Prévu à 12h30, le rassemblement des Lions Indomptables a eu lieu dans un hôtel de la ville de Créteil. Le déjeuner et la sieste ont été suivis par la première séance d’entraînement de Artur JORGE avec la sélection dont il est en charge depuis moins d’un mois. Ambiance.
Dès 12h30, Bill Tchato, Éric Matoukou, Perrier Doumbe, Atouba, Emana, Kameni et leurs camarades sont arrivés au compte-gouttes au premier rassemblement de l’ère Artur Jorge. Déjeuner dans la foulée pour les présents, puis petite réunion avec le coach. La rumeur de l’absence des trois sélectionnés de l’équipe A’ en compétition à Libreville, pour la Coupe Cemac se fait de plus en plus persistante.
À 14h, les gars vont se taper une sieste bien dosée.
À 16h30, rendez-vous est pris avec un entraînement au stade annexe Dominique Duvauchelle. Dans l’enceinte située en face du terrain officiel, on peut remarquer la présence de nombreux jeunes supporters. Au menu, des étirements, jeux de passes et mini matches de 10 minutes pour la première demi-heure. Le groupe, incomplet, a bénéficié de la présence d’un jeune gardien de but de l’US Creteil.
Deux camps, les rouges et les bleus s’affrontent vers 17h10 à une touche de balle.
Rouges : le gardien de fortune, Song, Matoukou, Atouba, Tchato, Emana, Geremi, Tchuisseu. Job
Bleus : Kameni, Doumbè, Olembé, Angbwa, Webo, Etoo, Mettomo, Djemba.
La confirmation des absences des Lions amateurs est faite par Jules Nyongha. Il parle alors d’un problème de visa de France non obtenu au Gabon.
17h20 : Artur jorge réunit le groupe dans le rond central et donne des directives pour un nouveau jeu (2 ou 3 touches de balle maxi et passe) Le match est engagé, et on peut voir de belles frappes au but de Djemba, Olembé et de Doumbé Perrier.
Artur Jorge
Après l’entraînement, nous avons tendu le micro au sélectionneur Artur Jorge : « Bon contact, très heureux. Bons joueurs, il faut s’entraîner malgré le peu de temps disponible en sélection. Bon entraînement aujourd’hui, tout s’est bien passé. »
« C’est ma première. Bonne qualité. Les jeunes ont bien travaillé. Pour être un bon joueur, il faut être professionnel et travailler. Certains des présents sont très forts ».
En ce qui concerne les blessés : « Pas grave pour Makoun ; pas plus de trois semaines. Je ne vais pas le remplacer. Je vais travailler avec ceux qui sont là ».
Pour les 3 locaux absents : « Pour que tout se passe bien, il faut bien régler les choses. Quelque chose n’a pas été très bien réglé et donc ils ne viennent pas. C’est mauvais pour eux, et c’est mauvais pour nous. Si on pouvait les avoir ici ce serait bien, les jeunes savent que l’entraîneur a besoin de tout le monde. Ils seront là peut-être la prochaine fois. C’est un problème administratif : parfois ça arrive, j’espère que cela n’arrivera plus. »
En ce qui concerne le Sénégal : « Ils ont des joueurs de qualité. Le match est important pour cette équipe. Il faut travailler tout le temps ; on va jouer contre une très bonne équipe. »
Ce qu’il a dit aux joueurs pendant leur réunion : « Il faut qu’ils pensent à leur équipe nationale comme à un club, pour être plus fort. Il faut respecter les heures d’entraînements, de repas, etc. Si tout le monde pense comme cela on deviendra beaucoup plus forts. »
Quid des bannis ou auto exclus ? « On a parlé avec tout le monde. Le problème ne dépend pas de moi, mais d’eux. Tout le monde a ses raisons que je respecte. Ils ont toujours la possibilité de venir ou pas s’ils sont invités. On les attend s’ils veulent faire partie de l’équipe du Cameroun et seulement cela. Pas plus. Nous leur avons dit que s’ils viennent, on sera plus forts. Mais ils font ce qu’ils veulent. »
« Assou-Ekotto, je l’ai vu hier (match Psg-Lens, ndlr) et pour moi cela a été une surprise. Il joue bien, et à mon avis c’est un joueur d’avenir pour le Cameroun. Bon, il n’est pas là aujourd’hui, mais sera des nôtres la prochaine fois. C’est un joueur de qualité. »
Nouveau Kiné?
La silhouette familière du docteur Assamba faisait défaut à l’entraînement du stade annexe de l’US Créteil lundi après midi. À sa place, un kiné européen du nom de Guy JANODET qui a bien voulu se présenter au public sportif camerounais : « Je suis kiné, j’ai fait des études de kinésithérapie, avec une spécialisation en kinésithérapie du sport et ostéopathie, qui est une technique d’approche. Mais cela veut rien dire, il faut pouvoir répondre à des demandes et aujourd’hui c’est l’équipe du Cameroun. Il ne faut pas juste exposer une liste de diplômes qui n’a aucune valeur si on a pas de contact avec les gens. Il faut beaucoup d’humilité. »
« Je m’occupe de sportifs de haut niveau depuis plus de 30 ans, équipe d’athlétisme depuis plus de 10 ans, sports de glace 10 ans aussi et rugby militaire pendant mon service au bataillon de Joinville. En football, je suis consultant de l’USMA, dans le championnat d’Algérie, d’un club français en CFA. Je suis aussi des athlètes individuellement tout au long de l’année. »
« En 1997, aux jeux de la Francophonie à Madagascar, le match d’ouverture opposait le Cameroun à la France. J’y étais en tant que délégué pour organiser l’ensemble du service médical de cette compétition. Ce fut notre premier contact, puis en 1998 avant la coupe du monde. On a gardé des contacts chaleureux avec ce pays, et voilà aujourd’hui on essaye de concrétiser quelque chose. »
« C’est juste une prise de contact avec l’équipe, le nouvel entraîneur et les dirigeants que je ne connais pas encore ; on verra si le projet se ferra ensemble ou différemment. On attend la fin de cette semaine pour en discuter plus largement avec les dirigeants ».
« J’ai trouvé les joueurs très en forme. Je ne les connais pas trop. J’ai vu un entraînement où ils ont été extrêmement attentifs et sérieux en ce qui me concerne, en termes de préparation physique, d’étirements. Ils ont fait preuve d’un grand professionnalisme. C’est un signe avant-coureur d’une équipe qui est en train de se reconstruire solidement. J’ai vu des choses qui m’ont intéressé. On ne va pas brusquer les choses. Il faut un climat de confiance, s’adapter aux uns et aux autres, et voir comment on va travailler. J’ai plaisir à travailler avec l’équipe nationale. »
18h20 : Retour à l’hôtel
Les joueurs vont se rafraîchir… Le président IYA et son vice-président Mayebi attendent le ministre qui est annoncé, et qui finit par arriver vers 18h50 (apparemment, il s’était un peu perdu en route). En compagnie du Directeur des Sports, Ndzana Robert, Mr Mbarga Mboa se fait un plaisir de rencontrer le directeur du journal Al Mountakhab, Mr Mostafa Badri. Cette parution marocaine a récemment élu Samuel Eto’o « Lion d’Or » africain 2004. Mr Badri a demandé la permission au ministre, très honoré par la distinction, de remettre son trophée au barcelonais lors du match Cameroun-Soudan du 26 mars prochain. La Fécafoot réglera les modalités pratiques de cette remise.
Artur Jorge, après avoir longuement satisfait les médias, vient également saluer le ministre des Sports et l’Éducation Physique. Le technicien portugais raconte un peu sa prise de contact avec le groupe et rend compte des absents. « Mais Lauren est-il finalement arrivé ? » demande le ministre ? « J’ai parlé avec lui pour comprendre ses raisons. Il faut lui laisser du temps » plaide le coach.
19h20 : Arrivée de Souleymanou. Il a été bloqué depuis la veille à Istanbul à cause d’une importante chute de neige à l’aéroport.
Jacques Songo’o coach des gardiens?
Dans la foulée, arrivée de Jacques Songo’o… Retrouvailles avec Guy David, son coach à Toulon (89-91), avec Jules Nyongha et quelques joueurs ravis de revoir un ancien de la sélection.
« Je m’occupe des gardiens au Deportivo La Corogne. De passage à paris pour le week-end, j’ai profité du séjour de l’équipe nationale pour venir saluer mes frères. J’ai échangé quelques mots avec le capitaine. Ses gars et lui semblent déterminés. Ils veulent redonner confiance au peuple camerounais. Ils savent que la tâche est difficile, mais il faut laisser le temps au temps. Il faut les laisser travailler dans la tranquillité. Ce match contre le Sénégal est un match de retrouvailles, de prise de contact entre le nouveau staff, le nouveau ministre et l’équipe. Ce match va permettre à tous de faire connaissance».
À la question de savoir s’il a vu le but de son fils Franck sous le maillot bleu en Coupe Méridien contre le Cameroun cadets, il répond ne pas l’avoir pas vu, « mais mon fils m’a envoyé un message pour me le dire».
Cela ne vous a pas fait un effet de savoir que votre propre fils marque pour la France contre le Cameroun ? « Il est en train de se former, de s’amuser. Le moment venu, Franck prendra sa décision, les lois actuelles de la Fifa le lui permettent. Je n’influencerais pas sa décision, mais je lui donnerais des conseils. Étant en Afrique, il aura beaucoup plus de chance de jouer des compétitions au Cameroun qui est son pays. Pour le moment, ce n’est pas d’actualité, dans quatre ou cinq ans, on en reparlera »
Une rumeur persistante dans les couloirs de l’hôtel du Lac faisait état de la nomination de Songo’o Jacques au poste d’entraîneur des gardiens de la sélection camerounaise. La nouvelle sera officialisée mardi matin lors de la conférence de presse, après l’entraînement prévu à 9h30.
Un des nouveaux venus, Benoît Angbwa donne ses impressions après la 1ere journée : « Sentiment de satisfaction pour cette opportunité. Je n’avais jamais côtoyé l’équipe première. Je me rends compte qu’il y a assez de sérieux. Le staff est déterminé, tant sur le plan disciplinaire que professionnel. Quand j’ai été appelé, j’ai éprouvé un sentiment de joie, la surprise ne m’a pas habité puisque le championnat de France est assez suivi au Cameroun. De par mes prestations et celles de mon club, je me suis dit que mes efforts ont été récompensés. Ma joie a été très intérieure. Lille est sur plusieurs fronts, notre coach fait donc beaucoup tourner l’effectif, j’ai été aussi blessé, ce qui m’a privé des terrains pendant 3 semaines. Cameroun Sénégal est un derby, un match de haut niveau entre deux pays qui ont une grande notoriété sur le continent africain. J’en parlais hier avec Tony Sylva, mon coéquipier sénégalais. Ils le prennent très sérieusement de leur côté. « Sergent » Makoun a eu une entorse au niveau du genou. On se disait que c’était grave. Mais grâce au Seigneur, c’est juste une entorse. Il passe une visite mardi, il y a eu plus de peur que de mal. Je pense qu’il pourra récupérer rapidement. »
Avant le dîner, une réunion a réuni le ministre, la fédération et les joueurs. Il était question de prise de contact, de la présentation du coach et de son staff.
Les phrases choc de Mbarga MBOA :
« Les camerounais veulent vous voir mouiller le maillot. Ils veulent vous voir solidaires. Et ceci ne peut se faire que dans la discipline ».
« Le coach a reçu des instructions de ma part et de celle du président IYA. Tout le monde y est astreint. Pour qu’on écoute un joueur, il faut qu’il soit d’abord discipliné ».
« En groupe, il faut apprendre à s’accepter. Soyons humbles comme aime à le dire l’entraîneur ».
Mr Mbarga Mboa a demandé à tous les Camerounais d’aider l’équipe, et en particulier aux médias : « il ne faut pas forcément dévoiler tous les problèmes sur la place publique ». Il a promis de parler des problèmes à huis clos, s’il y a lieu d’en parler.
« Il faut bannir les fans clubs pendant les matches des Lions. Je n’aime pas ça. C’est l’une des causes pour lesquelles l’équipe ne marche pas bien, parce que les gens viennent supporter un joueur au lieu de supporter l’équipe. Gardez les fans clubs dans vos domiciles. Le stade c’est la République. Ce n’est pas l’équipe de vos fans clubs d’ailleurs composés à 95% de filles qui n’ont jamais mis pied au stade ».
« On va apprendre à s’entraîner, s’apprécier et se supporter ».
« Les engagements pris avec mon prédécesseur seront tenus dans les délais les meilleurs ».
Iya renchérit : « la force d’un homme se mesure par sa capacité de réagir, de combattre. La vie est un combat éternel. C’est comme cela qu’on va y arriver ».
Artur Jorge dit être content, et espère avoir un bon parcours. « Le groupe est capable de gagner les 5 matches. Je connais un peu vos parcours. Je suis sûr qu’on va faire de très bonnes choses ».
Quant à Samuel Eto’o, il a remercié l’assemblée et surtout ses coéquipiers : « Si j’ai conservé mon titre de meilleur joueur d’Afrique, c’est grâce à vous. Je voulais partager cette nouvelle avec vous. Je veux marquer l’histoire, je joue dans la meilleure équipe d’Afrique et je pense que nous pouvons nous qualifier même si ce sera difficile. À chaque fois qu’on descendra sur l’aire de jeu, il faut continuer à se dire qu’on est les meilleurs ». Acclamé par ses coéquipiers dans la salle, il ira chercher son trophée le 15 février en Afrique du Sud, et ne jouera donc pas le match de bienfaisance de la Fifa prévu à la même date.
Rigobert Song dit qu’ « il y a eu des malentendus. Mais si l’encadrement tient un même langage, les joueurs vont suivre l’exemple. L’heure n’est plus aux longs discours. Il faut se consacrer au travail à la discipline, et s’entraider. On se réunit souvent pour juste quelques jours. Il faut pouvoir se regarder, avoir le plaisir de se parler de tout en dehors du football. Cela peut également aider à obtenir notre objectif. »
Suivra ensuite la présentation des nouveaux qui se lèvent. Matoukou, timidement, bafouille, impressionné par le ministre et ses expérimentés coéquipiers. Il espère que ceux-ci vont bien l’intégrer. Angbwa Benoit, lui va droit au but. « Je suis là et je vais donner le meilleur de moi-même. »
Eto’o rappellera aux deux « rookies » en rigolant qu’ils seront chargés de porter les sacs et ballons aux entraînements.
La réunion s’achève sur le chant de l’hymne national camerounais et une photo de famille, juste avant le dîner.
Jean-Pierre ESSO à Créteil, jpesso@camfoot.com