Après 24 heures sans entraînements pour famine, le capitaine Souffo et ses coéquipiers ont piétiné, ce mercredi, l’aire du stade du Cenajes à Dschang pour la dernière ligne droite de leur préparation pour leur match retour dimanche prochain en terre ghanéenne. Une destination que l’Oiseau de la Menoua ne devrait pas voir comme prévu, à cause des problèmes de passeports des joueurs qualifiés qui sont venus s’ajouter aux difficultés financières qui secouent depuis lors le club.
Sauf miracle donc, la délégation de l’Aigle de Dschang ne devrait pas prendre le dernier vol à destination du Ghana prévu ce jeudi matin à l’aéroport international de Douala. Des joueurs, ayant une licence Caf et titulaires pour la plupart, n’auraient pas de passeports. Des responsables de l’équipe ont eu la gaucherie de faire établir les passeports du côté de Yaoundé, à plus de 300 km de la base du club.
Et, jusqu’à ce mercredi 14 heures, lesdits passeports n’étaient toujours établis par les autorités compétentes. Au vu des demandes, ces dernières estiment que les joueurs d’El Pacha seraient des mineurs et exigeraient la présence physique de chacun ou des autorisations parentales pour chaque joueur. Une exigence à laquelle n’ont pu souscrire les joueurs de l’Aigle qui, pour la grande majorité, jouent la compétition africaine pour la première fois. Non seulement les délais sont courts, mais aussi et surtout, les transactions entre Dschang et Yaoundé prendront trop de temps.
Le Ghana par voie terrestre
Approché au stade du Cenajes de Dschang ce jour, Henri Fomi, le directeur administratif et financier du vice-champion du Cameroun en titre a décrié cette manière de fonctionner de ses supérieurs. « Si on avait cherché à établir ces passeports ici à Bafoussam (près 60 km de Dschang), on les aurait déjà eus », pense-t-il, un peu dépité.
D’après nos informations, les responsables de cette équipe auraient appelé des élites et cadres de cette localité en fonction à la capitale, de plaider pour eux auprès des faiseurs du passeport. Une voie qui n’aurait pas porté, du moins à temps pour que le second plénipotentiaire du Cameroun en Champions league quitte Douala pour le Ghana ce jeudi matin.
Dans les coulisses, l’on évoque, déjà, la possibilité d’y arriver par voie terrestre, à partir du Bénin. Après avoir joint la capitale béninoise par vol ce vendredi, la délégation devrait souffrir pendant 6 heures de route pour sa destination.
Une autre issue qui ne serait être effective que si l’équipe réunit les fonds nécessaires pour le voyage. On l’a déjà dit ici, les caisses de l’Aigle de Dschang sont presque vides. Une situation de crise, due surtout à l’absence du président général, Pierre Nguefack, qui est toujours malade en Europe. « Je l’ai eu au téléphone hier (mardi) au moins pendant deux heures. Sa santé va un peu. Cette situation le gêne complètement. Il m’a rassuré qu’au plus tard dans un mois il sera au Cameroun pour régler toutes les dettes », explique le Daf de l’équipe. Henri Fomi ajoute qu’ « Il y a quant même des bonnes volontés qui se sont signalées, mais on attend ».
Abandonnés par la Fécafoot et le Minsep
Ces « bonnes volontés » ne sont pas révélées. Mais, de source bien informée, Hugues Tsobgny, le président délégué et ses collaborateurs devraient surtout compter sur l’appui du professeur Lekéné Donfack, ci-devant ministre d’Etat ministre du Développement urbain et de l’habitat et élite de la Menoua, qu’ils auraient d’ailleurs rencontré ce mercredi 1er mars.
Mardi dernier déjà, les responsables de cette équipe étaient sortis du ministère des Sports et de l’éducation physique presqu’en pleurant. Et pour cause, Philippe Mbarga Mboa leur avait dit qu’il n’a rien et les a envoyés paître. La fédération camerounaise de football (Fécafoot) avait déjà fait de même, expliquant qu’elle n’aurait pas les moyens pour subventionner les équipes camerounaises engagées en coupes africaines.
Des actes d’abandon que les dirigeants et supporteurs de l’Oiseau de la Menoua ne comprennent pas, dans la mesure, essaient-ils de rappeler, « lorsqu’une équipe est en compétitions africaines, elle a le statut de l’équipe nationale !. Ce qui veut dire que les autorités en charge du sport devraient leur venir en aide, totalement même ». Ce n’est que le texte qui le dit, et au pays de Roger Milla, dire n’est pas souvent faire.
Malgré tout, Alain Djeumfa a imploré ses poulains à s’entraîner ce mercredi, 1er mars. Ils ne l’avaient pas fait hier mardi, car, « arrivés au stade, les joueurs m’ont dit qu’ils avaient faim et je leur ai demandé de rentrer », explique l’entraîneur, qui s’indigne qu’une équipe engagée en coupes africaines comme l’Aigle se prépare sur une aire aussi approximative comme celle du stade du Cenajes. Qu’importe. À l’impossible nul n’est tenu ! « Mais, le seul problème, c’est la récupération. Comme au match aller, le programme arrêté n’a pas été respecté. C’est difficile de jouer sans primes d’entraînements », se plaint Charles Kamdem, l’entraîneur national affecté auprès de l’équipe pour appui.
Des joueurs déterminés malgré tout
La séance d’entraînement de ce mercredi 1er mars 2006 a été suivie par un petit public, venu encourager leurs joueurs. Une séance qui s’est terminée par des tirs au but, après un petit match entre les chasubles jaunes et les chasubles blanches. Parmi les joueurs qualifiés pour cette compétition, le gardien Georges Mfoumou n’était pas sur le terrain. « J’ai été accidenté depuis le 31 décembre à Maroua. J’ai même joué à l’aller étant malade. Mais, au fur et à mesure que les jours passent, il y a quand même une nette amélioration », explique le gardien de la paix, convaincus que « Asante Kotoko est prenable ».
Comme la plupart des joueurs, le rastaman Atsafack, métronome de l’entre-jeu de cette équipe ne pense pas autrement. « Nous avons le moral. Je suis un ancien de l’équipe, et nous sommes déjà habitués depuis l’année dernière aux problèmes de finances. Je ne sais pas si mes coéquipiers vont supporter. Mais, il faut que nous voyageons. Nous allons gagner 2-0 », essaie-t-il de pronostiquer.
Après la séance d’entraînement, quelques membres de l’administration dont Henri Fomi et François Alonglomo, le directeur sportif, se sont entretenus en apartheid avec les coaches Djeumfa et Kamdem. Une réunion devait les réunir avec les joueurs ce mercredi soir à 17 heures à Dschang. Au terme de laquelle, la liste des joueurs ( on parle de 16) devant effectuer le voyage devrait être communiquée. La délégation devait alors, de nuit, mettre le cap vers la capitale économique. Question de voir si elle peut voyager ce jeudi matin. Plaise au ciel qu’elle y parvienne ! Ainsi va la triste vie des clubs camerounais, même engagés en compétition internationale.
Kisito NGALAMOU, à Dschang