Sa plus belle épopée avec la sélection nationale du Cameroun s’est dessinée au début des années 80 et s’est achevée part la brillante participation des lions indomptables du Cameroun au mondial 90 en Italie. La déculottée du Cameroun mardi dernier devant les pharaons d’Egypte n’a pas épargné son mécontentement. Il pose un regard critique sur la prestation du Cameroun à la 26è Can tout en projetant sur l’avenir du football camerounais.
Camfoot.com : Pensez-vous que l’équipe du Cameroun est venue au Ghana avec l’idée de jouer un rôle de favori ?
Bonaventure Djonkep : Notre équipe bénéficiait les faveurs des pronostics parce qu’elle se distingue par ses qualités physiques, mentales et ses performances réalisées dans cette compétition par le passé. Cette fois-ci c’est entrain de nous échoir, nous avons encore deux matchs et je suis convaincu que si nous traversons le second tour on sera plus redoutable. Nous pêchons par la non préparation et surtout l’entraîneur Otto Pfister qui ne maîtrise pas ses joueurs.
Camfoot.com : De manière générale qu’est-ce qui n’a pas marché dans l’animation du jeu contre l’Egypte ?
Bonaventure Djonkep : Nos joueurs ont commis des erreurs de jeunesse qui se payent cash à ce niveau de compétition, ils n’étaient pas concentrés. Le groupe qui a évolué en deuxième mi-temps face à l’Égypte a manifesté la volonté de mieux faire mais par la suite s’est fragilisée. L’équipe du Cameroun ne possédait pas tous les fondamentaux d’une équipe de football. Si on avait eu des matchs de préparation contre des adversaires de gros calibres, on aurait dû découvrir ces nombreuses lacunes avant le début de la Can.
Camfoot.com : L’entraîneur Otto Pfister a été pointé du doigt d’être à l’origine de cette humiliante défaite, certains analystes envisageraient son limogeage. Q’en pensez-vous ?
Bonaventure Djonkep : Ne cherchons pas les poux dans la tête d’un chauve (dans un éclat de rires…), personnellement même si cet entraîneur est sorcier, il ne peut pas faire le miracle avec le Cameroun. C’est très tôt pour moi de le juger, il n’a pas eu suffisamment le temps de façonner cette équipe depuis deux mois qu’il est là. Moi je compte plutôt sur la valeur individuelle des Lions pour leur sursaut d’orgueil au lieu d’attendre l’apport de l’entraîneur qui en deux mois ne peut pas faire de miracle.
Camfoot.com : Depuis 2002, la sélection nationale du Cameroun n’a plus remporté le trophée de la Can. Cela ne confirme t-il pas les critiques portées sur le vieillissement de certains joueurs arrivés en fin de cycle ?
Bonaventure Djonkep : C’est vrai, je l’avais déjà dit plusieurs fois. Un joueur qui a remporté les Can 2000, 2002 et les Jeux Olympiques à Sidney et qui aujourd’hui est âgé de 33 ans ne peut pas avoir la même motivation qu’un jeune joueur. Il appartient aux responsables de notre football de commencer à réfléchir autrement si l’on veut participer aux prochaines échéances notamment la Can et à la coupe du monde 2010 qui se déroulera en Afrique du sud.
Camfoot.com : Le prochain challenge du Cameroun c’est ce samedi contre la sélection de la Zambie. Si vous étiez à la place d’Otto Pfister que feriez-vous ?
Bonaventure Djonkep : Je ne souhaiterais pas être à sa place pour l’instant.
Camfoot.com : Quelles sont les chances du Cameroun à cette 26è édition de la Can au Ghana ?
Bonaventure Djonkep : Mon souhait serait que le Cameroun ait un sursaut d’orgueil, que les individualités camerounaises se distinguent pour nous mettre en confiance d’abord ce samedi contre la Zambie. Si toutes les qualités dont nous disposons sont mises en exergue, rien ne nous empêchera d’être qualifié pour le second tour.
Camfoot.com : Comment est-ce que vous réagissez face au conflit qui oppose très souvent le Minsep et la Fécafoot ?
Bonaventure Djonkep : C’est regrettable qu’on soit toujours en train de faire des querelles quand l’intérêt de la nation est en jeu. J’interpelle les dirigeants de notre football d’arrêter leur bataille pour penser à l’avenir du football camerounais. Je me souviens qu’entre 2000 et 2004, le gouvernement avait trouvé un terrain d’entente entre le Minsep et la fécafoot ce qui s’était traduit par les victoires à la Can 2000, 2002 et aux Jeux Olympiques 2000 à Sidney. Mais à chaque fois qu’on passe le temps à défendre les intérêts égoïstes, ça ne peut que conduire qu’à la catastrophe.
Camfoot.com : Avez-vous un dernier mot à adresser à l’endroit des supporters des lions indomptables du Cameroun qui vous lisent ?
Bonaventure Djonkep : Je voudrais tout d’abord adresser mes remerciements à la rédaction de Camfoot et souhaitez mes meilleurs vœux de santé, bonheur et prospérité à tous les journalistes qui constituent cette grande famille du football. Je dirais aux supporters des lions indomptables que le Cameroun est capable de tout. Mardi dernier notre équipe a été ridicule mais je souhaiterais qu’elle puisse partir d’un nouveau pied ce samedi. Le plus important pour moi c’est qu’on puisse tirer les leçons de cette participation à la Can 2008 pour comprendre qu’on ne doit pas éternellement compter sur la chance.
Entretien mené par D. Ekoulé à Douala