L’heure était au bilan hier après midi dans les jardins de l’ambassade du Cameroun à Beijing. Martin Ndtoungou Mpilé a fait le tour d’horizon de l’actualité. Du stage de Stuttgart à la sortie en quart de finale contre le Brésil, le sélectionneur national espoir ne fait aucun tabou sur les sujets abordés. Problèmes de primes, inefficacité de l’attaque et cartons excessifs sont passés au peigne fin. L’intégralité de l’entretien.
Trois jours après la sortie du Cameroun du tournoi masculin de football des Jeux Olympiques 2008, avec un peu de recul, quel bilan faites-vous de la participation du Cameroun à ce tournoi ?
Nous sortons au niveau des quarts de finale. Nous aurions souhaité aller un peu plus loin. Mais, il y a eu beaucoup d’évènements sportifs et psychologiques qui ont fait en sorte que nous ne puissions pas aller jusqu’au bout. Toutefois, de façon globale, je pense que le comportement des gars sur le terrain a été satisfaisant. Evidemment dans le jeu il y a eu certaines limites. Il y a eu aussi quelques soucis au niveau de l’arbitrage et aussi au niveau de la santé de nos joueurs. Mais au bout du compte, ce qu’il faut retenir c’est que la prestation des joueurs nous laisse penser qu’il faut continuer à travailler. Ces joueurs ne sont pas mauvais bien au contraire. Je pense qu’ils ont donné un espoir pour le futur. Pour moi, voilà ce qu’il faut retenir au terme de ce tournoi.
Qu’est-ce qui selon vous aura le plus fait défaut ou handicapé votre équipe pendant cette compétition ?
Concrètement, il y a eu beaucoup de cartons. Des cartons rouges pratiquement à chaque match. Cela nous a vraiment empêché de bien travailler, d’avoir l’effectif nécessaire à chaque match. Cela a été un handicap majeur. Ensuite, si l’on regarde un peu dans le rétroviseur, on se dit, si on avait eu un Eto’o ou un Makoun, des joueurs d’une expérience certaine et d’une maturité avérée, cela aurait pu débloquer l’équipe malgré les différents problèmes auxquels nous avons fait allusions plus haut. Ils auraient vraiment pu apporter un plus à cette équipe. A l’attaque cela s’est vraiment ressenti. L’absence de tels joueurs a été vraiment remarquée.
Le Cameroun a disputé quatre matches et n’a marqué que deux buts. Une moisson bien maigre qui en plus n’était pas le fait des attaquants. Comment expliquez-vous cela ?
Pendant le premier tour, il y a eu des occasions de but. Quand on revoit les matches, on se rend bien compte qu’il y a eu de nombreuses occasions de but. Bekamenga par exemple a été maladroit devant les buts notamment devant le Honduras. Devant la Corée, il y a eu également beaucoup d’occasions de but. Je mets ce manque de réussite sur le compte du manque de maturité et aussi de l’expérience ou de la compétitivité des joueurs. Mais, je ne mets pas en cause leur talent car ces joueurs ont un talent certain. Ce sont des joueurs qui ont la possibilité de se retrouver régulièrement devant les buts. Maintenant, il y a un travail devant les buts à faire. Donc, il y a encore beaucoup à faire pour l’avenir puisque le potentiel est là. Quand on voit tous ces joueurs, il est évident qu’ils sont capables de faire plus qu’ils ont fait. Et ça, c’est certain. Il faut simplement se remettre au travail et continué à aider ces jeunes à progresser.
Lors de ce tournoi, il s’est à nouveau posé un problème des primes. Pensez-vous que cela a eu un gros impact sur l’issue de la compétition ?
C’est vrai que quand on a ce genre de problème, sur le plan psychologique, on n’est pas tranquille. Mais en réalité, le problème est né d’un manque d’information. Si au début de la compétition ou avant les joueurs avaient été informés du système de paiement des primes aux Jeux Olympiques, peut-être on aurait pu éviter certaines situations. Les joueurs eux, ils savaient que ça fonctionne comme d’habitude. On fait un premier tour et on est primé, plus on évolue on est primé…Malheureusement pour eux, ce n’était pas le cas. On a la prime quand on gagne la médaille. Ça les a un peu surpris. Mais sur le terrain et malgré tout, ils se sont bien battus. A aucun moment on a vu qu’ils étaient habités par un problème et au bout du compte c’est le plus fort qui a gagné sur le terrain.
Vous parlez d’un déficit d’information au sujet du système des primes … Comment cela s’explique-t-il ?
Quand je parle de déficit d’information, je veux dire que, lors de notre premier stage à Stuttgart, si les joueurs avaient été informés qu’il n’y a pas de prime pendant le parcours et que c’est uniquement une médaille qui donne droit à la prime, je crois les choses se seraient passées différemment. Mais là, tous pensaient à l’ancienne formule de compétition et donc euh…Maintenant que tout le monde est bien informé, il n’y aura plus ce genre de situation puisque quand on est informé à l’avance, on sait à quoi s’en tenir.
Pour terminer, quel est votre avenir ? Il se murmure de plus en plus qu’au vu du travail que vous avez effectué depuis deux ans avec la sélection espoir, vous serez appelé à donner un coup de main à la sélection A.
Je ne suis pas un décideur. Je suis un entraîneur qui travaille et essaie d’atteindre les objectifs que se fixe le football camerounais. Si demain, on estime que je peux être utile à tel ou tel poste, je vais continuer à faire mon travail comme je l’ai toujours fait. Je suis un entraîneur de football et j’attends de voir ce que les responsables décideront pour la suite.
JJ Mouandjo