Les choix du cœur sont généralement subjectifs. Et pourtant, dans mes quelques moments de lucidité, rien ne me fait imaginer un seul instant une possible défaite de la Zambie contre la Côte d’Ivoire. Je me trompe peut-être …
Ce n’est pas par manque de respect au travail abattu par François Zahoui, l’un des rares entraineurs à avoir réussi le pari d’aplanir les égos surdimensionnés dans le troupeau d’éléphants.
Mieux encore, la Côte d’Ivoire est devenue une équipe compétitive et conquérante. Même si moins étincelante qu’en 2006, elle a le mérite d’être réaliste là où on l’attend. Une équipe qui me rappelle la rage de vaincre des lions de la CAN 2008. Comme Alain Mosely Nkong contre le Ghana, Gervinho est allé chercher du fond de ses tripes la clé de la réussite pour ouvrir la porte de la finale aux ivoiriens.
Sacré Hervé Renard !
Pour espérer un sacre continental, les éléphants devront se transformer en fauves afin de plier la très dynamique équipe de Zambie portée par Chris Katongo,Stopilla Sunzu, Emmanuel Mayuka, James Chamanga, Isaac Chansa, Rainford Kabala, Kennedy Mweene …
Il faut dire qu’à la tête des « Chipolopolo », un Renard malin et fin tacticien aura son mot à dire. Lui qui en 2010 donna du fil à retordre aux lions indomptables lors des 1/4 de finale de la CAN Angolaise.
Par son jeu, sa discipline et sa volonté, la Zambie est aujourd’hui le bel exemple d’une équipe façonnée par un vrai modèle de reconstruction.
C’est d’ailleurs pour ce savant mix qu’une victoire contre la Côte d’Ivoire me donnera du baume au cœur, là où la belle génération des « KK eleven » nous laissait sans voix.
Ce jour là … au large de Libreville
En avril 1993, les « KK eleven » (footballeurs internationaux zambiens) se rendent au Sénégal afin de disputer un match comptant pour les qualifications du Mondial 94.
Après une courte escale à Libreville, au Gabon, leur avion (REG: AF-319 ) de la Zambia Air Force quitte l’aéroport malgré des défaillances constatées au sol. Une fois en vol, le moteur gauche tombe en panne. Par erreur, le pilote (fatigué d’avoir déjà effectué un vol vers l’île Maurice) coupe le moteur droit : l’avion pique du nez et s’abîme en mer, à 500 m du rivage.
Les deux sélections zambiennes, masculine et féminine, disparaissent dans le crash. Le président de la Fédération nationale meurt également. Il n’y a aucun survivant.
Bwalya et Musonda, les rescapés
Seulement deux internationaux ont échappé au drame : Charly Musonda, blessé, était resté se faire soigner dans son club d’Anderlech ; Kalusha Bwalya, capitaine des « KK eleven », comptait se rendre au Sénégal par ses propres moyens, après avoir disputé un match avec son club, le PSV Eindhoven.
Après le crash, Bwalya endossera le costume de joueur-sélectionneur de la Zambie. En 1994, il mènera d’ailleurs son équipe en finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Meilleur buteur et recordman de sélections (50 buts en 100 matchs), Bwalya est actuellement le président de la Fédération zambienne de football.