Cette information choc est révélée par le journaliste canadien Declan Hill dans son livre évènement « Comment truquer un match de foot ? ».De quoi susciter la réflexion sur quelques anomalies enregistrées lors de certains matchs des Lions dans les compétitions évoquées.
Certains matchs des Lions étaient-ils truqués en 1994 et 1998 ? S’il affirme ne pas avoir de preuves irréfutables pour étayer son propos, notre confrère canadien déclare avoir de fortes présomptions acquises auprès de ses sources dans la mafia des jeux. Concernant le Cameroun, Declan Hill affirme que le Sri Lankais Rajendran Kurusamy surnommé Pal, chef d’orchestre d’une organisation spécialisée dans le trucage lui a confié s’être intéressé aux Lions indomptables du Cameroun dès la Coupe du monde 1994, par l’intermédiaire du « coursier d’un réseau de footballeurs camerounais corrompus ». Ce « coursier », Pal le rencontrera de nouveau en 1998, au Cameroun. En échange d’une somme d’argent et de l’installation de canalisations dans son village, il lui demandera de se mettre d’accord avec ses coéquipiers pour fausser le résultat d’un match de la Coupe du monde 1998.
De quelles rencontres s’agit-il si Pal dit la vérité? En 1994, la lourde défaite six buts à un lors du dernier match contre la Russie avec le quintuplé historique d’Oleg Salenko avait laissé perplexe. Les Lions ne s’étaient en effet jamais fait « exploser » de la sorte sur la scène internationale. L’équipe camerounaise en proie à cette époque à des problèmes internes, mais surtout de primes avec la disparition des sommes collectées lors de l’opération « Coup de cœur » sensée financer l’expédition américaine était en effet vulnérable, une proie facile pour les truqueurs. En plus, les camerounais n’avaient plus grand-chose à jouer dans la compétition après leur lourde défaite contre le Brésil de Romario trois buts à zéro.
Enorme scandale en 1998
De même en 1998, les problèmes de primes devenus une originalité camerounaise étaient encore présents. Mais ici par contre les joueurs ont semblé plus mouiller le maillot. Si corruption il y a eu lors des matchs du Cameroun, c’est le corps arbitral qui peut être indexé. Les Camerounais ont encore en travers de la gorge le sentiment que la qualification pour le deuxième tour leur a été volée lors du dernier match de poule contre le Chili. Deux buts pourtant valables ont été refusés à François Oman Biyick au cours de cette rencontre soldée par un match nul (1-1), avec au bout du compte la qualification du Chili de Zamorano. Ce 23 juin 1998 au stade de la Beaujoire de Nantes, alors que les Lions sont menés (1-0), Patrick M’Boma obtint l’égalisation (56è) pendant qu’à Marseille l’Italie menait déjà devant l’Autriche. Les Lions n’étaient donc pas loin d’obtenir le billet pour le second tour. Il suffisait pour cela qu’ils marquent encore un but. A la 58ème minute, Oman Biyik trompe le portier chilien Tapia mais l’arbitre hongrois Laslo Vagner refuse le but pour une faute imaginaire. Tous les ralentis le confirmeront. Qu’à cela ne tienne, douze minutes plus tard le buteur camerounais remet ça. Cette fois on croit que le but, tout à fait valable, est accordé mais le Hongrois Laszlo Vagner le refuse de nouveau. Le comble sera atteint quand il expulsa à la 88ème minute Lauren Etamé Mayer qui venait à peine de faire son entrée pendant que l’Italie aggravait le score devant l’Autriche. L’aventure des Lions Indomptables est stoppée net par un déni d’arbitrage que tous les observateurs dénoncent unanimement.
Colère au Cameroun
« Ce que nous avons vu n’est pas une compétition de coupe du monde. C’est un festival de scandales » déclarait Joseph Owona, le ministre de la jeunesse et des sports de l’époque, cité dans un journal de la nation africaine « Ce n’est pas le ballon rond qui nous a éliminé ». Joseph Owona dénonce par ailleurs un « complot » contre le Cameroun. « Les arbitres, s’indigne-t-il, excluent nos joueurs et annulent nos buts. Il y a un problème de dignité humaine, de lutte contre le racisme. » De même, les responsables du gouvernement camerounais ont accusé les instances de la Fifa d’avoir toléré ce qu’ils ont appelé un arbitrage de qualité médiocre et ont déclaré que le pays a déposé une plainte officielle. Quelques semaines plus tard, l’Association culturelle camerounaise de Loire-Atlantique dépose auprès du tribunal de grande instance une demande de réparation d’un préjudice moral et économique à l’encontre de la Fédération internationale de football association (FIFA), employeur de l’arbitre du match, le Hongrois Lazlo Vagner. Les décisions de celui-ci ont, selon cette association, entraîné l’élimination du Cameroun de la compétition.
Sur place au Cameroun, des foules de supporters en colère de l’équipe de football du Cameroun ont attaqué des véhicules et des commerces appartenant aux expatriés blancs en représailles contre ce qu’ils décrivent comme un complot raciste anti-africain par les dirigeants de la coupe du monde. Pour eux, c’était la goutte d’eau de trop. En effet, lors du match précédent perdu 3 à 0 contre l’Italie, des supporters frustrés avaient accusé de racisme Edward Lennie, l’arbitre australien, parce qu’il avait expulsé deux joueurs Camerounais.
Malgré le mea-culpa de la Fifa plus tard, cela n’a rien changé au résultat du match. Des gens véreux et habiles quelque part sur la planète ont dû s’en mettre plein les poches.