Les Lions Indomptables se sont qualifiés ce dimanche sans difficulté pour la Coupe du monde de football (Brésil 2014), en s’imposant (4-1) face aux Aigles de Carthage au stade Omnisports de Yaoundé. Kizito Eloundou, entraîneur de football camerounais décrypte cette rencontre, commente les choix tactiques et le système de jeu du sélectionneur du Cameroun, Volker Finke et se penche sur la manière avec laquelle la sélection fanion devrait préparer cette compétition. Entretien.
Victoire méritée du Cameroun cet après-midi face aux Aigles de Carthage ?
Effectivement. C’est une victoire méritée. Parce que sur le plan tactique, les Lions ont compris ce qu’il fallait faire. Ils démarrent le match avec un bloc offensif bien organisé. Ils n’ont pas laissé le temps à l’adversaire de résister. Dès la première occasion, nous avons mis la balle au fond. C’est de la qu’est venue cette envie de pousser sans relâche. Parce que lorsqu’une équipe sort d’un match nul à domicile, elle a au moins un quart d’heure d’observation pour prendre le pouls. Ce qui a été une erreur pour les Tunisiens qui croyaient sans doute que les Lions allaient attendre et peut être même s’épuiser. Heureusement pour nous, les Lions ont joué comme s’ils avaient perdu à Radès. Avec une telle détermination et une telle énergie, la victoire ne pouvait que suivre.
Qu’est-ce qui aura fait la force des Lions cet après-midi ?
La force des Lions a été au niveau du bloc équipe. C’est-à-dire qu’on a vu une équipe qui a pressé ensemble, défendu ensemble et attaqué ensemble. L’union a fait la force. Que ce soient les encadreurs ou les joueurs, chacun a fait son travail. Nous avons par exemple vu un Alexandre Song jouer dans son élément, Enoh Eyong également. Le jeu était bien maîtrisé. En attaque, Wébo a joué son rôle de fixateur de fort belle manière. C’est cette équipe qu’il nous manquait. Nous avons essayé de rectifier le tir par rapport à nos derniers matches. La grande leçon à retenir c’est que le staff technique doit respecter la discipline qui est la nôtre à savoir, faire primer la performance poste par poste, avant de chercher la cohérence.
Et donc vous n’avez rien à redire par rapport au choix des joueurs et au schéma tactique de l’entraîneur ?
C’est vrai que c’était un peu différent de ce qu’on a souvent vu. Faire jouer Mbia en latéral, évoluer avec Alexandre Song plutôt que Matip et Eto’o sur le couloir en attaque. Je pense que le coach a voulu changer un peu le système. Il n’a pas eu tord au regard de ce que nous avons eu comme résultat. Ce sont des joueurs qui sont habitués à ces postes. Tenez ! Mbia a joué latéral avec le Cameroun contre le Japon en 2010. C’est un joueur à vocation défensive. Et comme il est explosif, l’entraîneur l’a choisi à Nounkeu ou Allon Nyom. Samuel Eto’o est un joueur en pivot. C’est pourquoi il aime jouer avec Wébo qui est un fixateur. Il peut partir du côté pour rentrer dans l’axe de la défense sans problème. Et pour ce qui est d’Alexandre Song, il a été dans son registre. C’est un joueur qui sait garder le ballon. Or pour un match où il fallait absolument marquer, sa présence sur le terrain était plus bénéfique que celle de Matip.
Pour vous, qui est l’homme de ce match ?
Je ne peux pas enlever la fleur à Jean II Makoun qui s’en sort avec deux buts. C’est un garçon qui a des qualités collectives très élevées. Il est un peu diminué physiquement, mais c’est un joueur qui peut encore beaucoup donner à notre équipe. Il est capable de pouvoir orchestrer de bonnes occasions de but.
Les Lions iront au Brésil, mais comment préparer ce genre de compétition ?
Rarement nous avons mis quatre buts dans un match. Vivement que ça continue. Et pour cela, il faut que le travail soit accentué. Parce qu’aller au Brésil est une chose, et jouer au Brésil en est une autre. Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau des lignes. Il faut rapidement remettre les garçons en stage. C’est maintenant que la sélection qui ira au Brésil doit se construire. Pas à deux semaines de la compétition. L’entraîneur a suffisamment de temps. La Coupe du monde se joue après les championnats en cours. Il faut qu’il ait le maximum de temps pour organiser, travailler en interne pour pouvoir régler les paramètres qui englobent les performances des joueurs. Nous allons croiser les meilleures équipes du monde. Nous devons rectifier le tir au niveau de nos faiblesses. Que le staff technique essaie de se pencher aussi sur les joueurs locaux. Je crois qu’il y en a qui peuvent compléter cette équipe.