L’international Camerounais du MSV Duisburg revient sur les JO de Sydney. Des souvenirs, des anecdotes et la rencontre avec les soeurs Williams qui vont adopter le Cameroun dans leur cœur. Serge Branco parle de sa sélection avec l’équipe Olympique jusqu’au retour triomphal dans les rues de Yaoundé ; sans bien sûr oublier son pronostic actuel sur l’équipe de Ndtougou Mpillé.
Dans un entretien accordé à la rédaction de Camfoot.com, Serge Branco revient sur l’expédition de Sydney. Le cahier des morceaux choisis.
La rencontre avec les Sœurs Williams
Beaucoup de beaux souvenirs, la finale, le village olympique et la bonne ambiance dans le groupe. Les athlètes se croisaient tous au village Olympique, nous mangeons ensemble et discutons beaucoup. Il y avait les sœurs Williams, Carl Lewis, le prince de Monaco et plusieurs stars du sport dans le monde avec qui nous partageons nos repas le soir. C’est justement pendant un de ses repas que Wome et moi avons pris contact avec les sœurs Williams. Mbami a offert à Serena un chapeau du Cameroun avec des pin’s et c’est ce jour là qu’elle a promis porter les couleurs du Cameroun lors d’un match de tennis. Et je crois que c’est ce qu’elle a fait après. Il y a plusieurs beaux petits souvenirs que nous avons vécus ensemble en Australie.
Au commencement était le jubilé de Thomas Nkono
Tout est parti lors du jubilé de Thomas Nkono à Douala. En vacances au Cameroun, j’étais avec mon ancien entraîneur Ndjonkep Bonaventure qui m’a présenté à Thomy. Directement il m’a proposé de faire partie des deux équipes invitées pour la fête. Je me suis installé avec les autres au Sawa Novotel. Pendant le match où il y avait des stars de l’époque comme Bruno Ngotty, j’ai fait une très bonne impression en marquant entre autres un but des 30 mètres à Buffon. Dans les tribunes se trouvait Pierre Lechantre qui m’a directement sélectionné pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique 2000. J’ai participé par la suite au stage de Béziers en France où j’ai également fait un très bon match contre le PSG en amical. Lechantre m’a convoqué pour les deux derniers stages avant la CAN mais malheureusement, je n’ai pas fait partie de l’expédition. Il a promis faire appel à moi après la CAN parce qu’il comptait sur moi. C’est comme ça qu’il parle de moi à l’entraîneur de l’équipe Olympique. J’intègre donc le groupe de Jean Paul Akono juste avant les JO de Sydney. L’équipe nationale était venu faire un stage à Pitburg (Allemagne), pendant la même période, mon équipe Braunschweig disputait un derby contre Hanovre devant plus de 30 000 spectateurs. Il est venu regarder ce match et a confirmé que je serais dans son groupe pour Sydney. Donc c’est au jubilé de Nkono où je joue du côté des lions que tout se décide.
La décision contre le Chili de Zamorano
Le match qui me fait le plus plaisir c’est contre le Brésil. On termine à 10 contre 11, Mbami entre et libère toute l’équipe avec un beau but. Le match qui nous donne le plus de sueurs froides c’est contre le Chili. On gagne certes mais, Zamorano se trouve face à Kameni au moins 6 fois et n’arrive pas à marquer. On a un bon milieu de terrain et une bonne attaque mais, au niveau de la défense il y avait des compartiments qui ne tenaient pas bien. Ceci à cause de la suspension de Geremi. Mbo Clément qui doit le remplacer lors du match est pris de panique à l’annonce de sa titularisation. Avant le match il est le seul à n’avoir pas encore jouer une seule minute. Il a fallu que tout le monde le supplie de ne pas nous lâcher. C’est un match très spécial où on peut dire que la chance était avec nous. Pour moi, je pense que c’est ce jour là qu’on remporte le titre. Le Chili et l’Espagne sont nos plus gros matchs.
La volonté et l’apport des pros au bout du compte
C’était deux extrêmes, pas comme maintenant où les joueurs se valent presque tous. Il y avait d’une part les professionnels confirmés et d’autres parts des amateurs et ceux qui sortaient des petites équipes. Eto’o était par exemple titulaire à Majorque, Mboma à Parme, Wome en Italie, Etame dans un grand club, Geremi pareil et Kameni qui avait deja fait deux ans au centre de formation du Havre moi-même qui sortait de la troisième division. À côté il y avait des amateurs comme Abanda ou Nguimbat. Donc c’est avec la volonté et l’apport des professionnels que nous avons eu du succès. Nous avons aussi eu la chance que nous avions un coach qui mettait la bonne ambiance dans le groupe.
Un vrai rêve et des moments inoubliables
Avant de parler de l’accueil, je vais préciser que c’est le plus grand succès du football Camerounais au niveau mondial. Notre arrivée à Yaoundé va rester à jamais graver dans ma mémoire. Nous sommes arrivés à l’aéroport à 6H00 du matin. De Nsimalen au centre ville, nous avons fait presque 6 heures en route. Je n’ai jamais vu autant de monde dans la rue. En plus de cela, l’accueil au palais de l’unité par le couple présidentiel, la décoration et autres. Moi j’ai eu particulièrement la chance parce que parmi les quelques mamans autorisées à faire partie de la fête se trouvaient la mienne, celle de Mboma, celle de Wome. C’était un privilège pour moi et une fierté que ma mère soit reçue par le couple présidentiel. Nous avons eu des cadeaux des hommes d’affaires, des dons des sociétés comme les Brasseries. Un vrai rêve et des moments inoubliables.
Un gros coup à jouer
Comme à chaque compétition il y a toujours les favoris et les Outsiders. Pour moi nous ne sommes par parmi les favoris ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas allé loin. Quand nous partions par exemple à Sydney, c’était pour faire trois matchs et rentrer. C’est sur place qu’on a même discuté des primes parce que c’était pour nous une fierté d’y aller d’abord. C’est après le premier tour que nous avons commencé à réclamer des primes équivalentes à nos prestations. Quand je vois les équipes du Brésil de l’Argentine et même de la Chine ce ne sera pas facile mais nous avons un gros coup à jouer et je pense qu’on peut avoir la médaille. Le coach à l’habitude de la compétition puisqu’il était adjoint d’Akono à Sydney.