La honte est un bien petit mot pour désigner le quotidien des médias Camerounais qui couvrent actuellement la 26e Coupe d’Afrique des Nations. Habituellement confrontés aux problèmes de libertés d’expression, les hommes de médias doivent maintenant faire face aux sauts d’humeur organisés du ministère des sports et de l’éducation physique.
De mémoire, cela faisait plus de quatre ans qu’on n’avait plus jamais assisté à une organisation aussi précaire basée sur des préférences individuelles. Après les supporters des lions traités pour la plupart de façon cavalière, les médias Camerounais doivent compter chaque jour sur la débrouille personnelle. Que ce soit dans la récolte des informations ou dans leur quotidien, la bataille est toujours omniprésente.
Le ministère des sports a organisé quatre réunions où les médias nationaux sont invités. Malheureusement, la représentativité de ces organes de presse se limite à la CRTV, Cameroon Tribune et quelques proches de la hiérarchie.
Nous avons dans un premier temps pensé que la non implication des autres médias était simplement indépendante de la volonté du Ministre. Mais, sur quatre réunions, il devient quasiment impossible de penser au hasard.
Pour justifier cet isolement de l’ « autre presse », il est régulièrement reproché à certains de « tirer » sur le ministre, pour reprendre exactement les termes employés dans son entourage. Comme quoi, seuls les publi-reporters sont en grâce dans la délégation présente au Ghana.
Ce filtre imposé dans les médias n’a pour but que d’empêcher la propagation des informations susceptibles de compromettre les intérêts d’un groupe de personnes. Pour s’assurer de son bon fonctionnement, une délégation composée de 15 journalistes a bénéficié des faveurs de la tutelle. En plus d’une prise en charge assurée, un billet d’avion et 500 000 francs CFA ont été remis aux bénéficiaires qui n’ont pour la plupart rien à voir avec le football Camerounais. Pas étonnant que l’ensemble de leurs activités se limitent dans la dégustation des bières locales. Certains ayant même préféré rester à Yaoundé pour jouir des largesses du Minsep. Sur place au Ghana, certains confrères bénéficient dans la discrétion totale des primes qu’on ne saurait justifier d’autant plus qu’ils appartiennent à l’Etat Camerounais qui les prend totalement en charge.
Une discrimination qui créent des frustrations au quotidien dans les rangs des médias. Pour rappel, en 2004, Bidoung Kpwat avait remis 1000 euros à chaque journaliste (une quarantaine) présent en Tunisie. En 2006, Mbarga Mboa après avoir remis 400 000 francs CFA à certains médias privés au Cameroun avait sur place en Egypte donné 5000 euros à l’ensemble des médias privés.
Au Ghana, personne n’est au courant de rien, l’information circule au compte goûte suivant la volonté du chef de délégation. Un bon vouloir qui empêche le team press des lions indomptables (venu de la fecafoot ndlr) de faire convenablement son travail.
Il en ressort que malgré les promesses du Minsep, les lions n’avaient pas jusqu’ici touché la prime de 15 millions de Franc CFA équivalent à la qualification pour le second tour. Et pourtant, Augustin Edjoa l’avait martelé haut et fort – après la victoire contre le Soudan – « toutes les primes seront réglées ».
Une proposition de 10 millions a été faite dans un premier temps aux joueurs. Proposition refusée par les joueurs qui exigent la totalité de la somme. Des questions peuvent déjà se poser quand on sait que près de 2,5 milliards de nos francs ont été déboursés des caisses de l’Etat Camerounais.