye prévue le 03 Juin prochain à Tripoli ?
Les joueurs arrivent tous en fin de saison dans leurs différents championnats et donc il y a beaucoup de fatigue. Il nous faut maintenant chercher des solutions pour faciliter la récupération des joueurs et aussi un bon travail dans la perspective des matches et je pense que c’est ce que nous avons fait l’année dernière et on ne l’a pas mal réussi. On va essayer de le renouveler cette année en sachant que les deux matches à venir, en particulier le prochain, sont des rencontres véritablement importantes et donc nous n’allons pas changer notre procédure. J’espère qu’elle va nous réussir lors du prochain match en sachant que la Libye que l’on considérait comme une petite équipe parce que tout le monde a fait la fine bouche lorsqu’on a gagné 2-0 à l’aller est en réalité une formation de qualité qu’il faut prendre au sérieux. Il y a des joueurs importants dans cette équipe qui a d’ailleurs posé d’énormes difficultés aux formations qu’elle a rencontrées. Et donc, nous voulons être méfiants et être à notre meilleur niveau le jour du match.
Vous aviez choisi la Tunisie comme lieu de regroupement et à la dernière minute vous avez changé d’avis…
Oui, on avait choisi la Tunisie parce que c’est tout près de la Libye, mais après concertation nous avons changé de lieu de regroupement (L’Italie a été choisi en fin de compte).
Vous parliez de la fatigue de fin de saison des joueurs tout à l’heure, est-ce le cas de Didier DROGBA qui traîne actuellement une blessure ?
Ecoutez, ce n’est jamais agréable quand un joueur n’est pas à 100% de sa forme et c’est bien déplorable pour Didier. Cela fait un moment qu’il a arrêté mais on espère qu’il sera remis d’aplomb avant qu’on ne le récupère. Peut être que ce long repos lui fera du bien. Dans tous les cas, on espère le récupérer. Cependant, ce qui est plus gênant hormis sa blessure et la fatigue, c’est de ne pas non plus se focaliser là-dessus. Ma préoccupation, outre la blessure de Didier, c’est que la situation de certains joueurs n’est pas encore claire. Si je ne me trompe pas, il y a trois ou quatre joueurs qui doivent être transférés et quand on ne sait où on ira où qu’on est en discussion, ce n’est pas bon pour l’équilibre et pour le mental. Vivement que leur situation soit vite réglée.
Qui sont-ils notamment ?
Je veux parler de KALOU Bonaventure, ZOKORA Didier « Maestro » et autre KONE Arouna et aussi Aruna DINDANE. Il faut que leur situation soit vite clarifiée pour qu’ils soient un peu plus tranquilles en sélection.
Comment allez vous régler le problème de KALOU et AKALE qui doivent prendre part à la finale de la Coupe de France à la même date que le match contre la Libye ?
La finale de la Coupe de France prévue pour le 04 Juin est une grosse erreur de la part de la FFF. Elle devait être au parfum de la date officielle de la FIFA relative aux éliminatoires CAN/Mondial 2006 et qu’il pouvait avoir des joueurs qui pourraient retrouver leur sélection surtout que le continent africain compte des centaines de joueurs dans le championnat français. Mais, les textes sont très clairs là-dessus. Si on veut avoir tous nos joueurs, on les aura. Seulement voilà, on a eu une rencontre avec l’AJ Auxerre et on s’est entendu. Nous allons leur prendre KALOU pour le match contre la Libye, en leur laissant pour la finale AKALE, qui ensuite pourra retrouver le groupe pour le deuxième match contre l’Egypte.
A chaque match, vous faites appel à de nouveaux joueurs. Avez-vous fait un clin d’œil à d’autres ?
On a fait le tour de tous les championnats, on a pu suivre certains joueurs lors de la saison qui vient de finir, mais pour l’heure je veux garder le groupe en place pour allier l’expérience et la jeunesse, afin de maintenir l’harmonie du groupe. Je pense que pour les derniers matches qui nous restent, ce n’est pas utile de continuer à faire des essais. Le plus important actuellement, c’est de bien négocier ces matches et de demeurer sur notre lancée.
Comment comptez-vous aborder ce match contre la Libye ?
Ecoutez, il y a dix matches dans la compétition, et tous ces matches ont la même valeur. Il n’y a pas de petits matches pour tout dire. Il faut réussir tous les quatre matches et avoir le maximum de points, continuer à conserver la tête du classement comme on le fait depuis, mais surtout pas dépendre du résultat des autres et avoir notre sort entre nos pieds. C’est notre seule philosophie, notre seul objectif et on va l’aborder de la meilleure façon, sans calcul, sans parti à l’abordage et sans faire de bêtises. On essaiera de faire le meilleur résultat possible et après la Libye, il y a l’Egypte et après le Cameroun. Jusqu’à la fin, donc on ne peut pas dire qu’il y a des matches plus importants que les autres. Ils valent tous trois points qui nous intéressent.
Quand commencez-vous le regroupement ?
On démarre le 26 Mai pour la première phase parce qu’il y a bien d’autres joueurs qui jouent encore leur championnat. La seconde phase est prévue le 29 ou le 30 Mai.
Où en êtes vous avec le cas Serges DIE ?
Nulle part, pourquoi cette question. ?
Il y a quelques mois il vous demandait de tout oublier…
Ecoutez, moi j’ai oublié tout cela depuis bien longtemps. Mais pour l’heure, je préfère travailler avec le groupe en place sans toutefois en rajouter. S’il demande parton maintenant, il aurait dû le faire quand tout le monde était encore en France. Vous savez, les joueurs aiment faire des bêtises, ils ne respectent pas l’esprit du groupe, encore moins les choix de l’entraîneur et ils se mettent en porte-à-faux et quand ils sont sanctionnés, ils demandent pardon. C’est facile tout cela non ? Mais je ne dis pas que les portes de la sélection lui sont fermées. Pour le moment, je compte garder le même groupe et je m’en tiens à cela.
A vous entendre, on a l’impression que vous en avez gros sur le cœur et que vous n’êtes pas prêt à laisser tomber…
Pas du tout, je n’ai rien sur le cœur puisque j’ai déjà pardonné. Le même jour, quand il a fait son caprice, je lui ai dit : tu prends tes responsabilités et tu sais ce que tu risques et il m’a répondu, oui, je les prends. Alors j’ai pris les miennes. Non il n’y a pas de guerre, seulement il faut savoir que dans un match il y a onze joueurs qui démarrent la rencontre et c’est à l’entraîneur qui fait son choix. Alors, lorsqu’on ne veut pas accepter cela, on s’écarte du groupe.
Qu’avez-vous à répondre à Jean-Marc GUILLOU qui, dans sa dernière sortie dans la presse ivoirienne, a critiqué vos choix de joueurs notamment celui de ZORO Marc au lieu de Eboué Emmanuel ?. En plus, il vous reproche de privilégier des joueurs finis au détriment des Académiciens de Beveren….
Non, je pense qu’à travers moi, JMG vise le président de l’Asec Roger OUEGIN et le président de la FIF. Mais vous savez, Jean-Marc, on le connaît tous avec ses excès malgré ses qualités. Je pense qu’il faut le laisser dire ce qu’il veut, le laisser faire, et ne pas en faire une polémique. Ce que je peux lui dire, c’est de s’occuper de Beveren (rires). Non, je le dis parce que j’aime Jean-Marc mais ça dépasse sa pensée et il va un peu trop loin des fois.
JMG estime que vous mettez de côté ses joueurs, malgré leur qualité au profit des joueurs qu’il juge trop vieux ou évoluant en seconde division…
Je connais bien les enfants de Beveren. Eboué, je l’ai vu, il est à Arsenal mais il ne joue presque pas. Né Marco est régulièrement sélectionné mais il ne m’a pas encore totalement convaincu. Romaric, je l’aime bien, après un passage difficile, il est là, c’est comme cela. Cependant tout cela est inscrit dans le temps. S’il n’est pas aligné aujourd’hui, ça sera peut-être demain, et il n’y a pas de quoi bousculé les choses actuellement. En plus, je suis le parcours de Beveren en Belgique, qui n’est quand même pas le meilleur championnat d’Europe, et ils on terminé 16ème du championnat. Alors, je dis à Jean-Marc, qu’avant de nettoyer devant la maison de quelqu’un, il faut d’abord nettoyer devant la sienne.
Y a-t-il un message aux ivoiriens avant ce match ?
Le message est toujours le même, il faut que la population continue de soutenir cette équipe qui a bien envie de faire mieux, de satisfaire aux attentes des ivoiriens, pleins d’espoir. Nous nous attelons à chaque rencontre à faire mieux et à leur permettre de partir en Allemagne en 2006.
Justement, est-ce que l’espoir du peuple ivoirien ne constitue pas une pression sur les joueurs ?
Non, je ne pense pas. C’est plutôt un soutien, des prières nuit et jour pour que cette équipe parte toujours de l’avant. Lorsqu’on joue à Abidjan, il faut que les ivoiriens sortent massivement comme ils l’ont toujours fait, pour constituer le 12ème homme à offrir la victoire. Parce que c’est une aventure commune.