« Je pense que nous allons réussir à surmonter ce tabou culturel des parents qui, jusqu’à présent, ont mis beaucoup d’entraves sur la route des filles qui voulaient jouer au foot » Enow Ngachu, à propos du développement du football féminin au Cameroun
Quand on consulte la liste des qualifiés pour le Tournoi Olympique de Football Féminin, Londres 2012, l’une des surprises est l’absence du Nigeria, seule équipe africaine à avoir pris part aux trois dernières éditions de l’épreuve. En outre, les Nigérianes ont participé aux cinq Coupes du Monde Féminine de la FIFA™ à ce jour.
À quoi attribuer cette absence de marque ? Ou plutôt à qui ? Réponse : aux Camerounaises, qui ont barré le chemin de Londres 2012 aux Super Falcons et feront leurs grands débuts dans une compétition mondiale le 25 juillet à Cardiff, face au Brésil. « Notre force, c’est la jeunesse et le caractère de cette équipe », explique à FIFA.com Enow Ngachu, sélectionneur des Lionnes indomptables. « C’est une fierté d’être l’entraîneur de ce groupe et d’avoir l’occasion de vivre avec lui les grands débuts du football féminin camerounais au niveau international hors d’Afrique. »
La tâche s’annonce ardue. Si le premier match des Camerounaises aux Jeux Olympiques contre le Brésil sera un véritable baptême du feu, la suite de leur parcours ne sera pas simple non plus, les deux autres équipes de la poule étant la Grande-Bretagne, hôte de la compétition, et la Nouvelle-Zélande. « Notre objectif est d’engranger de l’expérience afin de progresser de match en match. Plus tard, nous pourrions créer quelques surprises », poursuit le technicien.
Une surprise, les protégés de Ngachu en ont créé une belle en août dernier en remontant un déficit d’un but (1:2), au terme du barrage qualificatif aller à Abuja. Au retour, au stade Amadou Ahidjo de Yaoundé, les Camerounaises l’ont emporté sur le même score et ont validé leur billet pour Londres 2012 à l’issue des tirs au but. « Le fait de décrocher cette qualification historique a entraîné une augmentation des licenciées dans le football féminin camerounais. Heureusement, nous avions déjà plusieurs écoles de football exclusivement réservées aux filles », explique Ngachu qui, avant d’officier comme entraîneur, a été joueur et professeur d’éducation physique.
Les JO comme tremplin
« L’expérience olympique va nous aider à obtenir plus de soutien pour notre championnat national, dans lequel il y a actuellement 10 équipes. Je pense que nous allons réussir à attirer plus de footballeuses et à surmonter ce tabou culturel des parents qui, jusqu’à présent, ont mis beaucoup d’entraves sur la route des filles qui voulaient jouer au foot », analyse le technicien en référence à son pays, où le ballon rond est toujours considéré comme un sport de garçons.
Peu à peu, les choses évoluent, comme en témoigne précisément la présence des Camerounaises à la place des Nigérianes aux côtés de l’autre représentant de la CAF, l’Afrique du Sud, dans ce Tournoi Olympique de Football Féminin 2012. Dès lors, il n’y a pas de raison que les choses ne changent pas au Cameroun et que le football féminin n’augmente pas en popularité.
Mais pour l’instant, l’heure est à la concentration avant de prendre l’avion pour la Grande-Bretagne. « Notre préparation commencera le 19 juin à Yaoundé et début juillet, nous nous rendrons en Écosse pour disputer trois matches amicaux avant le début des Jeux Olympiques », annonce le sélectionneur, qui espère avoir le soutien nécessaire pour mener à bien une préparation rigoureuse et efficace. « Je suis optimiste et je crois en mon équipe. » Foi et optimisme, à quoi on peut ajouter une bonne dose d’espoir de la part des joueuses Camerounaises.
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