Jean Lambert Nang a vécu en direct l’élimination du Cameroun au mondial, Brésil 2014. Triste et déçu de la contreperformance de Samuel Eto’o et ses coéquipiers, l’ancienne star du petit écran ne prend pas le dos de la cuillère pour analyser la prestation des Lions. Selon Mr Nang, les responsabilités de cet échec sont partagées : Le sélectionneur n’aurait pas opéré de bons choix dans la compétition. Les responsables de la Fédération en se décidant tardivement à régler le problème de primes ont contribué à dilapider l’énergie des joueurs.
Les joueurs de leur côté n’ont pas choisi le bon moment pour discuter du problème des primes. Entretien…
Quelles sont vos impressions après cette troisième défaite du Brésil ?
On ne peut qu’être triste, parce que sortir au premier tour est toujours douloureux. D’autant plus que depuis 90, notre passage en quart de finale, la coupe du monde n’a plus franchi un second tour. On espérait que cette fois, en cette terre de football, qu’est le Brésil, les Lions se surpasseraient surtout après leur mauvaise prestation d’Afrique du Sud, il y a quatre ans. Malheureusement, nos Lions ont été rattrapés par leurs vieux démons. Le désordre qu’ils ont semé avant cette compétition les a rattrapés. Parce qu’on ne peut pas être dans de bonnes dispositions pour une coupe du monde et se laisser aller dans de pertes d’énergie et d’adrénaline dans les revendications intempestives de primes. Je crois que cet environnement a été néfaste. Car, vu l’engouement que les brésiliens manifestes quand ils voient les camerounais, c’est dommage qu’on quitte la fête, avant que les plats n’aient été mis sur la table.
A qui la faute ?
Je n’aime pas qu’on pointe du doigt qui qu’on que. Mais les responsables se reconnaissent. Les premiers responsables à mon avis sont les joueurs. Parce que les joueurs sont ceux qui portent l’essentiel de leur prestation. On ne peut pas tout le temps jeter l’opprobre sur le gouvernement. Encore que cette fois ci et même depuis 2010, le gouvernement a mis les petits plats dans les grands. Souvenez que depuis 2010, le gouvernement affrète des vols spéciaux pour alléger les voyages. D’autant plus qu’ils sont longs à nos Lions Indomptables, que des primes supérieures à ceux que touchaient leurs prédécesseurs. Mais les joueurs doivent comprendre ce qui est important pour eux. Les revendications de primes, on doit les faire quatre, cinq mois avant une compétition. Mais deux jours avant une compétition, on y laisse toujours les plumes. Je crois qu’ils ne savent pas ce qui est important eux. C’est pour ça que tout leur énergie reste dans les revendications rien ne marche.
On peut aussi désigner la Fédération qui est en charge de l’équipe nationale. Pourquoi pas ? Le temps que la Fédération a mis à se décider sur les primes à accorder aux Lions a certainement aussi dilapidé leur énergie. Je crois qu’aujourd’hui chacun doit se regarder dans la glace et faire son bilan. Comprendre que ce qui nourrit le football camerounais ce sont les footballeurs et qu’il faut mettre ces joueurs dans des conditions favorables, pour qu’ils puissent se produire. Maintenant, on peut entrer dans le domaine technique et dire que l’entraineur n’a pas été à la hauteur de nos attentes. Le match contre l’Allemagne avait laissé entrevoir le onze entrant titulaire des Lions Indomptables. Mais il a bouleversé les cartes et aligné une équipe qui n’était pas fonctionnelle, qui n’était pas en jambe, qui n’était pas prête pour la compétition. Cette équipe et aligner un groupe qui n’était pas fonctionnel. Je dis toujours qu’un joueur professionnel reste professionnel. Avoir lancé le jeune Djeugoue (sociétaire de Coton Sport de Garoua NDLR) dans la compétition à un niveau mondial, au premier match n’était pas stratégique. De fil en aiguille, on a payé le prix de cette désorganisation dans le système de jeu des camerounais.
Que dire de l’avenir du football camerounais aujourd’hui ?
Ce n’est pas à moi de dire quel est l’avenir du football camerounais, puisque je ne suis pas décideur. Le football camerounais deviendra ce qu’on voudra qu’il devienne. Maintenant tout le monde sait ce qu’il faut pour qu’un football brille. Nous avons participé à sept phases finales de coupe du monde. Nous n’avons atteint les quarts de finale qu’en 1990. Ceux qui ont appris de nous à l’instar des Etats Unis et du Costa Rica sont devant nous. Comment font-ils ? Il doit falloir se poser toutes ces questions et comprendre, que plutôt que d’avancer, nous avons reculé. Et que nous allons reprendre la place qui est la nôtre. Cela résonne mal, que certains pays africains passe au deuxième, au troisième tour. Ça ne fait pas du tout honneur à notre pays.